Auditionnées sur le projet de loi sur les principes de la République, les organisations patronales et syndicales ne constatent pas de recrudescence particulière des revendications religieuses en entreprise. Certains syndicats ont par ailleurs critiqué un texte "fourre-tout", trop axé sur la "répression".
Le fait religieux est-il de plus en plus présent dans le monde du travail ? Et pose-t-il problème aux employeurs et aux salariés ? La commission spéciale chargée du projet de loi "confortant le respect des principes de la République" a entendu, mercredi 13 janvier, syndicats et patronat pour connaître leurs points de vue sur le contenu du texte et les revendications religieuses ou communautaires dans le monde du travail.
Tant les représentants des salariés que des employeurs ont constaté que ce sujet, bien que réel, n'était pas une préoccupation majeure sur le terrain. Pour Geoffroy Roux de Bézieux (Medef), les outils législatifs actuels et la formation des managers suffisent dans la plupart des cas à régler d'éventuels problèmes.
Fait religieux en entreprise : "Ce n'est pas une remontée majeure de nos adhérents. Dans beaucoup de cas, on trouve une solution pragmatique", témoigne @GeoffroyRDB. Il ne demande pas d'évolution législative particulière.#DirectAN #PJLPrincipesRépublicains pic.twitter.com/qw67fZfsoe
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Le président du Medef est cependant en train de sonder ses adhérents sur ce sujet et en rendra compte de manière plus précise "avant l'été", mais après l'adoption attendue du projet de loi.
Même tonalité du côté des petites et moyennes entreprises : "Nous n'avons pas de remontées de problématiques d'entrisme religieux ou autre dans les PME", assure le président de la CPME François Asselin. Selon lui, c'est avant tout au chef d'entreprise de s'appuyer sur son "règlement intérieur" pour éteindre d'éventuelles pressions religieuses.
"Le patron de @Paprec_Group avait ce problème d'entrisme et voyait de plus en plus de femmes se voiler (...) Il a utilisé le règlement intérieur pour mettre en place une charte de la laïcité et régler ce problème", témoigne @AsselinFasselin. #DirectAN #PJLPrincipesRépublicains pic.twitter.com/DkuY92LueQ
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Aucun des deux représentants du patronat ne souhaite faire du fait religieux un sujet de négociation au sein des Comités sociaux et économiques (CSE).
"La question est : y a-t-il plus de tensions qu'avant ou est-ce qu'on en parle plus ?", expose Émilie Trigo (UNSA) côté syndicats. Selon elle, il n'est "pas sûr" que la laïcité suscite plus de tensions qu'auparavant, mais elle invite chacun à se former et à se "décrisper" sur le sujet pour "faire baisser la tension".
"Il n'y a pas de recrudescence, des chiffres précis et annuels existent dans la fonction publique", remarque également Christian Grolier (Force Ouvrière). "À part quelques cas exceptionnels, nous n'avons pas constaté de montée de phénomènes liés à du prosélytisme religieux", confirme Nathalie Verdeil (CGT).
"Je suis incapable de répondre à la question de savoir s'il y a plus de faits", répond Cyril Chabanier au nom de la CFDT. Le syndicaliste estime toutefois que "la violence est plus importante aujourd'hui qu'hier quand les faits se produisent".
Frédéric Sève (CFDT) préconise, lui, à faire le tri entre des demandes légitimes et des revendications qui suscitent réellement des conflits, tout en invitant à ne pas minimiser les cas quand ils se produisent :
Tensions ou revendications religieuses en entreprise : "Le problème c'est qu'on met tout dans le même paquet... Cela dit, ce n'est pas parce qu'un fait est rare qu'il n'est pas grave !", commente @fredericseve (@CFDT).#DirectAN #PJLPrincipesRépublicains pic.twitter.com/RCQck66PHR
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Parmi les dispositions du texte concernant directement le monde du travail, l'article 1er prévoit d'imposer dans la loi le principe de neutralité aux entreprises délégataires d'un service public.
Une extension qui n'est pas contestée par le patronat, qui demande "un peu de temps d'adaptation". Geoffroy Roux de Bézieux souhaite aussi s'assurer que cette exigence s'appliquera bien aux seules délégations et ne touchera pas les entreprises qui répondent à "des marchés publics". "Un travail de précision" est nécessaire sur cet article, complète Frédéric Sève pour la CFDT.
Selon Force ouvrière, un tel article est moins le signe d'une laïcité qui progresse qu'un moyen pour amplifier la privatisation du secteur public : "Sans cet article, on ne peut pas décliner la loi de la transformation publique", indique son représentant Christian Grolier.
Neutralité des sous-traitants d'un service public : "Ces articles préparent en fait l'externalisation des missions de service public", estime Christian Grolier (@FOFonctionnaire).#DirectAN #PJLPrincipesRépublicains pic.twitter.com/dotwFFo7gi
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D'une manière assez unanime, les syndicats ont aussi critiqué l'esprit général du projet de loi, la CGT dénonçant un texte "punitif" et la CFDT estimant qu'il peut être porteur de réponses "incomplètes et problématiques" malgré un "constat juste".
Le représentant du premier syndicat de France regrette notamment que la question de l'islam en France "sous-jacente au débat autour de cette loi", ait "tendance à être traitée sous l'angle réducteur de la vigilance à l'islam radical".
Alors que l'objectif affiché de la loi est de ressouder la capacité à vivre ensemble, "un texte plus équilibré en matière de droits et de devoirs aurait pu renforcer le désir d'appartenir à la communauté sociale", estime Cyril Chabanier au nom de la CFTC. Gérard Mardiné (CFE-CGC) invite, lui, les parlementaires à s'attaquer aux facteurs qui peuvent favoriser le communautarisme, comme "l'exclusion" :
La @CFECGC appelle à ne "pas se contenter de rappeler des principes" mais à s'attaquer aux "causes, racines et aux lignes de fractures qui abîment notre démocratie", dit @GerardMardine.#DirectAN #PJLPrincipesRépublicains pic.twitter.com/fhfU3pPKV4
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