Le plan d'Édouard Philippe pour déconfiner les Français

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Le plan d'Édouard Philippe pour déconfiner les Français
par Jason WielsMaxence Kagni, Vincent Kranen, Fanny SALIOU, le Mardi 28 avril 2020 à 12:17, mis à jour le Vendredi 29 mai 2020 à 15:23

Le Premier ministre a fait voter mardi la stratégie du gouvernement pour sortir du confinement. Écoles, commerces, travail, transports, masques, culture, funérailles... Découvrez le détail des mesures proposées par le gouvernement.

"Nous allons devoir vivre avec le virus"

Pendant une heure, Édouard Philippe a dessiné les grandes lignes de la stratégie nationale de déconfinement du gouvernement, validée par les voix de 368 députés (100 contre, 103 abstentions).

La date du 11 mai, souhaitée par le président de la République, sera bien le point de départ d'une sortie progressive du confinement. Selon les secteurs et les départements, la fin des restrictions sera toutefois différenciée.

Cette date elle-même reste soumise à conditions, tandis que le 2 juin a été choisi comme "prochaine marche" pour "vérifier que les mesures prises permettent de maîtriser l'épidémie". Et, le cas échéant, pour pousser plus loin le déconfinement du pays dans un second temps.

Le chef du gouvernement a également reconnu qu'il ne misait pas, pour l'heure, sur un hypothétique traitement ou une disparition spontanée du virus, et qu'il allait falloir "vivre avec" celui-ci :

Départements verts, départements rouges

"Il est logique que nous gardions un cadre de déconfinement adapté aux réalités locales", a d'abord précisé le Premier ministre. Selon trois critères (nombre de cas, capacité hospitalière, capacité des tests localement), un classement sera rendu public département par département :

Certains seront ainsi classés dans la catégorie "rouge" ou "verte". Des différences seront dès lors appliquées sur le territoire : par exemple, parcs et jardins publics pourront rouvrir dans les zones vertes, pas dans les rouges.

Le Premier ministre veut aussi que les déplacements entre régions ou à plus de 100 km de son domicile restent l'exception.

Dans la même logique, le télétravail devra se poursuivre "au moins dans les trois prochaines semaines". Lorsque celui-ci n'est pas possible, il demande la mise en place d'horaires décalés dans les entreprises "pour étaler les flux dans les transports" et "diminuer la présence des salariés dans un même espace".

Assez de masques pour tous

Au cœur de la polémique depuis le début de la crise, la disponibilité des masques a été longuement évoquée par Édouard Philippe. Seront-ils disponibles en nombre suffisant ?

Les masques seront rendus obligatoires dans les transports en commun. Les commerçants pourront aussi exiger le port du masque de leurs clients si les distanciations sociales ne peuvent être mises en place.

Autre outil pour déconfiner la pays, les tests devraient eux aussi être déployés en masse. Ils seront entièrement pris en charge par l'assurance-maladie :

L'isolement préconisé

Jusqu'à présent ignoré par les autorités, l'isolement des personnes malades va trouver sa place dans la stratégie gouvernementale. Il ne sera toutefois pas obligatoire, mais Édouard Philippe compte "sur la responsabilité individuelle" pour éviter la contagion de son propre foyer.

En pratique, préfets et collectivités seront chargés de trouver "un lieu mis à la disposition" du malade, comme par exemple un hôtel réquisitionné. Le chef du gouvernement a demandé aux aînés à "continuer à se protéger" en respectant des règles similaires à celles avant le 11 mai. "Il n'y aura pas de contrôle ni d'attestation", précisait-il clôturant définitivement la possibilité de règles différenciées pour les plus de 65 ans plus à risque face à la maladie.

Un nouveau calendrier pour l'école

Le Premier ministre a aussi remanié très sensiblement les hypothèses émises la semaine dernière par son ministre de l'Éducation nationale sur le retour à l'école.

Alors que tous les élèves devaient progressivement retrouver leurs classes avant la fin mai, cela n'est plus certain pour les lycéens :

Le plafond annoncé de 15 élèves par classe est lui maintenu.

Les enseignants et le personnel encadrant devront porter un masque, tout comme pour les élèves à partir du collège. L'État en procurera à ceux qui ne seraient pas équipés d'ici là.

Les crèches vont rouvrir avec des capacités limitées par groupe de "10 enfants maximum". Les professionnels de la petite enfance porteront également le masque de manière obligatoire mais "il n'y aura pas de port du masque pour les enfants de moins de 3 ans".

Commerce, culture, sport... Qui sera déconfiné et quand ?

Le Premier ministre a aussi dressé la liste des domaines d'activités et des secteurs économiques qui vont pouvoir sortir de leur hibernation forcée.

Ce sera le cas de tous les commerces et des marchés (sauf avis contraire du préfet) dès le 11 mai. Des interdictions pour les très grands centres commerciaux en périphérie des villes pourront aussi être prononcées pour éviter "les vastes mouvements de population".

Les propriétaires et salariés de bars et restaurants devront attendre le 2 juin pour savoir si, oui ou non, ils pourront reprendre leur activité.

La même logique s'appliquera pour les grands musées ou cinémas, alors que les petits établissements culturels (médiathèques, petits musées) pourront rouvrir dès le 11 mai. Les événements rassemblant plus de 5.000 personnes (festival, matchs de football) ne pourront avoir lieu avant septembre :

Les lieux de culte attendront également le 2 juin avant de savoir si les fidèles pourront revenir, tandis que les cérémonies funéraires continueront d'être organisées "dans la limite de 20 personnes".

Vers une prolongation de l'État d'urgence sanitaire

Pour mettre en oeuvre ce plan de déconfinement, le Premier ministre a également annoncé le besoin de faire passer une nouvelle loi.

Le texte, qui pourrait prolonger l'état d'urgence sanitaire au cœur de l'été, sera présenté samedi en Conseil des ministres et débattu dès la semaine prochaine au Parlement.

Traçage électronique : finalement, un débat et un vote

Sujet de crispation et de polémique, la mise en place de l'application StopCovid, sur la base du volontariat, ne s'envisagerait que de manière "complémentaire" aux autres mesures déjà en place, a tenu à rassurer le Premier ministre. Le chef du gouvernement a néanmoins rappelé la difficulté, en contexte urbain, de reconstituer l'ensemble des contacts d'une personne contaminée, d'où l'intérêt d'une telle application.

S'il juge le débat "un peu prématuré", l'application n'étant pas encore finalisée, Edouard Philippe a confirmé aux députés son intention d'organiser un débat et un vote spécifiques, sur ce sujet, à l'Assemblée.

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