Plusieurs candidats du Rassemblement national ont suscité l'indignation ou fait polémique, ces derniers jours, pour des propos ou des comportements embarrassants pour le parti, obligeant Jordan Bardella à plaider des "erreurs de casting" et à dénoncer l'existence de "brebis galeuses".
"Quatre ou cinq brebis galeuses". comme le dit Jordan Bardella, ou "quelque 80 cas problématiques", comme l'affirme Mediapart ? Ces derniers jours, plusieurs candidats se sont en tout cas révélés embarrassants pour le Rassemblement national. "En 48 heures, mon mouvement a investi près de 600 candidats", a souligné le président du parti, mercredi 3 juillet sur BFMTV, pour expliquer ce qu'il qualifie d'"erreurs de casting".
Avant d'ajouter : "Tous ceux qui tiennent des propos qui ne sont pas conformes à mes convictions, à la ligne politique que je porte, [...] seront mis à la porte." Une volonté de sanctionner les comportements et les propos jugés inacceptables également affichée par Marine Le Pen, ce jeudi 4 juillet, sur RMC et BFMTV. "On réagit tout de suite, sans laxisme et durement", a affirmé la double finaliste à l'élection présidentielle, réélue députée dès le premier tour des législatives dimanche dernier.
Parmi ces candidats que Jordan Bardella indique vouloir écarter de son mouvement, le député sortant de la 1ère circonscription de l'Yonne, Daniel Grenon, qui a estimé dans un entretien au journal L'Yonne républicaine que les Maghrébins "n'ont pas leur place dans les hauts lieux". "Ces propos, je les trouve abjects", a réagi le président du Rassemblement national, qui a assuré que celui-ci "ne siègera pas dans le groupe du Rassemblement national" en cas de réélection. "Il répondra de ses propos [devant la commission des conflits du RN]", a encore affirmé l'eurodéputé.
Autre candidats désavoués, Laurent Gnaedig (1ère du Haut-Rhin) qui a considéré lors d'un débat sur BFM Alsace que les propos de Jean-Marie Le Pen qualifiant les chambres à gaz de "point de détail de l'Histoire" - ce qui lui a valu d'être condamné par la justice - "n'étaient pas une remarque antisémite", mais une "grave erreur de communication". "Il fait partie des cinq [brebis galeuses]", a dit Jordan Bardella.
Ou encore Josseline Liban (2ème du Calvados) dont les publications sur Facebook ont été dénoncées. La candidate y ironise notamment sur un "tour de cou anti-décapitation pur porc", composé en fait de saucissons. "Je connais les cas", s'est agacé le président du RN, redisant son aversion pour des "propos inadmissibles" et répétant que ces "brebis galeuses" n'ont "pas leur place" au sein du parti. Investie en Mayenne (3ème), Annie Bell a quant à elle a été condamnée pour une prise d'otage à la mairie d'Ernée en 1995. et sera également convoquée par les instances du Rassemblement national, a indiqué Jordan Bardella. "En général, elle tape dur", a affirmé Marine Le Pen à propos de la commission des conflits.
Autre cas qui a posé question, ces derniers jours, sur le processus de sélection des candidats du parti : en lice dans le Jura (2ème) Thierry Mosca est placé sous curatelle depuis novembre 2023. Comme le prévoit le code électoral, il est donc inéligible. En cas d'élection, un recours conduira donc à son invalidation et un nouveau scrutin sera convoqué dans cette circonscription. Dans le Calvados (1ère) Ludivine Daoudi a, elle, été conduite à retirer sa candidature du second tour des législatives, après la diffusion d'un photo où on la voit porter une casquette de sous-officier nazi avec une croix gammée.
Outre ces cas, condamnés par Jordan Bardella, la présidente sortante du groupe Rassemblement national à l'Assemblée a, en revanche, relativisé les propos d'autres candidats qui ont pu faire polémique, évoquant des des "maladresses". Par exemple au sujet de Paule Veyre de Soras, candidate en Mayenne (1èrecirconscription). Voulant se défendre de tout racisme, celle-ci a fait valoir avoir un "dentiste musulman" et un "ophtalmo juif". "C'est maladroit, mais objectivement, ce n'est pas une preuve de racisme", a estimé Marine Le Pen.
"Ce sont des braves gens, qui voient arriver les grands inquisiteurs de la presse", a-t-elle affirmé, considérant que la représentation nationale devait "être à l'image de la France". Avant de dénoncer un traitement à deux vitesses : "Tout le monde ne parle que de ça. On ne parle même plus de politique. [...] Ce qui est important, c'est de voir comment un parti politique réagit quand il est face à ça." Et de renvoyer la critique à La France insoumise et aux Ecologistes qui, selon Marine Le Pen, "couvrent des comportements inadmissibles".