En arrivant en tête du premier tour des élections législatives dimanche 30 juin, le Rassemblement national a remporté la première manche du scrutin, ce qui l'a mis en situation favorable en vue du second tour. La financement public de la vie politique reposant essentiellement sur les résultats obtenus aux législatives, le parti de Marine Le Pen est, par ailleurs, assuré de voir ses ressources financières augmenter fortement.
La première place... Et un beau pactole. Dimanche 30 juin, le Rassemblement national n'a pas seulement remporté le premier tour des élections législatives. Il a également assuré son train de vie pour les années à venir. Au total, le parti présidé par Jordan Bardella a recueilli 29,25 % des voix exprimées.
9 377 297 suffrages, très exactement, selon le ministère de l'Intérieur. Un nombre record lors d'un premier tour pour le RN toutes élections confondues et un score qui a son importance financière : depuis une loi de 1988, l'élection des parlementaires, en particulier des députés, détermine l'aide publique directe versée chaque année à leurs formations politiques, qui représente environ un tiers de leurs ressources. La répartition de l'enveloppe globale, qui était de 66,5 millions d'euros en 2024, est effectuée en deux temps.
La première fraction, à hauteur de 32,3 millions d'euros, est calculée selon les résultats du premier tour des élections législatives, et n'est versée qu'aux partis qui ont recueilli au moins 1% des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions. Selon nos calculs, à enveloppe constante, le Rassemblement national devrait toucher environ 10 millions d'euros chaque année à partir de 2025. Pour comparaison, sur la base des précédentes législatives, le parti touchait 6,8 millions d'euros au titre de cette fraction depuis 2022, selon les chiffres de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Une dimension pourrait toutefois financièrement pénaliser le Rassemblement national : le non-respect de la parité. Avec 47,7 % de candidatures féminines, le RN est loin d'être le plus mauvais élève de ces législatives. Mais depuis 2000, les partis politiques sont tenus d'investir un nombre équivalent de candidats et de candidates en vue du scrutin, sous peine de voir leur financement public réduit.
Lorsque l’écart entre le nombre de candidats de chaque sexe dépasse 2 % du nombre total de candidats, le montant de la première fraction diminue d'un pourcentage égal à 150 % de l’écart rapporté au nombre total des candidats. Avec 239 candidates et 262 candidats, le Rassemblement national ne rentre pas dans le clous. Il verra donc son financement amputé de 7 % du montant de la première fraction de l'aide publique, ce qui pourrait représenter environ 700 000 euros.
A cette première aide directe, s'ajoute un second financement public d'un montant total de 34,2 millions d'euros, dépendant non pas des résultats du premier tour des législatives, mais du nombre de députés et de sénateurs rattachés aux mouvements politiques. Chacun des 925 parlementaires rapportant un peu plus de 37 000 euros à sa formation politique.
Sans préjuger du résultat définitif du second tour, le RN devrait améliorer significativement le nombre de ses députés (88 dans l'Assemblée nationale sortante, ndlr.) et donc le montant qu'il touchera au titre de cette deuxième fraction, qui était de 3,3 millions d'euros le concernant en 2024 et qui pourrait plus que doubler l'année prochaine. Cette année, à titre d'exemple, la coalition présidentielle, forte de ses 287 parlementaires, a bénéficié de 10,6 millions d'euros distribués dans le cadre de cette deuxième fraction, à partager entre les différents partis qui la composent.