Les représentants du Parti socialiste, de La France insoumise, des Ecologistes et du Parti communiste ont annoncé lundi soir "la constitution d’un nouveau front populaire" en vue des élections législatives, promettant un "programme de rupture", qui reste cependant à établir, face à la majorité sortante et au Rassemblement national.
Sous les clameurs d'un parterre de jeunes réunis devant le quartier général des Ecologistes, à Paris, la fumée blanche est apparue lundi soir. Dès le lendemain de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, les partis de gauche représentés au Parlement et engagées dans les élections européennes ont acté le principe d'un accord pour se lancer ensemble, dans la bataille des élections législatives.
Si cet accord vise d'abord à limiter les pertes par rapport à la configuration sortante de l'Assemblée nationale, voire à obtenir une majorité relative au soir du 7 juillet prochain, les discussions ayant trait aux circonscriptions ont à peine débuté. Un principe général semble cependant avoir été arrêté : la plupart des élus sortants devraient être reconduits comme candidats uniques de leurs circonscriptions respectives.
Quelques cas isolés pourraient faire cependant l'objet de débats, voire de désaccords entre les différentes formations politiques parties prenantes du rassemblement. Celui de Julien Bayou notamment, qui siégeait depuis quelques mois en tant que non inscrit à l'Assemblée nationale, après avoir démissionné du groupe Ecologiste. Accusé de "violences psychologiques", il a annoncé se représenter et faire d'ores-et-déjà campagne dans sa circonscription parisienne, tout en s'engageant à se retirer en cas de condamnation.
De même, le cas d'Adrien Quatennens, député sortant La France insoumise, condamné fin 2022 à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales, pourrait faire l'objet de dissensions. Députée écologiste sortante, Sandrine Rousseau a indiqué dimanche soir que son investiture ferait "partie des conditions de la discussion".
Surtout, dans les circonscriptions qui n'étaient jusqu'à présent pas acquises à un candidat ex-Nupes, un rééquilibrage est réclamé par le Parti socialiste, arrivé en tête du scrutin européen à gauche. Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann qui menait la liste du Parti socialiste, devrait aussi revendiquer des places. Il y a deux ans, 360 circonscriptions avaient été accordées à LFI, 100 aux Ecologistes, 70 au Parti socialiste et 50 au Parti communiste. "La base c'est de respecter les sortants", a estimé Eric Coquerel (La France insoumise) mardi matin, avant de poursuivre : "Est-ce qu'il peut y avoir un rééquilibrage par rapport aux résultats des européennes sur les autres circonscriptions ? Pourquoi pas".
Eric Coquerel a également revendiqué un programme qui serait celui d'une "gauche de rupture". "L'idée n'est pas seulement de sauver nos sortants, de se protéger par rapport à ce que l'extrême-droite pourrait faire, l'idée c'est de gouverner", a martelé le député sortant, appelant à "quelque chose de bien plus large qu'un simple accord politique entre des partis".
La France insoumise, les Ecologistes et le PS avec Place publique ont publié hier des communiqués, listant respectivement leurs grandes lignes programmatiques, qui ont en commun la bifurcation écologique, le refus de l'austérité budgétaire ou encore l'annulation de la réforme de l'assurance-chômage. Quelques nuances apparaissent toutefois à la lecture de ces ébauches programmatiques, La France insoumise exigeant "le retour à la retraite à 60 ans", là où le PS et Place publique, ainsi que les Écologistes, évoquent simplement "l'abrogation de la réforme des retraites".
Les tractations se poursuivent cette semaine, tout à la fois sur les enjeux de programme que de circonscriptions. Si la base d'un accord a été formulée, des fissures pourraient apparaître en cas de volonté hégémonique de l'une ou l'autre des formations politiques participant à ce nouveau "Front populaire". L’entourage de Raphaël Glucksmann annonce déjà son intention de quitter les discussions en cas d'alignement généralisé sur les exigences de La France insoumise. "Raphaël Glucksmann n'est pas le centre de gravité politique de ce qui est en train de se faire", tempère cependant Eric Coquerel.