Législatives : Député pendant 20 ans, Jean Lassalle ne se représentera pas

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Jean Lassalle ne se représentera pas, 20 après sa première élection en tant que député
par Raphaël Marchal, le Lundi 2 mai 2022 à 20:59, mis à jour le Lundi 2 mai 2022 à 20:59

Deux fois candidat à l'élection présidentielle, député depuis 2002, Jean Lassalle a annoncé, lundi 2 mai, qu'il ne comptait pas se représenter à sa propre succession. Retour sur le parcours d'une figure singulière et populaire de la politique, chantre de la ruralité et de la France périphérique.

C'est depuis ses Pyrénées-Atlantiques, à Oloron-Sainte-Marie, que Jean Lassalle a annoncé la nouvelle : il ne sera pas candidat lors des prochaines élections législatives, organisées en juin. Mettant ainsi fin à une carrière de député entamée en 2002. La veille de ses 67 ans, l'élu, qui siégeait au sein du groupe Libertés et territoires, a justifié sa décision par la "situation nationale", critiquant le déroulement de la dernière élection présidentielle. Il a également fait état de soucis de santé, expliquant qu'il allait devoir subir une opération à cœur ouvert dans les prochains jours.

L'élu béarnais a toutefois assuré qu'il n'en avait pas fini avec la politique, précisant qu'il allait "mener [s]a lutte différemment". La 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques pourrait toutefois élire un député de son clan lors des élections législatives : Jean Lassalle a révélé qu'il était en pourparlers avec son frère, Julien, afin de le convaincre de reprendre le flambeau. Ce dernier, berger retraité, doit prendre sa décision dans les prochains jours. 

Un élu du territoire

Figure de la ruralité, Jean Lassalle n'a cessé de se poser en défenseur des territoires. "Le pays se disloque sous nos yeux. Les territoires ruraux n'intéressent plus personne, à l'image de ma vallée d'Aspe", a-t-il répété ce lundi. Son engagement a véritablement débuté en 1977 : à l'âge de 21, il est élu maire de son village natal, Lourdios-Ichère. Il le restera jusqu'en 2017. En parallèle, Jean Lassalle a successivement été conseiller général (1982-2015), président du parc national des Pyrénées ou encore président de l'association des maires des Pyrénées-Atlantiques.

Élu pour la première fois député en 2002, sous l'étiquette UDF, il a toujours ferraillé contre la raréfaction des services publics dans les territoires ruraux, entretenant l'image d'un politique singulier, habitué des coups d'éclat, pour défendre ses causes. L'année suivant son élection, en pleine séance de questions au gouvernement, il avait entonné à gorge déployée la chanson béarnaise Aqueros Mountagnos dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, interrompant le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy. La manœuvre visait à obtenir le maintien d'une gendarmerie près du tunnel du Somport, qui sera finalement conservée.

Une grève de la faim

C'est certainement sa grève de la faim qui l'a rendu définitivement célèbre. En mars 2006, Jean Lassalle a cessé de s'alimenter pendant 39 jours, protestant depuis la salle des Quatre colonnes de l'Assemblée nationale contre la délocalisation de l'usine d'aluminium japonaise Toyal dans son canton d'Accous. Son action avait été largement médiatisée, y compris à l'international.

Hospitalisé dans un état critique après avoir perdu 31 kg, Jean Lassalle avait finalement eu gain de cause, la société Toyal revenant sur son projet de délocalisation, après l'intervention du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, du Premier ministre, Dominique de Villepin, et même du chef de l’État, Jacques Chirac. Le Béarnais en conservera néanmoins des séquences à vie : dans l'émission de LCP "Politiques à table", il avait révélé qu'il était obligé de suivre un traitement médical depuis ce jeûne.

Un député "marcheur"

Son engagement s'est aussi traduit en "tours de France" effectués pour prendre le pouls des territoires et aller à la rencontre de ceux qu'il appelle les "oubliés". D'avril à décembre 2013, Jean Lassalle a ainsi déserté les bancs de l'Assemblée pour accomplir ce rite, à pied, allant à la rencontre des nombreux citoyens. Il avait également réalisé un tour d'Europe quelques mois plus tard, côtoyant de nombreux élus européens, avant de parcourir le pays dans un bus à impériale bleu lors de la dernière campagne présidentielle. 

Initiative plus controversée, il a par ailleurs fait partie des députés qui se sont rendus en Syrie, touchée par une guerre civile particulièrement meurtrière. Une première fois en 2015, puis à nouveau en 2017. Sa deuxième visite dans le pays, à l'orée de la campagne présidentielle de 2017, avait fait polémique : Jean Lassalle avait en effet rencontré Bachar el-Assad, dictateur mis au ban de la communaute internationale.

Dans un tout autre genre, en novembre 2018, le Béarnais  s'est à nouveau fait remarquer par un coup d'éclat dans l'hémicycle en arborant un gilet jaune, en signe de soutien au mouvement du même nom. Contrevenant ainsi au règlement de l'Assemblée nationale, ce qui avait provoqué une suspension de la séance.

Ultime coup d'éclat : une censure du Conseil constitutionnelle

La séquence a tourné en boucle sur les réseaux sociaux : Jean Lassalle, feignant d'hésiter devant l'urne lors du second tour de la récente élection présidentielle, puis annonçant finalement qu'il refusait de participer au vote, "l'un de ses actes les plus importants de [s]a vie". Une mise en scène qui a provoqué l'invalidation, par le Conseil constitutionnel, de l'ensemble des résultats de la commune de Lourdios-Ichère lors de la proclamation des résultats, la semaine dernière.

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Le parquet de Pau a également ouvert une enquête pénale, pour "infractions au code électoral concernant les atteintes à la sincérité des scrutins". Les peines prévues peuvent aller jusqu'à un an de prison, avec des peines complémentaires d'inéligibilité ou d'interdiction du droit de vote. "Moi et ma commune avons été déshonorés. Je me battrai corps et âme pour défendre mon honneur", a réagi Jean Lassalle, qui a recueilli plus d'un million de voix au premier tour du scrutin présidentiel, ce qui l'a notamment placé devant Fabien Roussel (PCF) et Anne Hidalgo (PS).