Les dirigeants de la majorité présidentielle sortante ont annoncé, jeudi 5 mai, la création d'une confédération nommée "Ensemble", reposant sur La République en marche, le Mouvement démocrate et Horizons. Une première liste de 187 investitures a été rendue publique en vue des élections législatives. LaREM entame également sa mue et s'appellera désormais "Renaissance".
"Ensemble". Tel est donc le nom de la nouvelle bannière réunissant La République en marche, le Mouvement démocrate et Horizons, et sous laquelle les candidats tenteront d'offrir une majorité à Emmanuel Macron lors des élections législatives, des 12 et 19 juin. Richard Ferrand, François Bayrou, Édouard Philippe et Stanislas Guerini, ont fait cette annonce depuis le siège de La République en marche à Paris, lors d'une conférence de presse, jeudi 5 mai.
Tout du long, Richard Ferrand (LaREM), François Bayrou (MoDEM) et Édouard Philippe (Horizons) ont revendiqué leur bonne entente, repoussant ainsi d'emblée les rumeurs de dissensions. "Les négociations qui se sont passées l'ont été dans le meilleur climat que j'ai jamais rencontré au cours de ma vie politique", a affirmé François Bayrou. Les trois hommes seront à la manœuvre au sein de la nouvelle confédération, qui sera présidée par Richard Ferrand. Le Béarnais et le maire du Havre en seront les vice-présidents, tandis que le délégué général de LaREM, Stanislas Guérini, assurera les fonctions de secrétaire général de la nouvelle structure.
Premier rendez-vous pour la nouvelle confédération : les élections législatives qui auront lieu le mois prochain. Ses candidats seront notamment opposés à ceux du Rassemblement national, mais aussi à ceux de la "Nouvelle union populaire écologique et sociale" (Nupes), l'alliance des gauches, dont la constitution a largement occupé les rubriques politiques des médias ces derniers jours. François Bayrou ne s'y est pas trompé, fustigeant des "rassemblements qui vont à l'encontre du bon sens". Ces derniers jours, le maire de Pau avait déjà dénoncé la coalition de gauche, en réservant une place particulière au Parti socialiste dans ses reproches.
Selon Richard Ferrand, un candidat Ensemble sera présent dans quasiment chacune des 577 circonscriptions. Aucune dissidence ne sera tolérée. À de très rares exceptions près, dans moins de cinq circonscriptions où la menace "extrémiste" est trop bien implantée et où une candidature d'Ensemble serait jugée contre-productive, la voie sera laissée libre à d'autres candidats.
Une première liste de 187 investitures, dont 101 sortants, a été rendue publique aux alentours de 20 heures. Parmi les premiers noms, figurent le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer (4ème circonscription du Loiret), le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin (10ème circonscription du Nord), Olivier Dussopt, le ministre délégué chargé des Comptes publics (2ème circonscription de l'Ardèche), Richard Ferrand (6ème circonscription du Finistère), l'ex-député LR Éric Woerth (4ème circonscription de l'Oise) ou encore Manuel Valls (5ème circonscription des Français de l'étranger). Les autres devraient suivre dans les prochains jours. Selon l'AFP, LaREM devrait se présenter dans quelque 400 circonscriptions. Le MoDem aurait obtenu entre 101 et 110 candidats, tandis qu'Horizon en alignerait 58. "Nous avons obtenu un bon accord", a déclaré l'ancien Premier ministre, Édouard Philippe.
Une fois le scrutin passé, les députés élus sous la bannière "Ensemble" pourront former des groupes distincts rattachés à leur sensibilité, ont confirmé Richard Ferrand, François Bayrou et Édouard Philippe. Pas question d'une "maison commune" à l'Assemblée, donc. Pour autant, une ligne claire a été définie, pour éviter que l'alliance s'ébrèche sur des sujets crispants. "Abstention, péché véniel, vote contre, péché mortel", a ainsi averti le président de l'Assemblée nationale, insistant sur l'importance de la "loyauté". Par ailleurs, les trois formations seront rattachées à une seule association de financement électorale.
Le fonctionnement au jour le jour d'Ensemble — réunions, consignes de vote, etc. — doit encore être défini, priorité étant laissée à l'organisation de la campagne des législatives. "L'objectif est de donner au président de la République et au futur gouvernement une majorité stable, solide, dynamique, vivante, pour faire en sorte que le quinquennat soit réussi", a vanté Édouard Philippe.
La République en marche est également appelée à évoluer, a annoncé Stanislas Guérini, qui a dévoilé le nom de la future structure : "Renaissance". Ce ne sera pas un simple "ripolinage", mais une véritable "refondation", a précisé le délégué général de LaREM. Au-delà du changement de nom, il s'agira de créer un "parti politique" — une dénomination désormais assumée — ouvert et "populaire", destiné à "faire le choix des lumières contre l'obscurantisme".
Cette évolution est tout particulièrement décidée pour pouvoir accueillir des élus locaux, a souligné Stanislas Guérini, reconnaissant un "défaut d'implantation" de LaREM à cet échelon, qui a pu faire défaut au mouvement. Cette dynamique doit également éviter au mouvement présidentiel de devenir un "astre mort", comme il peut en exister dans le paysage politique, a-t-il lancé, sans nommer directement le Parti socialiste. Tous les détails autour de cette nouvelle structure ne sont pas encore connus, l'annonce précédant un travail important qui "devra être poursuivi dans les jours qui viennent".
L'apport de la "société civile" continuera, en tout cas, à être l'un des fers de lance du mouvement, Richard Ferrand ayant salué "l'apport très précieux" des personnalités qui en sont issues. Outre les députés sortants qui relèvent de ce cas et qui ont fait le choix de se représenter, d'autres citoyens qui n'ont pas forcément d'expérience de la vie politique seront donc investis dans certaines circonscriptions, afin de contibuer à faire vivre la majorité souhaitée par Emmanuel Macron.