Les députés des commissions des Affaires économiques et du Développement durable ont auditionné, jeudi après-midi, en visioconférence, des membres de la Convention citoyenne pour le climat. Un premier échange avec des parlementaires avant les réponses qu'Emmanuel Macron commencera à apporter à leurs propositions le lundi 29 juin.
Elus de la Nation et représentants de la Convention citoyenne avaient rendez-vous ce jeudi après-midi lors d'une audition en visioconférence. Pendant deux heures, élus, et deux représentants des citoyens tirés au sort, ont échangé sur leurs impressions et les 149 propositions adoptées dimanche dernier par les 150 citoyens de la convention.
Un exercice original d'échange entre démocratie représentative et démocratie participative.
Après les 80 kmh au lieu de 90 de limitation de vitesse sur les routes secondaires, un fort point de crispation dans les territoires, les citoyens ont voté en faveur d'un abaissement de 130 à 110 kmh la vitesse sur les autoroutes. Une mesure écologique selon eux, accueillie avec un certain scepticisme.
"Je m'inquiète déjà de voir qu'un certain nombre de propositions ne répondent pas aux attentes, semble-t-il, de nos concitoyens. 110 kmh sur l'autoroute on a déjà beaucoup, en tant que parlementaire, de gens qui se plaignent", met en garde le député Les Républicains du Jura Jean-Marie Sermier. Une mesure emblématique, défendue par Jean-Pierre Cabrol, un habitant de la vallée de l'Arve très impactée par la pollution des véhicules :
Le rapporteur général de la Convention citoyenne Julien Blanchet, et vice-président du Cese (Conseil économique, social et environnemental), a rappelé que la mesure devait entrer en fonction "en 2030" et que des pays comme le Brésil ou la Grande-Bretagne sont déjà aux 110 kmh sur leurs grands axes. Les citoyens de la Convention ont insisté, devant les députés, sur la cohérence globale de leurs mesures, et qu'il ne fallait surtout pas en isoler une seule mais bien prendre dans un seul bloc leurs contributions.
Lundi 29 juin, les premières réponses du président de la République, initiateur de la Convention citoyenne, constitueront le point d'orgue de cet exercice inédit de démocratie citoyenne, mais sans en être le point final. Une association doit prendre le relais de la Convention citoyenne.
"Sur l'association, une de ses premières missions aujourd'hui, c'est d'organiser les prises de parole. Il faut que l'ensemble des 150 citoyens puissent continuer à s'exprimer, sur tous les canaux et à toutes les échelles, prône Amandine Roggeman une des personnes tirée au sort. La mission à plus long terme c'est défendre des propositions et un bilan."
"Comment on fait pour que les Français comprennent et adhérent au grand message ?", interroge-t-elle. Elle ajoute que les citoyens de la Convention citoyenne vont désormais essayer de faire vivre "dans les territoires" leurs propositions. Un exercice auquel ces citoyens ont pris goût, ils espèrent que d'autres en bénéficieront eux-aussi, à travers une réforme du Cese et une inclusion plus importante de citoyens dans des instances.
"Il faut qu'il y ait d'autres cohortes et d'autres citoyens qui puissent avoir le droit à la parole comme on l'a eu. Pour l'après, il faut organiser, pérenniser, cet espace de parole pour les citoyens, avec une rotation", Amandine Roggeman.
Point faible de leur démonstration, pointé à plusieurs reprises par des députés, la question du financement des mesures proposées. Les citoyens ont rappelé que cette question ne faisait pas partie du périmètre de leur Convention et qu'ils n'avaient pas eu le temps suffisant pour bâtir un budget précis.
Ils se sont également défendus d'avoir "tout basé, contrairement à ce qui a été dit, sur un système de taxes". "On n'est pas, et on le redit, sur des propositions d'écologie punitive, il y a beaucoup d'incitatif", estime Amandine Roggeman. Celle-ci a rappelé à plusieurs reprises que les membres de la Convention citoyenne ne prétendaient pas représenter la Nation, cette incarnation et les arbitrages nécessaires restant du ressort du Parlement et de l'exécutif.
Face aux élus, ces citoyens ont reconnu avoir connu un "apprentissage de la complexité", un peu à l'image de ce que les députés connaissent, avant chaque vote, lors de l'examen des textes de loi à l'Assemblée.