Plusieurs responsables de La France insoumise ont confirmé, ce mardi 23 juillet, le dépôt d'une proposition de loi visant à abroger la dernière réforme des retraites. Aucun calendrier n'a été fixé pour l'examen du texte, si tant est qu'il soit mis à l'ordre du jour de l'Assemblée.
"Aujourd'hui, nous déposons une proposition de loi pour abroger la réforme de la retraite à 64 ans", a annoncé ce mardi 23 juillet la présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée, Mathilde Panot. Interviewée sur France Inter, elle a requis le soutien de "l'ensemble des députés, qui lors de la précédente législature s'apprêtaient déjà à voter contre" la réforme. En mars 2023, la loi avait en effet été adoptée par le biais du 49.3, sans vote sur l'ensemble du texte.
L'Assemblée nationale ayant suspendu ses travaux, cette proposition de loi ne sera pas débattue avant plusieurs mois, si tant est qu'elle le soit. Pour ce faire elle devrait être inscrite dans une journée d'initiative parlementaire du groupe LFI, dont la date est encore inconnue. Son véhicule législatif pourrait cependant changer de forme, en cas d'accession au pouvoir du Nouveau Front populaire, qui a fait de l'abrogation de la réforme des retraites l'une des pierres angulaires de son programme aux dernières élections législatives.
Si tel était le cas, "chacun prendra ses responsabilités pour savoir s’il veut oui ou non faire tomber un gouvernement sur la question de l'abrogation de la retraite à 64 ans", a averti Mathilde Panot, devançant l'éventuel dépôt d'une motion de censure que pourrait provoquer l'examen d'un tel texte. "Il y a une majorité à l'Assemblée pour abroger [cette réforme], je mets ma main sur le feu là-dessus", a abondé le président LFI de la commission des finances, Eric Coquerel, sur France Info, ce mardi.
L'annonce de La France insoumise n'a pas manqué de faire réagir ses adversaires politiques. Du côté du camp présidentiel, Pierre Cazeneuve a fustigé sur X un texte "contraire à l'article 40 [de la Constitution, sur la recevabilité financière]", destiné à "ruiner la France". "Je suis prêt à déposer un amendement pour chaque euro de déficit généré par cette proposition de loi", a ironisé le député Ensemble pour la République des Hauts-de-Seine, avançant le chiffre de "18 milliards".
"Quelle bande d’escrocs ces Insoumis", a réagi sur X le député Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national). "En cas de victoire, [ils] avaient promis l’abrogation par décret de la reforme des retraites avant les vacances !", a-t-il raillé. Sur BFM TV, son collègue Laurent Jacobelli s'est toutefois fait plus accueillant, indiquant que le groupe du Rassemblement national serait susceptible de voter la proposition de loi LFI au Palais-Bourbon. "C'était dans notre programme", a justifié le porte-parole du RN.
Les élus de Marine Le Pen "feront ce qu'ils veulent" au moment du vote, a prévenu Mathilde Panot, anticipant les futures critiques qui ne manqueraient pas d'accompagner un tel attelage. "Y compris avec des députés de droite, du groupe Liot, et avec les 193 élus du Nouveau Front populaire, nous avons la majorité pour abroger cette réforme", a-t-elle conclu.