La situation dramatique à Mayotte, dévasée par le cyclone Chido, a été au cœur des Questions au Premier ministre, François Bayrou, ce mardi 17 décembre. Pour sa première séance à l'Assemblée nationale depuis sa nomination, le nouveau locataire de Matignon a également dû répondre aux critiques des oppositions, lui reprochant de s'être rendu à Pau lundi soir, malgré la crise mahoraise.
Il y a eu l'émotion, d'abord. Celle de l'ensemble des groupes politiques de l'Assemblée nationale face à la catastrophe qui touche Mayotte, dévastée par le cyclone Chido. Celle de François Bayrou, aussi, face à la situation dans l'archipel de l'océan Indien qu'il a plusieurs fois qualifié de "drame". Ainsi qu'en cette séance particulière, au cours de laquelle le Premier ministre a retrouvé l'hémicycle du Palais-Bourbon pour la première fois depuis 2012, lui qui auparavant avait été député pendant 19 ans. Seul face aux députés, dans l'attente de la nomination de son gouvernement, le nouveau locataire de Matignon a cependant dû affronter de nombreuses critiques sur le choix de se rendre dans sa ville de Pau, lundi soir, pour le conseil municipal.
Malgré les critiques, tout au long de ses réponses, François Bayrou, a tenté de fédérer la représentation nationale autour du drame, dont le funeste bilan humain est encore loin d'être connu. Le bilan n'est "n'est pas encore établi", a souligné le Premier ministre faisant état, à l'heure où il parlait, de vingt morts, quelque 200 blessés graves et 1 500 blessés en urgence relative - une première estimation qui devrait être très éloignée de la réalité au vu des nombreux habitats de fortune présents sur l'archipel et des images de destruction qui font le tour de la planète depuis le passage du cyclone. "Nous sommes tous anxieux devant le destin de ceux qui ont été pris dans la tourmente, alors qu'ils n'étaient pas protégés", a-t-il d'ailleurs expliqué, en réponse à Gérald Darmanin (Ensemble pour la République).
Mobilisation de 800 personnes pour venir en aide à la population sur place, désignation d'un délégué interministériel à la reconstruction, lancement d'un appel à projets pour la conception d'habitations préfabriquées faciles à monter, constitution de stocks de vaccins pour limiter les risques sanitaires, moyens de faire face à la pénurie d'eau... François Bayrou a multiplié les annonces, saluant les mots de soutien ou d'hommage de chacun des députés l'interrogeant sur le sujet. Il a également indiqué qu'environ 50 % du centre hospitalier a retrouvé son activité, que deux des six usines de traitement de l’eau ont été remises en route, et que le réseau électronique est à moitié opérationnel.
Mais très vite, le Premier ministre a aussi dû affronter la polémique qui le poursuit depuis hier, après qu'il a fait le choix de partir pour Pau afin de présider une séance du conseil municipal, malgré la tenue d'une réunion de crise sur Mayotte, tout en relançant le débat sur le non-cumul des mandats. Une option incomprise jusque dans son propre camp.
Mathilde Panot (LFI), Boris Vallaud (Socialistes et apparentés), Steevy Gustave (Ecologiste et social), Stéphane Lenormand (Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires). Nombre d'élus ont fait part de leur désapprobation, voire de leur colère. "L'urgence n'était pas au retour du cumul des mandats mais aux inquiétudes des Françaises et des Français et d'abord des Mahorais", a cinglé Boris Vallaud.
Le Premier ministre s'est défendu, indiquant avoir participé à la réunion de crise en visioconférence. Avant de jouer la carte des territoires, en dénonçant "une rupture entre la vie de la province et le cercle des pouvoirs à Paris". "Pau, c'est en France. [...] Si j'avais été dans une mairie du 7e arrondissement, ou la mairie, vous auriez considéré que c'était très bien", a-t-il répondu à une Mathilde Panot.
François Bayrou a également pointé la présence du gouvernement sur l'archipel puisque Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, ministres démissionnaires de l'Intérieur et des Outre-mer, sont arrivés sur place lundi. Il a également fait part de sa "responsabilité de proposer au président de la République un nouveau gouvernement" dans les jours à venir. Et de rappeler - Emmanuel Macron ayant annoncé sa décision de se rendre dans l'archipel - qu'"il n'est pas d'usage que le Premier ministre et le président de la République quittent en même temps le territoire national". Une formule sans doute maladroite, François Bayrou ne précisant pas qu'il parlait vraisemblablement du vol entre Paris et Mamoudzou. "C'est la France", lui ont lancé plusieurs députés. Cette première séance à l'Assemblée nationale aura décidément fait office de baptême du feu pour le chef du futur gouvernement.