En présence du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, et de nombreux députés, les conclusions de l’enquête "Les Français et l’Assemblée nationale. Perception du mandat et du travail des députés", ont été dévoilées mardi 23 novembre. Les résultats de cette étude réalisée par l'institut CSA, à l'initiative de la présidence de l'Assemblée, ont été analysés par la Fondation Jean Jaurès et la Fondation pour l’innovation politique.
L’enquête, dont les données ont été collectées entre le 13 octobre et le 13 novembre 2021, via un questionnaire en ligne pour les Français de France métropolitaine, et par téléphone pour les Français résidant dans les DROM et en Corse, a permis d'interroger 4 512 Français majeurs. Inédite depuis 1985, cette étude a été commandée par l’Assemblée nationale. "La représentation nationale n'a pas droit à l'endormissement, elle doit au contraire se montrer vigilante et réactive", a déclaré le président de l'institution, Richard Ferrand, pour expliquer la décision de faire réaliser une telle enquête.
Si le député s’avère le deuxième élu préféré des Français après le maire et devant le sénateur, sa cote est cependant en baisse. En effet, l’étude menée en 1985 par la SOFRES pour l’Assemblée nationale montrait que le député était "l’élu préféré" de 54% des Français, là où ils ne sont aujourd’hui que 35% à le plébisciter.
Par ailleurs, comme en 1985, moins d’un tiers des Français a été en contact avec son député, et la proximité entre le député et ses administrés s’avère plus élevée dans les communes rurales.
En outre, un Français sur deux dit aujourd'hui connaître son député, un chiffre qui n’a cessé de chuter depuis 1985, puisque 62% des personnes interrogées savaient alors qui était le député de leur circonscription. Bien qu’il ait tendance à s’éroder, le directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein a considéré malgré tout que ce chiffre de 50% constituait "une bonne nouvelle", au regard d’un contexte d’abstention galopante et de désintérêt de plus en plus marqué vis-à-vis de la vie politique.
Ce sont également 50% des Français qui se déclarent satisfaits du travail des députés. L’étude montre une certaine correspondance entre les catégories de ceux qui déclarent connaître leur député, et ceux qui ont une opinion positive du travail des élus de l’Assemblée nationale. En revanche, quatre Français sur dix remettent en question "l’utilité de l’Assemblée nationale". "59% des Français déclarent que le rôle de l'Assemblée nationale est utile", a ainsi indiqué Julie Gaillot, qui a coordonné l'enquête pour l'institut CSA, avant de poursuivre : "le comparatif par rapport à l'enquête de 1985 est particulièrement douloureux, puisqu'ils étaient 80% en 1985 à reconnaître l'utilité du rôle de l'Assemblée nationale".
Enfin, seulement 44% des personnes interrogées accordent leur confiance à l’Assemblée nationale en tant qu’institution, loin derrière le trio de tête incarné par la gendarmerie, l’armée et la police. 68% des Français comprennent le sentiment de mécontentement qui peut parfois s'exprimer, mais seuls 13% approuvent les "comportements violents" à l'égard des députés.
Pas moins de 61% des Français se disent "mal informés" sur l’Assemblée nationale. Un chiffre proche de celui de 1985, qui s’élevait à 59%. A ce sujet, le genre, l’âge, le diplôme et le type d’agglomération s’avèrent des variables très structurantes. Les hommes jeunes, niveau Bac+5 et plus, CSP+ et résidant dans l’agglomération parisienne sont ainsi les plus enclins à se déclarer "bien informés".
À noter que dans un contexte de pré-campagne présidentielle, une courte majorité de Français, soit 51% d’entre eux, se déclarent intéressés par la politique.
Un tiers des Français interrogés souhaite que les députés aient davantage de pouvoir dans leur territoire et à l'échelle nationale. Par ailleurs, 70% des Français considèrent, selon l’étude, que le député devrait s’occuper en priorité "des problèmes de son territoire d’élection", contre 29% "des problèmes nationaux".
"Débattre et voter des lois dans l'Hémicycle de l'Assemblée nationale", n’apparaît qu’en troisième position lorsque les Français sont interrogés sur ce qui devrait occuper la majeure partie du temps des députés, après "traiter les dossiers de son territoire d'élection" et "aider leurs électeurs dans leur vie quotidienne". Cette volonté d'ancrage local et de proximité ne signifie pas que les Français souhaitent revenir sur le non-cumul des mandats, 73% d’entre eux considérant que "c’est une bonne chose".
Au regard de ces constats, le directeur général de la Fondation pour l'innovation politique, Dominique Reynié, a plaidé pour une "refondation par la confiance et la compétence locale", sous peine que "la démocratie représentative [passe] par-dessus bord".
Richard Ferrand a dit sa volonté de ne pas attendre "35 ans, c'est à dire 2056, pour actualiser cette étude", et envisagé d'y revenir "tous les deux ans", afin de contribuer à "revivifier les liens entre les citoyens et leurs représentants".