Stocks de munitions : le budget des Armées va connaître des "ajustements"

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Sébastien Lecornu, le 7 juillet 2022.
par Maxence Kagni, le Jeudi 7 juillet 2022 à 13:02, mis à jour le Jeudi 7 juillet 2022 à 15:27

Devant la commission de la défense, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a expliqué que le budget dévolu aux armées, qui respectera la trajectoire prévue par la loi de programmation militaire, devra connaître "quelques mises à jour".

Le budget des armées sera pour l'année 2023 de 44 milliards d'euros, a affirmé, jeudi 7 juillet, Sébastien Lecornu. Le ministre des Armées, auditionné par la commission de la défense de l'Assemblée nationale, a expliqué que ce chiffre était conforme aux prévisions de la loi de programmation militaire 2019-2025.

Des "ajustements" budgétaires seront néanmoins nécessaires pour faire face aux conséquences du conflit russo-ukrainien. Le ministre a notamment évoqué les "stocks stratégiques en matière de munitions" : "Nous avons fait preuve de solidarité avec les armées ukrainiennes", a-t-il souligné. "Le retour de conflits de moyenne à haute intensité de nature conventionnelle font que tout d'un coup le rôle de l'artillerie ou de l'infanterie reprend évidemment une place particulière dans notre schéma de défense", a-t-il encore déclaré, évoquant aussi le nécessaire "entraînement des forces".

Sébastien Lecornu a, en revanche, nié l'idée selon laquelle la France ne disposerait que de deux semaines de munitions pour faire face à une éventuelle attaque militaire perpétrée sur son sol : "Je réfute tous ces propos un peu journalistiques", a déclaré le ministre, dénonçant des "raccourcis pénibles". La France, en plus de la dissuasion nucléaire, a un "modèle d'armée complet", a-t-il insisté.

"Inédit depuis la fin de la guerre froide"

Concernant l'Otan, il a affirmé que la France assure désormais des missions de "défense du ciel" (et non plus de "police du ciel") en Estonie et en Pologne. "Nous allons jusqu'à la frontière de l'alliance et de l'Union européenne", a indiqué Sébastien Lecornu, précisant que parfois des "aviateurs français peuvent voir derrière [celle-ci], du côté russe, un certain nombre d'engagements".

Le ministre a évoqué la présence de 500 militaires français en Roumanie dans le cadre d'une mission de l'Otan. La France pourrait, si besoin, augmenter ses effectifs sur place : "Nous sommes en train de préparer, si malheureusement besoin en était, notre capacité à s'élever jusqu'à un niveau de type brigade, ce qui est complètement inédit depuis la fin de la guerre froide."

Par ailleurs, Sébastien Lecornu a souligné la nécessité de ne pas devenir "myope" vis-à-vis des autres enjeux géopolitiques, notamment en Afrique : "Ce qui s'y passe est clé." Le ministre des Armées a évoqué la décision française de quitter le Mali : "Nous prenons acte des décisions de la junte malienne (...) nous respectons la décision du Mali." La France mène, par conséquent, "une manoeuvre logistique de réarticulation du Mali vers le Niger, particulièrement délicate".

La présence de la milice Wagner au Mali est un autre point d'inquiétude et une "menace nouvelle en Afrique" pour les forces armées françaises. Le ministre a dénoncé les agissements du groupe russe de mercenaires et dénoncé "la mise en scène macabre, épouvantable et scandaleuse sur la base de Gossi". Cette tentative de manipulation "n'a pas suscité dans la classe politique française l'émotion que cela mérite", a regretté Sébastien Lecornu.