Vers la création d'une commission d'enquête, demandée par Laurent Wauquiez, sur les "liens" entre LFI et "réseaux" islamistes

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Laurent Wauquiez à l'Assemblée nationale, le 10 juillet 2024.
Laurent Wauquiez, le 10 juillet 2024, avec les membres du groupe Droite républicaine. - LCP
par Maxence Kagni, le Mardi 27 mai 2025 à 19:20, mis à jour le Mercredi 28 mai 2025 à 10:55

La commission des lois de l'Assemblée nationale examinera, la semaine prochaine, la demande de création d'enquête "sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste". Le groupe "Droite républicaine", présidé par Laurent Wauquiez, a décidé d'utiliser son "droit de tirage" pour obtenir la création de cette commission d'enquête. 

Les députés Les Républicains, Laurent Wauquiez en tête, veulent enquêter sur les "liens" susceptibles d'exister, selon eux, entre La France insoumise et "des réseaux islamistes voire terroristes". Le groupe "Droite républicaine" a décidé d'utiliser son "droit de tirage" pour obtenir la création d'une commission d'enquête "sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste".

Cette demande, dont la recevabilité devait initialement être examinée ce mercredi 28 mai par la commission des lois de l'Assemblée nationale. Il s'agit de s'assurer que la proposition de résolution visant à créer la commission d'enquête respecte les règles prévues en la matière, notamment que les faits sur lesquels porteraient les travaux d'enquête ne font pas par ailleurs l'objet de poursuites judiciaires, et que la demande formulée par les députés LR est suffisamment précise et motivée. Puisqu'il s'agit d'un "droit de tirage- qui permet aux groupes d'opposition et aux groupes minoritaires de l'Assemblée d'obtenir la création d'une commission d'enquête par an - la demande présentée par Laurent Wauquiez devrait être validée. 

LFI directement mise en cause

La président du groupe "Droite républicaine" ne cache pas que cette initiative est avant tout dirigée contre LFI. Interrogé le 16 mai par CNews, il a évoqué la création d'une "commission d'enquête parlementaire de la Droite républicaine contre La France insoumise". "L'objectif pour moi, c'est de faire cesser cette impunité dont jouit LFI dans notre pays, cette forme de privilège rouge", a-t-il affirmé, disant vouloir "braquer les projecteurs sur toutes les zones obscures de La France insoumise". Et le député de Haute-Loire d'évoquer à propos de la formation de Jean-Luc Mélenchon une "complicité avec les réseaux des Frères musulmans", une "tolérance inacceptables sur le Hamas" et "la façon dont [elle] minimise l'antisémitisme".

"Jour après jour, se forme un faisceau d’indices dessinant des liens de complaisance et de soutien entre des élus de la République, essentiellement issus de la France insoumise, et des réseaux islamistes voire terroristes", peut-on lire dans le texte de la proposition de résolution. "Les élus de La France insoumise vont être obligés de venir devant cette commission et de s'expliquer", a encore affirmé Laurent Wauquiez sur CNews, dénonçant notamment l'invitation à l'Assemblée nationale du Collectif contre l'islamophobie en Europe (CCIE) par Raphaël Arnault (LFI), le 12 mars dernier.

La proposition de résolution pointe aussi le cas d'élus, issus "notamment de la France insoumise", qui ont signé en 2019 "un appel à une 'marche contre l’islamophobie' dont l’un des initiateurs était le Collectif contre l’islamophobie en France", ainsi que la présence de "plusieurs responsables politiques" à un rassemblement organisé le 8 septembre 2024 au cours duquel "un influenceur islamiste, fiché S, a appelé publiquement à 'l’intifada à Paris'". Les députés de droite mettent aussi en cause la liste menée par Louis Boyard (LFI) lors de l'élection municipale de Villeneuve-Saint-Georges au début de l'année 2025 "sur laquelle figurait un individu ayant soutenu publiquement l’action du Hamas".

"Rien à cacher"

Interrogé par LCP, le député de La France insoumise Ugo Bernalicis dénonce un "coup de communication" de Laurent Wauquiez, qui se livre selon lui à une "course à l'échalote avec son concurrent d'alors pour le Congrès des Républicains, Bruno Retailleau", qui a été élu président du parti le 18 mai. "Je trouve cela assez problématique, jusqu'à présent il n'y avait pas eu de commission d'enquête ciblant directement un groupe politique", commente le député du Nord.

Sur le plan des principes, nous sommes défavorables, opposés, à ce que cette commission voie le jour. Ugo Bernalicis (LFI)

Selon Ugo Bernalicis, Laurent Wauquiez et les élus de son groupe "dévoient l'usage des commissions d'enquête", qui sont d'abord "un outil de contrôle de l'action de l'exécutif, du gouvernement ou des politiques publiques". Pour autant, le député insoumis explique que son groupe "n'a rien à cacher" : "Si la commission d'enquête a lieu, nous pointerons l'ingérence des Frères musulmans en France, ou de pays sous influence des Frères musulmans, qui a eu lieu lors du mandat de Nicolas Sarkozy et grâce à une partie de la droite alors aux responsabilités", prévient-il, estimant que la commission d'enquête pourrait "se retourner contre la Droite républicaine".