Volodymyr Zelensky demande "encore plus de soutien" à la France

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Assemblée nationale, le 23 mars 2022.
par Jason WielsMaxence Kagni, Soizic BONVARLET, Raphaël Marchal, le Mercredi 23 mars 2022 à 11:41, mis à jour le Jeudi 24 mars 2022 à 10:15

Le président ukrainien s'est adressé en direct aux parlementaires français lors d'un discours de douze minutes. Volodymyr Zelensky, dont le pays subit l'invasion de l'armée russe depuis un mois, a demandé à Paris d'augmenter les livraisons d'armes, d'accélérer le retrait des entreprises tricolores du marché russe et "de faire en sorte que la Russie cherche la paix".

Après les États-Unis, l'Allemagne, l'Italie ou encore le Japon, Volodymyr Zelensky a continué sa tournée des parlements en adressant un message, en direct et en visioconférence, aux députés ainsi qu'aux sénateurs français. "La plupart des réponses sont dans nos mains, dans vos mains", a déclaré le président ukrainien, qui a été applaudi debout par les parlementaires à l'Assemblée nationale et au Sénat. 

Le médiatique chef d’État a entamé son intervention en décrivant la situation à Marioupol, ville martyr du pays qui, selon lui, "rappelle les ruines de Verdun". La cité ukrainienne subit en effet l'un des sièges les plus durs et les plus meurtriers de la part des troupes russes.

Estimant les pertes humaines ukrainiennes à "des milliers de morts" après un mois de guerre, il a ensuite demandé aux élus français d'observer une minute de silence. D'après l'ONU, 10 millions d'Ukrainiens ont déjà dû fuir leur foyer, dont 3,5 millions sont réfugiés à l'étranger, sur une population d'environ 45 millions d'habitants.

Témoignant sa "reconnaissance" envers la France, il a remercié son homologue Emmanuel Macron. Selon lui, le président français a "fait preuve d'un véritable leadership", alors que la Russie mène une "guerre contre la liberté, l'égalité et la fraternité".

De nouveaux actes forts ?

Mais face à un conflit dont l'issue reste très incertaine, Volodymyr Zelensky a réclamé "encore plus d'aides et de soutien" à la France comme aux Européens. Plus d'armes, de sanctions, et aussi un retrait du marché russe des entreprises françaises telles que "Auchan", "Leroy Merlin" et "Renault" :

Par ce soutien accru, le Président ukrainien espère atteindre deux objectifs : restaurer l'intégrité territoriale de son pays et adhérer, à terme, à l'Union européenne, alors que la France assure la présidence tournante des 27 jusqu'en juin.

Une intervention "émouvante"

"C'était un moment extrêmement émouvant et un moment marquant dans l'histoire de l'Assemblée nationale, a réagi à l'issue du discours le président de l'Assemblée, Richard Ferrand. Nous avons compris qu'il voulait mobiliser les opinions publiques et expliquait ce que subissait son pays par l'agression dont il est victime." Richard Ferrand a, par ailleurs, expliqué que si l’État français "aide la résistance ukrainienne à se défendre", "ni la France ni les pays d'Europe ne vont devenir des co-belligérants". Quant à l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne, "ces choses-là ne se font pas à la hâte", a-t-il rappelé. 

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Le député et candidat à l'élection présidentielle Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a lui aussi qualifié d'"émouvante" l'intervention de Volodymyr Zelensky. "Il est dans son rôle, il veut entraîner la France dans la guerre, a-t-il toutefois affirmé. Moi j'estime que la France ne doit pas envoyer des combattants là-bas." Nicolas Dupont-Aignan s'est en outre déclaré "déçu", car selon lui le Président ukrainien n'a pas dressé de perspectives sur le futur de son pays. "L'urgence est de présenter un plan de paix", a encore dit Nicolas Dupont-Aignan qui estime que la "seule solution" est la "neutralité" de l'Ukraine.

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"C'est, en 20 ans d'Assemblée nationale, pour ma part, la séance la plus émouvante", a réagi le président du groupe UDI et indépendants, Jean-Christophe Lagarde. Le député, qui veut "ouvrir les négociations" pour l'intégration de l'Ukraine dans l'Union européenne, a jugé nécessaire d'envoyer des "armes et de l'argent" au président Zelensky. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure a quant à lui appelé à une "action directe" du gouvernement envers les enseignes françaises qui "continuent de commercer avec la Russie" : le député de Seine-et-Marne menace d'un appel au "boycott" les entreprises qui seraient récalcitrantes.

Au Sénat, le président du groupe Les Républicains, Bruno Retailleau, a évoqué un discours "très très touchant". Le sénateur de Vendée a, par ailleurs, reconnu que les Français allaient ressentir un "effet boomerang" en raison des sanctions économiques prises à l'égard de la Russie, tout en estimant que "c'est une autre forme de guerre et on doit y prendre notre part et toute notre part.

 

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