Yaël Braun-Pivet a été choisie par les députés de la coalition présidentielle pour être candidate au perchoir. Elle a donc toutes les chances de devenir la première femme à occuper le prestigieux poste. À moins de s'entendre entre elles, les oppositions n'ont en effet aucune chance de lui ravir le poste. L'élection est programmée le mardi 28 juin.
Le prochain président de l'Assemblée nationale devrait être une présidente, ce qui serait une grande première dans l'histoire de la République française. Yaël Braun-Pivet, 51 ans, avocate et députée La République en marche depuis 2017, a été préférée mercredi soir par ses collègues d'Ensemble à Roland Lescure. Elle s'est imposée au second tour par 105 voix contre 85 pour son concurrent.
Présidence de l'Assemblée : "Ma candidature est celle du rassemblement. J'ai montré que j'étais en capacité de travailler avec les oppositions. (...) Nous sommes tous légitimes, les Français nous ont élus pour que l'on travaille à leur service", déclare @YaelBRAUNPIVET. #DirectAN pic.twitter.com/13I1rSLpca
— LCP (@LCP) June 22, 2022
Forte de son expérience à la tête de la commission des lois sous la législature précédente, Yaël Braun-Pivet a été largement réélue dans les Yvelines le 19 juin. En parallèle, la défaite de Richard Ferrand dans son fief du Finistère a ouvert la voie à un renouvellement du perchoir. Une fonction prestigieuse que convoitait déjà la députée en septembre 2018, quand elle avait brièvement fait acte de candidature avant de se rétracter, laissant l'élu breton succéder à l'époque à François de Rugy. "C'est un profil d'expérience, d'ouverture aussi vis-à-vis des oppositions. On a vu sa belle évolution comme présidente de commission... et elle a encore un gros potentiel", juge une députée commissaire aux lois, qui a voté pour elle.
Depuis un peu plus d'un mois, Yaël Braun-Pivet occupe le portefeuille de ministre des Outre-mer mais, entre le gouvernement et le perchoir, elle a donc préféré l'Assemblée nationale. Dans l'hémicycle mardi 28 juin, jour de l'élection du prochain président, elle pourra compter sur le soutien des élus de La République en marche, Horizons et du MoDem, soit environ 250 députés. Face à elle, les groupes d'opposition devraient eux aussi présenter des candidats, à l'image d'Annie Genevard pour Les Républicains. L'élection du président se fait à la majorité absolue les deux premiers tours, à la majorité relative en cas de troisième tour. Mathématiquement, Yaël Braun-Pivet est donc favorite pour l'emporter, à moins que les oppositions (du RN à LFI) ne votent comme un seul homme pour un autre candidat. Un cas de figure pas impossible sur le papier, improbable dans les faits.
L'arrivée de Yaël Braun-Pivet au sommet du Palais-Bourbon serait aussi l'occasion pour elle de mettre ses idées en pratique. Dans un Plaidoyer pour un Parlement renforcé, publié l'année dernière, la députée prenait très clairement position pour un rééquilibrage des pouvoirs au détriment du pouvoir exécutif. "Le gouvernement a certains pouvoirs que nous n’avons pas et qui me paraissent exorbitants", expliquait-elle à LCP. Pour éviter l'image désastreuse d'un hémicycle parfois clairsemé pendant des votes importants, elle souhaite réserver un créneau hebdomadaire pour voter les lois, avec la possibilité pour les députés de se prononcer à distance.
Déjà stratégique dans un hémicycle doté d'une majorité absolue, la fonction de président de l'Assemblée devrait prendre encore de l'épaisseur avec la majorité relative dont dispose les forces d'Ensemble. Le quatrième personnage de l'État peut saisir le Conseil constitutionnel sur un texte de loi, procède à des nominations stratégiques et préside les séances avec six autres vice-présidents. Il est aussi à la tête du bureau de l'Assemblée, qui organise la vie interne de l'institution, et de la conférence des présidents, rendez-vous hebdomadaire stratégique où l'ordre du jour des textes est fixé en lien avec le gouvernement et les groupes d'opposition.