Yaël Braun-Pivet : un premier déplacement "sous le signe des femmes"

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Yael Braun-Pivet et Ghada Hatem
par Soizic BONVARLET, le Vendredi 1 juillet 2022 à 09:35, mis à jour le Vendredi 1 juillet 2022 à 19:28

La nouvelle présidente de l'Assemblée nationale a effectué son premier déplacement, vendredi 1er juillet, à la Maison des femmes de Saint-Denis. Une visite au cours de laquelle Yaël Braun-Pivet, interrogée sur le sujet par LCP, est revenue sur l'état du droit et de l'accès à l'IVG en France, une semaine après la décision de la Cour suprême des États-Unis.

La gynécologue-obstétricienne Ghada Hatem a crée la Maison des femmes en juillet 2016, afin de proposer aux femmes en difficulté, dont celles victimes de violences, un lieu de prise en charge globale, individualisée et pluridisciplinaire. Rattachée à l’hôpital Delafontaine, la Maison des femmes dispose de trois unités de soins spécialisées : un centre de planification familiale, une unité 'Mutilations sexuelles féminines', et une autre dédiée aux 'Violences conjugales, intrafamiliales, sexuelles et sexistes'. Les femmes qui le désirent peuvent se rendre dans un bureau de commissariat au sein-même des locaux, où les reçoivent dans la discrétion, un personnel spécifiquement formé à la question des violences conjugales et intra-familiales.

Une visite au message symbolique pour Yaël Braun-Pivet

La présidente de l'Assemblée nationale n'a pas hésité à assumer, et a même revendiqué, le caractère hautement symbolique de sa visite, dans la nouvelle fonction qui est la sienne. "Je me suis dit aujourd'hui que c'était important de placer ce premier déplacement sous le signe des femmes", a-t-elle déclaré, rendant tout à la fois hommage "aux femmes qui agissent", et en particulier à Ghada Hatem, mais aussi "aux femmes qui ont besoin d'être protégées".

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"Il y a une vraie symbolique, mais pas seulement. Il faut des symboles, mais qu'ils portent quelque chose de beaucoup plus profond", a poursuivi Yaël Braun-Pivet. "Là on est vraiment dans le concret. Je suis toujours dans la recherche de cette énergie humaine qui fait que le projet, la conviction, emportent tout", a confié l'ancienne avocate, qui s'est ensuite vue remettre par Ghada Hatem un bracelet porté par l'ensemble des actrices de la Maison des femmes, gravé à la mention d'"héroïne". "Je le porterai lors de ma séance au perchoir à l'Assemblée la semaine prochaine, vous pourrez vérifier", a remercié la députée.

Droit à l'IVG : se munir d'un "bouclier" pour le protéger

Suite à la décision de la Cour suprême rendue la semaine passée, dont l'onde de choc a largement excédé les frontières des États-Unis, le gouvernement, ainsi que des membres de la majorité présidentielle, ont souhaité réaffirmer leur attachement au droit à l'IVG. La Première ministre s'est ainsi rendue le 29 juin au siège du Planning familial, après avoir formulé son soutien à l'initiative d'Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance (ex-La République en marche, ndlr) à l'Assemblée, de déposer une proposition de loi afin de constitutionnaliser le droit à l'avortement. Dans l'opposition, des voix se sont également faites entendre dans le même sens, la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, reprenant la proposition déjà ancienne de son groupe d'inscrire le droit à l'IVG dans le texte fondamental de la République.

Yaël Braun-Pivet n'a pas toujours soutenu l'idée de graver le droit à l'IVG dans le marbre de la Constitution. "Je ne pense pas que l'inscription de ce droit dans la Constitution, soit d'une part, nécessaire, d'autre part, utile", avait ainsi estimé, en juillet 2018, celle qui était alors présidente de la commission des lois, réagissant à un amendement en ce sens proposé par La France insoumise. Aujourd'hui, sans revenir sur ses déclarations passées et au-delà de la méthode, la présidente de l'Assemblée nationale estime que l'important est de sanctuariser le droit à l'avortement, avec un accès à ce droit qui ne doit pas subir d'entraves quelles qu'elles soient.

"Constitutionnalisation ou pas, je trouve que la première question n'est pas là. La première question, c'est comment on s'assure que ce droit est accessible à toutes les femmes sur le territoire, et qu'il n'y pas de possibilité de le remettre en cause. Si pour cela, il faut le constitutionnaliser, je serai évidemment favorable à cette constitutionnalisation", a-t-elle expliqué, interrogée sur le sujet par LCP, avant de former le voeu d'une concertation "transpartisane", en faveur "d'une sorte de bouclier, pour que ce droit puisse être toujours préservé".

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Ghada Hatem n'a, pour sa part, "pas le sentiment" qu'en termes de droit à l'avortement, la France soit à ce jour "menacée", bien qu'elle accueille favorablement toute mesure qui puisse l'inscrire plus fortement encore dans le marbre de la loi. Elle estime cependant que les militants "anti-choix" - terme qu'elle préfère à celui de "pro-vie" -, ont repris des couleurs depuis quelques années, et que le soutien des responsables politiques pour "faire le ménage", et mener la bataille culturelle aux côtés des acteurs de terrain en faveur des droits des femmes, ne peut qu'être bénéfique.