Le gouvernement veut vendre ses participations dans le groupe ADP. Cette privatisation d'un des ensembles aéroportuaires les plus importants au monde interroge. Malgré une action au plus haut, la concession à un acteur privé pendant 70 ans paraît bien longue...
Augustin de Romanet est-il le meilleur porte-parole du gouvernement ? Lors de son audition mercredi, le Pdg du groupe Aéroports de Paris (ADP) s'est évertué à rassurer les députés sur les conséquences d'une privatisation.
Officiellement réalisée pour financer un fond pour l'innovation, la vente des parts de l'État dans le groupe ADP (50,6%) pourrait lui rapporter gros, en tout cas à court terme. Sous la présidence actuelle, l'action ADP a en effet été multipliée par trois. La valorisation des parts de l'État flirte en ce moment avec les 9 milliards d'euros.
Mais des députés s'interrogent sur l'opportunité d'une telle cession, qui laisserait un groupe privé (le Français Vinci serait sur les rangs) exploiter les commerces et les pistes de Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly pendant 70 ans. Pour justifier leurs réserves, ils avancent deux raisons :
D'une part, les dividendes versées par le groupe public à l'État sont aujourd'hui loin d'être négligeables (170 millions d'euros en 2017) ; d'autre part, certains craignent une remise en cause d'un outil "régalien", puisqu'on touche à la propriété d'infrastructures éminemment stratégiques.
Une inquiétude balayée par Augustin de Romanet. Selon lui, en cas de problème avec le futur exploitant, "à tout moment, les pouvoirs publics se garderont la faculté de changer son comportement, faute de quoi il sera déchu".
Le projet de loi PACTE, présenté en juin en conseil des ministres, sera examiné par l'Assemblée nationale à la rentrée. Il doit permettre à l'État de privatiser ADP en revendant ses parts.
Interrogé sur l'automatisation des transports, Augustin de Romanet a révélé aux députés que l'objectif du groupe était de se passer de conducteurs sur les pistes dans une décennie :
Nous ne devrions plus avoir de véhicules avec des combustibles fossiles et avec des conducteurs sur nos aéroports en 2030.Augustin de Romanet, 4 juillet 2018