Les députés du groupe "Les Démocrates" - émanation du MoDem, le parti de François Bayrou - sont réunis pour leurs journées parlementaires, organisées ce lundi 15 septembre et demain mardi à Cabourg et Varaville près de Caen (Calvados). Dans quel état d'esprit, une semaine après la chute du gouvernement Bayrou ? Reportage.
Ils veulent se montrer "déterminés et optimistes". Et peu importe si le chef de file de leur parti, François Bayrou, ayant échoué à obtenir la confiance de l'Assemblée nationale, a été contraint de quitter Matignon après neuf mois à la tête du gouvernement. "Notre voix ne s'étouffe pas" assurent les députés du groupe "Les Démocrates", présidés par Marc Fesneau.
Réunis dans le Calvados pour leurs journées parlementaires, ils ont planché, ce lundi 15 septembre, sur la fiscalité et sur les populismes avant d'accueillir pour un dîner sans caméra, ni micro, l'ex-Premier ministre, François Bayrou. Mais pas de nostalgie ou de regret. "C'est le passé, maintenant on passe à autre chose" balaye un élu centriste. Et le groupe est naturellement prêt à "aider le Premier ministre Sébastien Lecornu", comme l'affirme Marc Fesneau, qui répète à l'envi la nécessité d'être "plus lisibles" au sein du socle commun, quitte à ne "pas cacher ce sur quoi nous ne sommes pas d'accord".
Chez la trentaine de députés présents, pas d'animosité contre celui qui a succédé à François Bayrou. Christophe Blanchet, le député de la circonscription qui accueille les journées parlementaires, a côtoyé le ministre des Armées du gouvernement sortant en commission de la défense à l'Assemblée. Il loue le travail de Sébastien Lecornu : "Il a réussi à respecter et traiter avec tout le monde pour faire passer la loi de programmation militaire". "Dans ma circonscription, les gens me réclament un peu de stabilité, quelle que soit leur opinion politique. Pour eux, le grand choc ce sera 2027, mais avant ils veulent de la stabilité", ajoute Christophe Blanchet voyant là un atout pour le nouveau Premier ministre. Même constat pour la députée de Savoie Marina Ferrari députée de Savoie qui se "refuse à une forme de fatalisme. Tout l'été sur le terrain les gens me disaient : 'Mettez-vous d'accord !'".
le compromis ce n'est pas 'tu viens sur mes positions', le compromis c'est 'on vient sur des positions qui n'étaient pas nos positions de démarrage'. Marc Fesneau (président du groupe "Les Démocrates")
Les premiers pas de Sébastien Lecornu sont jugés encourageants. "Lecornu a essayé de montrer quelque chose de l'ordre de l'apaisement en lâchant très vite sur les deux jours fériés. Bayrou a une forme de fierté béarnaise, Lecornu a un profil avec plus d'élasticité" juge le député du Loiret Richard Ramos. Avec sa promesse de rupture sur la méthode, sur la forme, mais aussi sur le fond, le Premier ministre a marqué des points chez les centristes. "Il a peut-être fait prendre conscience au président de la République qu'il fallait lâcher prise et le laisser faire", veut croire un député. Et que les choses puissent bouger sur la question de la fiscalité des hauts patrimoines n'est pas pour déplaire aux élus du groupe "Les Démocrates". S'il est opposé à la taxe dite Zucman, "un non-sens juridique" pour le spécialiste des finances Jean-Paul Matteï, le MoDem s'est toujours distingué dans le bloc central par sa volonté d'une plus grande justice fiscale par une contribution sur les hauts revenus ou une taxe sur les surdividendes.
Mais alors que Sébastien Lecornu s'est dit prêt à travailler "sans idéologie" sur les questions de justice fiscale, cela suffira-t-il à convaincre les socialistes de ne pas faire tomber un nouveau Premier ministre ? Le député du Finistère Erwan Balanant se dit "très surpris de la virulence" des socialistes, tandis que Marina Ferrari y voit "un jeu politique où chacun montre les muscles". "Olivier Faure est atteint de schizophrénie, il veut être gluckmannien et mélenchonien, dans une opposition rude un jour et un parti de gouvernement le lendemain" , avance Richard Ramos, qui ne pense pas pour autant que le premier secrétaire du PS puisse appuyer à nouveau sur le bouton et faire chuter le gouvernement, "alors les socialistes vont vouloir un gain, peut-être 10 milliards, est-ce que c'est moins cher que le chaos ?".
Au micro de LCP, Marc Fesneau détaille la méthode et l'objectif pour mener à bien les discussions : le compromis (voir la vidéo en tête d'article). "Ça nécessite que le Premier ministre fasse des pas, que nous fassions des pas, parce que le compromis cela n'est pas 'tu viens sur mes positions', le compromis c'est 'on vient sur des positions qui n'étaient pas nos positions de démarrage'. Et à partir de là, on verra les gens qui ont envie de passer outre les affaires boutiquières (...) pour essayer de conjurer la logique implacable de la capitulation devant le chaos".