"Liens" entre partis politiques et islamisme : la commission d'enquête met en cause la "stratégie électoraliste" de LFI

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Jean-Luc Mélenchon LCP 06/12/2025
Le fondateur de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, à l'Assemblée nationale, le 6 décembre 2025 (© LCP)
par Raphaël Marchal, le Mercredi 17 décembre 2025 à 13:00, mis à jour le Mercredi 17 décembre 2025 à 13:05

Le rapport de la commission d'enquête sur "les liens entre représentants de mouvements politiques et organisations propageant l’idéologie islamiste", qui avait été lancée à l'initiative de Laurent Wauquiez, dénonce une "proximité" entre des élus insoumis et des individus ou structures relevant de l'islamisme. "L’engagement de LFI dans une stratégie clientéliste auprès de l’électorat musulman a pu faire de ce mouvement une cible privilégiée", estime Matthieu Bloch (UDR) dans le rapport de la commission, qui est dévoilé ce mercredi 17 décembre.

Au terme de 29 auditions et de plusieurs mois de travaux, la commission d'enquête "sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste" présente, ce mercredi 17 décembre, ses conclusions à travers un rapport rédigé par Matthieu Bloch (Union des droites pour la République) et que LCP a pu consulter.

Après une genèse compliquée, cette commission d'enquête créée à l'initiative du président du groupe Droite républicaine, Laurent Wauquiez, a entendu des responsables politiques, des directeurs de services de renseignements, ainsi que des représentants du monde universitaire. L'audition de Jean-Luc Mélenchon, début décembre, avait été particulièrement médiatisée.

Dans son rapport, Matthieu Bloch (UDR) met en cause des liens qu'il estime avérés entre La France insoumise et des individus ou organisations relevant de l'islamisme politique, dénonçant la "proximité affichée de certains de ses membres avec des individus proches de mouvements islamistes". Une proximité renforcée depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023 en Israël, soutient-il, évoquant notamment l'eurodéputée Rima Hassan et le député Thomas Portes. "Certains élus LFI semblent avoir intensifié significativement cette stratégie en instrumentalisant la cause palestinienne et en la plaçant au cœur de leur discours politique". 

Le rapporteur poursuit en estimant que la "stratégie électoraliste" de La France insoumise a pu conduire certains de ses élus à des "signes de complaisance, voire de soutien actif à des individus proches des mouvements islamistes". En parallèle, l'engagement de LFI dans une stratégie qualifiée de "clientéliste" auprès de l'électorat musulman a pu faire de ce mouvement une "cible privilégiée" de stratégies d'entrisme, considère-t-il. Et le député du groupe présidé par Eric Ciotti de dénoncer un "amalgame" entretenu entre islam et islamisme. Il écrit : "Prétendant défendre les musulmans, certains élus de LFI soutiennent en réalité des individus proches des mouvements islamistes."

Elus nationaux et locaux "en première ligne" face à l'entrisme

LFI n'est pas la seule organisation ciblée par le rapport de la commission d'enquête qui a été présidée par Xavier Breton (Droite républicaine). Selon Matthieu Bloch, la plupart des mouvements de gauche peuvent, ponctuellement ou fréquemment, établir des convergences militantes avec la mouvance islamiste. Par ailleurs, des contacts avec des personnes connues, proches de la mouvance islamiste, peuvent également concerner des partis du centre et de la droite, plutôt au niveau local, voire avec certains partis d'extrême droite, autour d'un "antisémitisme partagé".

"Semble s’installer un jeu dangereux conduisant certains élus de la Nation à cautionner, par leur présence ou leur silence, la mouvance islamiste et des discours portant atteinte aux principes de notre République", met en garde le rapporteur.

Elus nationaux et locaux sont "désormais en première ligne" face à la menace islamiste, juge-t-il, notant que ces liens tiennent parfois à une "méconnaissance des finalités poursuivies par ces individus ou collectifs". "Dans d’autres cas, il peut s’agir de stratégies électorales classiques, sans perception claire de l’idéologie propagée par leurs interlocuteurs."

Cette finesse du trait pouvant conduire à ce que des élus puissent faire l'objet de "d’accusations non justifiées de complicité ou de clientélisme en raison de décisions légales prises, avec le soutien des services de l’État, au bénéfice de la communauté musulmane", assure Matthieu Bloch, qui appelle à renforcer l'information des élus locaux, en institutionnalisation un dialogue avec le préfet.

Le rapport préconise d'ailleurs une "vigilance renforcée" en vue des élections municipales de 2026, la probabilité de voir de l'entrisme dans les listes électorales étant "assez forte", selon les mots du ministre de l'Intérieur, Laurent Nunez, lors de son audition par la commission d'enquête. Le ministre considérant, en revanche, que la constitution de listes communautaires devrait demeurer un "phénomène marginal".

Faire évoluer le cadre légal et sensibiliser à la menace islamiste

"L'islamisme politique est une menace sérieuse pour nos institutions. il faut réagir dès maintenant", soutient Matthieu Bloch, qui pointe dans son rapport les "limites" de certains outils en vigueur pour répondre pleinement à la menace de l'islamisme politique. Parmi ses 32 recommandations, le député UDR préconise de renforcer certaines prérogatives des services de renseignement, de renforcer le contrôle des subventions versées aux associations, ou encore de renforcer le dispositif de gel des avoirs. 

Un sursaut collectif est urgent pour faire entrer l’action publique dans une nouvelle phase permettant de lutter plus efficacement contre le séparatisme et l’entrisme islamistes. Rapport de la commission d'enquête

Il juge également nécessaire de renforcer l'information des parlementaires, en prévoyant un débat sur l'islamisme politique, ainsi qu'en développant les interactions entre les services de renseignement et le Parlement. Le rapport propose, en outre, de renforcer les procédures de sélection des candidats au sein de partis. Et il invite à "interdire formellement" aux ministres du culte de diffuser des consignes électorales dans les lieux de prière.

Evoquant la porosité de certains secteurs à des mouvements islamistes, notamment les Frères musulmans, comme le secteur éducatif, universitaire, le monde associatif et sportif, ou encore les réseaux sociaux, le rapport estime enfin utile de les sensibiliser particulièrement à la menace islamiste.

LFI torpille les conclusions de la commission d'enquête

Dans sa contribution au rapport, le groupe La France insoumise fustige une commission d'enquête "partiale et partielle", "illégitime", jugeant que les auditions démontrent "l'absence de preuves de connivences entre des mouvements politiques injustement ciblés et des organisations terroristes ou islamistes".