Auditionné par la commission d'enquête "sur les liens existants entre représentants de mouvements politiques et organisations propageant l’idéologie islamiste", ce samedi 6 décembre, le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a assuré que le mouvement qu'il a fondé est imperméable à l'entrisme religieux.
Incertaine, puis attendue, l'audition de Jean-Luc Mélenchon devant la commission d'enquête sur des "liens" supposés entre "les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste", s'est déroulée dans une ambiance calme et sereine, ce samedi 6 décembre, à l'Assemblée nationale. Prenant parfois des airs de cours magistral d'histoire des religions, tant le fondateur de La France insoumise a truffé ses réponses de références et d'anecdotes historiques.
Rappelant la genèse de la commission d'enquête, souhaitée par le groupe de la Droite républicaine, Jean-Luc Mélenchon a indiqué qu'il avait initialement décidé de "boycotter" l'instance, qui visait spécifiquement LFI. Mais, a-t-il jugé, les auditions menées au fil des semaines par la commission "innocentent absolument" son mouvement politique. "Tous les responsables de services de renseignement que vous avez entendus, aucun ne dit qu'il y a un lien entre nous et les islamistes", a-t-il soutenu, en référence, notamment, aux déclarations d'Hugues Bricq, directeur du renseignement de la Préfecture de police de Paris.
Dès lors, volontiers "taquin", selon son mot, Jean-Luc Mélenchon s'est étonné que la commission d'enquête n'auditionne pas le président du groupe DR, Laurent Wauquiez. "C'est lui qui a inventé l'idée que nous serions responsables, nous, les insoumis, de je ne sais quelle connivence", a-t-il ajouté, soulignant l'absence de l'intéressé.
"Notre mouvement n'acceptera jamais l'entrisme religieux", a martelé le triple candidat à l'élection présidentielle, détaillant longuement pourquoi, selon lui, la "matrice intellectuelle" de LFI rend le mouvement difficilement perméable à cette menace. "La question de la laïcité de l'Etat est fondatrice", a-t-il indiqué, rappelant la formation reçue en la matière par chacun des cadres du mouvement.
Désireux de bien marquer la distinction entre islam et islamisme - distinction également opérée par le président de la commission, Xavier Breton (DR), Jean-Luc Mélenchon a reconnu l'existence d'une menace islamiste, parmi d'autres.
Interrogé par le rapporteur de la commission, Matthieu Bloch (Union des droites pour la République), sur sa conception de la laïcité, le fondateur de LFI a exposé son cheminement de pensée, reconnaissant avoir pu évoluer sur plusieurs points, lui qui s'est décrit comme un ex-"enragé de la laïcité", après avoir rompu avec la religion chrétienne. "La vie avançant, j'ai renoncé à une forme d'anticléricalisme grossier, duquel je veux m'excuser auprès de ceux que j'ai pu blesser." Il a défendu une vision de la laïcité "protectrice de la liberté de culte".
C'est par cette évolution personnelle qu'il a notamment expliqué sa position actuelle sur le voile. "Les gens se mettent ce qu'ils veulent sur la tête. La rue n'est pas laïque, contrairement à l'Etat", a-t-il lancé. Avant de répondre à Matthieu Bloch (UDR), qui l'interrogeait spécifiquement sur le port du voile par des mineures : "Vous me parlez du voile, et des enfants à qui l'on met un voile. Et que dites-vous de la circoncision ? Elle concerne des jeunes enfants, à qui on ne demande pas leur avis."
Répondant aux accusations de "minimisation de l'antisémitisme" de Prisca Thévenot (Ensemble pour la République), Jean-Luc Mélenchon s'est dit "prêt à venir pour expliquer en quoi consiste la bataille contre l'antisémitisme" menée par LFI. Et de rétorquer à la députée du parti présidentiel : "Vous n'étiez pas née que j'étais en train d'aider des Juifs à quitter l'URSS".
Le leader insoumis a également été interrogé sur la présence de personnalités controversées dans certaines manifestations auxquelles ont pu participer des élus de son mouvement. "Pendant le mariage pour tous vous étiez tous dans des manifestations avec des islamistes, ça ne vous a pas dérangés", a-t-il lancé aux députés de droite.
Après Jean-Luc Mélenchon, les députés ont entendu le ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Il s'agissait de l'ultime audition de la commission d'enquête, qui doit se réunir à huis clos mercredi prochain, le 10 décembre, pour examiner le rapport qui sera présenté aux membres de l'instance par Matthieu Bloch (UDR).