La commission d'enquête "sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations (...) propageant l’idéologie islamiste" compte auditionner Jean-Luc Mélenchon mardi prochain, le 2 décembre. L'entourage du chef de file de La France insoumise affirme cependant, à ce stade, ne pas avoir reçu de convocation.
Jean-Luc Mélenchon sera-t-il auditionné par la commission d'enquête "sur les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste" ? La commission - créée à la demande du groupe Droite républicaine, présidé par Laurent Wauquiez -, qui vise notoirement La France insoumise, a prévu d'entendre le fondateur du mouvement de gauche le 2 décembre, c'est-à-dire mardi prochain.
L'audition, sous réserve de confirmation, figure à l'agenda du Palais-Bourbon depuis hier, jeudi 27 novembre. Mais une incertitude demeure encore, l'entourage de Jean-Luc Mélenchon affirmant, à l'heure de la publication de cet article, ne pas avoir reçu la moindre convocation. La commission d'enquête a "été complètement dévoyée en contournant le règlement de l’Assemblée nationale", dénoncent, en outre, les proches du triple candidat à l'élection présidentielle, dans un courrier transmis à l'AFP.
Les représentants de LFI soulignent que le bureau de l'instance ne comporte aucun député issu d'un groupe de gauche, jugeant cette absence contraire à l'esprit du règlement de l'Assemblée nationale. L'entourage du chef de file des insoumis assurant dans le même temps que celui-ci "se rendrait à toute convocation reçue d'une commission d'enquête qui respecte les règles définies par le règlement de l’Assemblée nationale".
Une version battue en brèche par le rapporteur de la commission d'enquête, Matthieu Bloch (Union des droites pour la République). Sollicité par LCP, il rappelle qu'à l'origine c'est la députée socialiste Sophie Pantel qui en avait été élue présidente. "On ne peut donc pas nous reprocher un manque de représentativité", estime le rapporteur. En juillet dernier, la présidente de l'instance avait rapidement démissionné, justifiant sa décision par un déséquilibre du bureau de la commission composé à la suite de son élection.
Selon l'entourage du président de l'instance, Xavier Breton (Droite républicaine), qui de par sa fonction a notamment la compétence de convoquer les personnes auditionnées, les premiers contacts avec l'entourage de Jean-Luc Mélenchon remontent à une quinzaine de jours. Plusieurs notifications auraient ensuite été adressées aux équipes du fondateur de LFI, dont une par mail et une par courrier, selon Matthieu Bloch (UDR). Enfin, une convocation officielle doit être remise aujourd'hui via un huissier. Selon une ordonnance de 1958, toute personne dont une commission d'enquête a jugé l'audition nécessaire est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée.
"Marine Tondelier a été contactée en même temps, et a répondu tout de suite", souligne le rapporteur de la commission d'enquête, en référence à l'audition de la secrétaire nationale des Ecologistes, qui est prévue mardi juste avant celle de Jean-Luc Mélenchon. "Cette commission n'est pas faite pour faire des coups politiques, du cirque médiatique. C'est une commission d'enquête constructive. il a tout intérêt à venir", commente Matthieu Bloch auprès de LCP, assurant que le travail en cours "doit permettre de voir comment on peut améliorer les choses sur le phénomène de l'entrisme".
Un avis que semble ne pas partager Jean-Luc Mélenchon. "La commission Wauquiez anti-LFI sombre dans le ridicule", a estimé le fondateur de LFI dans une note publiée sur son blog le 21 novembre, qui considère que l'instance a uniquement été mise en place pour "écrire une fable où La France Insoumise serait accusée d’entretenir des liens avec des groupes terroristes ou fanatiques islamiques".
Selon une information de l'AFP confirmée à LCP, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, doit quant à lui être auditionné jeudi 4 décembre, notamment pour faire la lumière sur les suites données à des signalements effectués pour apologie du terrorisme. Cette audition devrait être la dernière avant la clôture des travaux de la commission, qui doit se réunir le 10 décembre à huis clos pour examiner son rapport.
Après un démarrage difficile, marqué par des reports et des rebondissements lors de la désignation de son rapporteur et de son président, la commission d'enquête a notamment auditionné le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, le ministre de l'Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, le directeur du renseignement de la Préfecture de police de Paris, Hugues Bricq, le directeur général de la sécurité extérieure, Nicolas Lerner, ou encore le directeur de Tracfin, Antoine Magnant, ainsi que des universitaires et des journalistes.