Commission d'enquête sur des "liens" entre LFI et des réseaux islamistes : à peine élue, la socialiste Sophie Pantel démissionne de la présidence

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La députée Sophie Pantel.
La députée Sophie Pantel.
par Anne-Charlotte DusseaulxStéphanie Depierre, le Mercredi 2 juillet 2025 à 19:31, mis à jour le Mercredi 2 juillet 2025 à 21:23

La députée socialiste Sophie Pantel, désignée présidente de la commission d'enquête souhaitée par Laurent Wauquiez (Droite républicaine) sur "les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l'action terroriste ou propageant l'idéologie islamiste", ce mercredi 2 juillet, a démissionné de la tête de l'instance quelques heures plus tard. 

A peine élue ce mercredi 2 juillet à la présidence de la commission d'enquête sur "les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l'action terroriste ou propageant l'idéologie islamiste", créée à la demande de Laurent Wauquiez (Droite républicaine), la députée socialiste Sophie Pantel a démissionné. L'élue de Lozère l'a officialisé dans un courrier, que s'est procuré LCP (à lire ici), envoyé dans l'après-midi aux services de l'Assemblée nationale, avec une copie à son président de groupe, Boris Vallaud.

Sollicitée par LCP, Sophie Pantel explique qu'elle avait été désignée par son groupe pour siéger au sein de cette commission. Mais "qu'au regard de la composition de ce bureau d'enquête, qui ne respecte pas la représentativité de toutes les sensibilités, et malgré [ses] observations lors de cette installation", le groupe Socialistes "a décidé que nous n'assumerions pas la présidence", poursuit la députée. Elle ajoute : "Lorsque mon vote est personnel, dans l'hémicycle, je prends les libertés qu'il faut si besoin", mais "en l'espèce je ne suis là [dans cette instance] que par la volonté du groupe". 

Selon nos informations, Sophie Pantel avait accepté de prendre la présidence au dernier moment, faute de candidature, hormis celle d'Aymeric Caron (La France insoumise) à laquelle s'opposait les groupes du socle gouvernemental. Et avant que ne soit procédé à la composition du bureau de la commission.

"La démocratie a été piétinée", dénonce La France insoumise

Or, au terme de la réunion, ce bureau ne comportait aucun député issu de l'un des quatre groupes de gauche de l'Assemblée nationale. Les quatre postes de vice-présidents reviennent à Sylvie Bonnet (DR), Laurent Jacobelli (RN), Jérémie Patrier-Leitus (Horizons) et Caroline Yadan (EPR). Les quatre de secrétaires à Xavier Albertini (Horizons), Géraldine Grangier (RN), Charles Rodwell (EPR) et Prisca Thévenot (EPR). Le député Vincent Jeanbrun (Droite républicaine) a, quant à lui, été désigné pour en être le rapporteur. 

"Une fois de plus, la démocratie a été piétinée puisque nous avons été exclu du bureau qui nous permet d'influer sur les choix des personnes qui vont être auditionnées par cette commission d'enquête", a déploré Aymeric Caron peu après, salle des Quatre-Colonnes. "Ces gens ont voté les uns pour les autres et on se retrouve avec un bureau composé exclusivement de gens très à droite", a renchéri son collègue Hadrien Clouet (LFI), qui dénonce une commisison qui "cherche à empêcher qu'on examine les liens historiques entre l'extrême droite française et le terrorisme".

"Le bloc central aurait pu faire barrage mais a décidé de laisser passer le Rassemblement national (au sein du bureau)", commente auprès de LCP la députée écologiste Sabrina Sebaihi, qui candidatait, elle, pour un poste de vice-présidente - qu'elle n'a donc pas obtenu. 

Un nouveau vote le 8 juillet

Au sein du "socle commun", certains pointent une autre raison à la démission de Sophie Pantel. "Le Parti socialiste s'est rangé derrière les méthodes de mafieux et les menaces de La France insoumise sur la députée Sophie Pantel, c'est très clair", affirme l'entourage de Vincent Jeanbrun, où l'on assure que les insoumis menaçaient la socialiste de présenter un candidat dans sa circonscription lors de prochaines élections.

Mais la droite républicaine fustige aussi l’attitude de l'autre bord de l'hémicycle : "Le Rassemblement national et l'UDR, en ne présentant pas de candidat à la présidence de la commission [qui doit revenir à l'opposition] et en s'abstenant lors du vote, assument de laisser la présidence à Aymeric Caron plutôt qu'à quelqu'un d'autre." 

Et maintenant ? Le vote pour désigner le nouveau président de la commission aura lieu, selon nos informations, mardi 8 juillet à 15h. Reste à savoir qui fera acte de candidature.