Budget 2021 : les grandes lignes présentées aux députés

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Bruno Le Maire, le 23 juillet 2020, à la tribune de l'Assemblée nationale
par Maxence Kagni, le Jeudi 23 juillet 2020 à 09:43, mis à jour le Jeudi 8 octobre 2020 à 16:17

Le gouvernement a présenté jeudi les grandes lignes de sa stratégie budgétaire pour les années 2020 et 2021, dans un contexte plombé par la crise du coronavirus. L'opposition critique le "retard" pris par l'exécutif, dont le plan de relance sera présenté fin août.

Bruno Le Maire l'a une nouvelle fois répété : "La crise économique que nous devons affronter n'a aucun équivalent en France depuis la grande récession de 1929." Le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance a présenté aux députés jeudi les grandes orientations prises par l'exécutif pour les finances publiques.

Malgré des "indicateurs positifs", comme la reprise du secteur automobile, la récession pour l'année 2020 devrait être de -11 %. La dette, quant à elle, sera de 121% du PIB. Bruno Le Maire a d'ailleurs rappelé que ces chiffres, comme tous les autres, "dépendent de la possibilité ou non de la reprise de l'épidémie de coronavirus en France". En clair, les prévisions économiques sont à prendre avec des pincettes.

"Je ne me résigne pas à ces -11% de récession", a ajouté Bruno Le Maire, qui espère que les 460 milliards injectés dans l'économie permettront de réduire ce chiffre "dès 2020".

"Incertitudes totales" en 2021

La croissance devrait rebondir de +8% en 2021, mais ce chiffre est à prendre avec "encore plus de prudence", a précisé le ministre.

Les incertitudes sont considérables pour la fin de l'année 2020, elles sont totales pour l'année 2021.Bruno Le Maire

Bruno Le Maire, qui veut "se battre contre le déclassement économique de la France", a martelé l'objectif du gouvernement : "Retrouver dès 2022 un niveau de richesse national équivalent au niveau d'avant la crise, c'est-à-dire 2019."

Pour atteindre cet objectif, l'exécutif s'appuiera sur son plan de relance de 100 milliards d'euros, financés en partie par le plan de relance européen. Les modalités du plan seront précisées lors du conseil des ministres du 24 août, a rappelé le ministre de l'Economie.

Le plan aura pour objectif de préserver l'emploi, en particulier celui des jeunes, mais aussi de permettre une "décarbonation de l'économie". "Les dépenses engagées doivent être rapides, ciblées, vertes", a résumé Bruno Le Maire, qui ne veut pas "nourrir l'ancien modèle avec les crédits de demain".

Hausse du budget de la justice

Le ministre a également présenté les grandes lignes du budget des missions de l'Etat en 2021, qui augmentera de +7 milliards d'euros. Le gouvernement entend notamment "stabiliser la création d'emplois publics" : la police, la justice et la santé bénéficieront de créations de postes, tandis que d'autres, comme le ministère de l'Economie et des Finances, verront leurs effectifs diminuer.

Plusieurs budgets seront révisés à la baisse comme celui des anciens combattants (-70 millions), de la cohésion des territoires (-60 millions d'euros), ou celui des avances à l'audiovisuel public (-70 millions).

Le ministre chargé des Comptes publics Olivier Dussopt a précisé que le budget de la justice augmentera en revanche de 6%.

Les armées (+1,7 milliards d'euros), l'éducation nationale (+1,3 milliards), la transition écologique (+550 millions), l'enseignement supérieur (+300 millions) et la culture (+150 millions) disposeront également de fonds supplémentaires. Le ministère de l'Egalité entre les femmes et les hommes verra son budget augmenter de 40%.

En "retard"

"Tout est prioritaire, donc rien n'est prioritaire", a commenté le président de la commission des finances Eric Woerth.

Le député Les Républicains estime surtout que le gouvernement, qui présentera son plan de relance à la fin du mois d'août, est "en retard". Une critique reprise à son compte par la présidente du groupe "Socialistes" à l'Assemblée nationale Valérie Rabault : 'C'est beaucoup trop tard."

Pour justifier de l'urgence, la députée PS a évoqué les prévisions de la commission européenne : "La France serait, avec la Grèce, la Finlande et la Croatie, le seul pays de l'Union qui, à fin 2021, aurait un PIB inférieur de plus de trois points à celui de la fin 2021", a expliqué l'élue socialiste, qui précise que cela correspond à "75 milliards d'euros de richesse en moins par rapport à 2019".

Inquiétude pour les jeunes

"Il n'y a rien [de prévu] en termes de soutien financier, à part les [repas à 1 euro pour les étudiants boursiers], pour les jeunes qui sortent de l'université et qui vont sur le marché de l'emploi", a ajouté Valérie Rabault.

Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) a lui aussi évoqué le "choc de 700.000 jeunes gens qui arrivent sur le marché du travail sans qu'aucune garantie d'aucune sorte ne leur soit donnée de l'emploi qu'il pourront trouver".

Des inquiétudes à laquelle a peut-être répondu, à distance, Jean Castex. Le Premier ministre a présenté jeudi dans le Doubs son "plan jeunes" doté d'une enveloppe de 6,5 milliards en 2020-2021. Ce plan prévoit notamment une aide de 4.000 euros pour l'emploi d'un jeune et 60.000 emplois aidés dans le secteur marchand.