L'Assemblée a voté jeudi à la quasi unanimité une résolution pour que l'Organisation mondiale de la santé rachète un des brevets du futur vaccin pour accélérer la production de générique et en faire bénéficier le plus grand nombre. Le gouvernement a également soutenu cette initiative du groupe Agir ensemble.
Dans la course pour déployer un vaccin à l'échelle mondiale contre le coronavirus, la coopération est-elle la voie à suivre ? Les députés français ont en tout cas tranché la question, jeudi, à travers le large vote d'une proposition de résolution du groupe Agir ensemble. Ce texte qui a pour objectif de promouvoir "l'égalité d'accès au vaccin" et "la transparence en matière de recherche" affirme que la vaccination contre la covid-19 est "un droit humain fondamental et imprescriptible".
Pour Vincent Ledoux (Agir), "il est fort à craindre que de nombreuses parties du globe seront privées d'accès aux vaccins, soit parce qu'ils seront trop chers, soit parce qu'ils ne seront pas produits en quantité suffisante".
La résolution dont il est l'auteur incite notamment les instances sanitaires mondiales, par la voie de l'exécutif, à rendre public un futur brevet :
[La résolution] invite le Gouvernement à proposer, au travers de l’Organisation mondiale de la santé, un dispositif adéquat en vue de racheter le brevet du futur vaccin de manière à le rendre accessible à toute l’humanité. Texte de la résolution Agir ensemble
Les "investissements privés consacrés à sa recherche" seraient dès lors "indemnisés raisonnablement".
La proposition fait écho aux intentions affichées par Emmanuel Macron. Le lundi 18 mai, à l'OMS, le président de la République avait souhaité que le futur vaccin contre le coronavirus devienne un "bien public mondial". Sans surprise, le gouvernement a donc soutenu cette résolution, qui n'a toutefois rien de contraignant.
"Donner accès au vaccin à certains et pas à d'autres, ce serait une faute morale, a soutenu le secrétaire d'État Adrien Taquet. L'excellence de la recherche européenne fait que nous aurons sans doute accès au vaccin avant doute : c'est là que les actes pourront rejoindre les paroles." Des "rétrocessions" d'une "partie des doses" pour les "personnels soignants des pays les plus pauvres" seront organisées, a-t-il ajouté.
Seule à voter contre le texte, Agnès Thill (UDI et indépendants) a jugé "profondément irréaliste de demander aux membres de l'OMS d'acheter le brevet d'un vaccin pour le délivrer à la terre entière", objectant notamment "le choix du laboratoire". "Notre groupe défend une vision plus pragmatique visant à favoriser l'accès au vaccin des pays les plus touchés par le virus", a-t-elle proposé.
Selon l'OMS, plus de 169 vaccins candidats contre la covid-19 sont en cours de développement, dont 26 en phase d’essai chez l’homme.