Les députés Gérard Leseul (Socialiste) et Danielle Brulebois (LREM) ont présenté ce jeudi les premières conclusions de la mission flash sur le traitement des masques usagés, lancée en novembre dernier. En 2020, les masques ont généré près de 40 000 tonnes de déchets en France. Or, il n’existe aujourd’hui aucune filière de recyclage clairement constituée.
En 2020, entre 6,8 et 13,7 milliards de masques auraient été utilisés en France. À l’échelle mondiale, plus de 1,5 milliards auraient déjà fini dans les océans. Et le phénomène pourrait encore s'amplifier. Face aux variants du virus, le 18 janvier dernier, les autorités françaises ont appelé à privilégier les masques de "catégorie 1" en raison de leur pouvoir filtrant, excluant de fait une grande partie des masques en tissu (artisanaux ou de catégorie 2). Problème : les masques chirurgicaux sont eux composés de polypropylène et leur traitement après usage pose de nombreuses questions. Face à ce défi, les rapporteurs de la mission flash de l'Assemblé nationale sur le traitement des masques usagés ont, ce jeudi, proposé des pistes de réflexion pour lutter contre cette nouvelle pollution.
Pour limiter le nombre de déchets, les députés Gérard Leseul (Socialiste) et Danielle Brulebois (LREM) recommandent en premier lieu de privilégier les masques en tissus de catégorie 1, lavables et réutilisables. Ils rappellent que "le meilleur déchet, c’est celui que l’on ne produit pas". Ils pointent la nécessité d'encourager cette pratique auprès des citoyens et des entreprises, allant jusqu’à suggérer que les administrations publiques fournissent des masques réutilisables aux fonctionnaires.
Néanmoins, les deux auteurs du rapport notent que les masques chirurgicaux, continuent de se démocratiser. Or ces masques sont aujourd'hui considérés comme à "usage unique". Pourtant, en avril 2020, un consortium de chercheurs et d’acteurs médicaux a démontré que les masques chirurgicaux continuaient de protéger même après 10 cycles de lavage à 60°C, avec du détergent. Cependant cette étude laisse ouverte certaines questions, auxquelles seul un essai clinique pourrait répondre, avant d'encourager cette pratique. Pour parvenir à la réalisation de cet essai clinique, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) doit valider une demande de protocole de recherche impliquant la personne humaine (RIPH). Les rapporteurs lui en font la demande.
Gérard Leseul, Rapporteur de la mission flash
En ce qui concerne la question du recyclage, les rapporteurs rappellent que tout part du terrain. Citant l'exemple de la start-up "NeutraliZ Protection Essentielle", située à Tours, qui recycle les masques, les députés demandent à l’État de soutenir et à encourager les initiatives locales.
Comme pour tout déchet, la question du recyclage pose celle de la collecte. En la matière les députés constatent l’absence d’une filière de recyclage adaptée. Ils appellent cependant à trier les masques usagés. Dans les domiciles particuliers, il est nécessaire de bannir la poubelle jaune. Mais dans les lieux collectifs, les rapporteurs encouragent à l’utilisation de points de collecte dédiés pour « massifier les flux de masques ». Enfin à hôpital, la question diffère puisque les masques sont considérés comme des déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI). Avant tout recyclage, il est donc nécessaire de les désinfecter.
Sur ce sujet, le rapport note que si le plan de relance consacre près de 10 millions d’euros sur 2 ans au financement d’équipements de banalisation des DASRI, il est nécessaire que les moyens soient donnés aux territoires pour organiser le traitement de ces masques.