Démission de Sébastien Lecornu : "Quand on promet la rupture, il faut l'assumer", dit Bruno Retailleau

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Bruno Retailleau TF1 06/10/2025
Le président des LR, Bruno Retailleau, sur le plateau de TF1, le 6 octobre 2025
par Raphaël MarchalElsa Mondin-Gava, le Lundi 6 octobre 2025 à 14:41, mis à jour le Lundi 6 octobre 2025 à 14:47

Le président des Républicains, Bruno Retailleau, a affirmé qu'il ne sentait "pas du tout" responsable de la démission du Premier ministre, Sébastien Lecornu, évoquant un "problème de confiance". "Quand on promet la rupture, il faut l'assumer", a déclaré le ministre de l'Intérieur du gouvernement démissionnaire, sur TF1 ce lundi 6 octobre. "Nous ne basculons pas dans l'opposition", a-t-il toutefois assuré.

"Je ne peux pas m'engager dans un gouvernement où l'on ne me dit pas tout." Sur le plateau du journal de 13 heures de TF1 ce lundi 6 octobre, le patron des Républicains, Bruno Retailleau, est revenu sur la crise politique qui s'est énclenchée la veille après l'annonce de la composition du gouvernement de Sébastien Lecornu. Selon le ministre de l'Intérieur démissionnaire, qui avait été reçu pendant "une heure et demie" à Matignon dimanche, le Premier ministre n'a "jamais évoqué la présence de Bruno Le Maire au gouvernement".

"On promet un rupture, et on se retrouve avec des chevaux de retour"

"Il y a un problème de confiance", a jugé Bruno Retailleau. "On promet un rupture, et on se retrouve avec des chevaux de retour", a-t-il poursuivi, assurant qu'il n'avait rien contre la personnalité de Bruno Le Maire, mais que le retour de l'ex-ministre de l'Economie aux responsabilités, même dans un autre ministère; était "un symbole de déconnexion", alors même que son passage à Bercy est associé à la dégradation des finances publiques de la France. 

Alors même que son post sur X avait mis le feu aux poudres dimanche soir, Bruno Retailleau a confié ne "pas du tout" se sentir responsable de la démission de Sébastien Lecornu. "L'important pour moi, c'est que les Français qui nous regardent ne se sentent pas trahis", a-t-il confié. "A aucun moment je n'ai pris cette décision sur des critères partisans", a affirmé le président de LR, ajoutant ne pas tenir compte du nombre de membres de sa famille politique nommés au gouvernement. "Ce gouvernement concentrait toutes les conditions pour être censuré."

S'il y a situation de blocage, alors il faudra le retour aux urnes. Bruno Retailleau (président des Républicains)

"On ne peut plus s'engager s'il n y a pas un cap qui soit très franc", a justifié Bruno Retailleau, précisant néanmoins que la droite ne basculait pas dans l'opposition. Evoquant les hypothèses de sortie de crise, il a en revanche prévenu qu'il était "hors de question de cautionner un gouvernement et un Premier ministre de gauche". Et d'en appeler à Emmanuel Macron à prendre ses responsabilités : "La clé de voûte, c'est le président de la République", a-t-il souligné. Nouveau gouvernement, dissolution de l'Assemblée nationale... "C'est lui qui a les clés de notre avenir", a estimé le ministre démissionnaire, ajoutant : "Dans cette période de trouble, il faut qu'il prenne la parole."

"Tout faire péter comme ça, c'est ridicule"

En interne, chez Les Républicains, la stratégie de Bruno Retailleau interroge cependant. Voire divise. "Tout faire péter comme ça c'est ridicule", tacle un député du groupe Droite républicaine présidé par Laurent Wauquiez, se disant "désolé" par l'image de "bordel sans nom" donné par "toute la classe politique". "Bruno Le Maire, ce n'est pas Christiane Taubira", juge-t-il, agacé par "l'image de désordre" donnée par ceux-là même qui se réclament du "parti de l'ordre". "On apparait comme ceux qui topons pour faire tout exploser derrière", déplore-t-il, craignant que la séquence ne bénéficie avant tout au Rassemblement national.

Un autre député LR vient plutôt en soutien de Bruno Retailleau. "On nous parle de rupture et on nous ressort Bruno Le Maire. C'est dingue !", s'exclame-t-il, estimant que Sébastien Lecornu était persuadé de faire avaler "n'importe quoi" au patron des LR, à condition qu'il reste en fonction place Beauvau. "Sur le fond, on n'avait pas de garanties, et sur la forme, on nous remet les grands macronistes triomphants alors qu'on est dans un effort budgétaire", poursuit cet élu, évoquant une probable "avalanche" de réactions de la base du parti face à la composition "inacceptable" du gouvernement qui aurait en partie au moins motivé la décision de Bruno Retailleau. 

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"Ce que nous avons ressenti comme des millions de Français, c'est que le président de la République et le Premier ministre n'avaient pas tiré les enseignements de ce que la dissolution avaient apporté de résultats. Nous sommes là pour servir le pays, pas pour servir de béquille à un système politique incapable de se renouveler", a pour sa part lâché le vice-président exécutif du parti, François-Xavier Bellamy, à la sortie du conseil stratégique des Républicains.