Économies budgétaires : 10 milliards d'annulations de crédits en 2024, avant "au moins 20 milliards d'économies" en 2025

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par Maxence Kagni, le Mercredi 6 mars 2024 à 19:10

Auditionnés par la commission des finances de l'Assemblée nationale ce mercredi 6 mars, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, et le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, ont défendu le plan d'économies de 10 milliards d'euros annoncé pour 2024 et prévenu qu'au moins 20 milliards d'euros d'économies supplémentaires seraient nécessaires en 2025.

Pour Bruno Le Maire, "l'heure des choix a sonné". Le ministre de l'Economie et des Finances a présenté, ce mercredi 6 mars, devant la commission des finances de l'Assemblée nationale, le plan d'économies de 10 milliards d'euros du gouvernement pour l'année 2024. Accompagné du ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, Bruno Le Maire a rappelé sa volonté "revenir sous les 3% de déficit en 2027" et de "lancer la France sur une trajectoire d'équilibre de ses finances publiques en 2032".

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"La France est accro depuis un demi-siècle à la dépense publique. Elle ne la maîtrise pas, elle la subit", a martelé Bruno Le Maire, qui explique que "la France a le niveau de dépenses publiques le plus élevé de tous les pays développés". Le ministre de l'Economie et des Finances, qui refuse d'augmenter les impôts, a notamment proposé de supprimer les "dépenses exceptionnelles", comme le bouclier tarifaire sur le gaz, et de continuer les "réformes structurelles".

"Ces annulations [de 10 milliards] ne sont qu'une première étape", a prévenu le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave. En 2025, les économies devront être d'"au moins 20 milliards", contre les 12 milliards prévus jusque-là, a-t-il indiqué. Par ailleurs, "tout le monde devra participer à cet effort national de redressement des comptes publics", a précisé Bruno Le Maire, qui a cité "les collectivités locales", mais aussi "la dépense sociale".

Pour autant, les deux ministres ont nié toute cure d'"austérité" : "Ces décisions d'économies n'ont rien à voir avec la purge que certains voudraient présenter", a déclaré le ministre de l'Economie. "Sur la mission écologie, les crédits ont augmenté de 64% entre 2017 et 2024, après annulation ils augmentent encore de 41%" a-t-il, par exemple, souligné. 

"Regarder la vérité en face"

Les orientations du gouvernement ont été critiquées par le président de la commission des finances, Eric Coquerel : "Il faut le répéter, les dépenses publiques ce sont aussi des recettes, et aussi une façon de faire fonctionner l'économie", a déclaré le député La France insoumise. Philippe Brun (Socialistes) a développé la même position : "Les dépenses publiques que vous annulez sont des dépenses qui touchent la croissance très directement." Et l'élu de considérer que la politique gouvernementale pourrait avoir pour conséquence de "saigner le malade et de porter une atteinte encore plus grave à la croissance". Au cours de l'audition, plusieurs députés de gauche ont estimé que mieux vaudrait s'attaquer à un certain nombre de niches fiscales, ainsi qu'à l'évasion fiscale.

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"Vous avez menti à ce Parlement, vous avez présenté des budgets qui n'étaient pas sincères" a, quant à lui, dénoncé Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national), tandis que David Guiraud (La France insoumise) a reproché aux ministres de s'être "complètement plantés sur ses prévisions de croissance". "Votre budget 2024 était construit sur du sable et vous avez refusé d'écouter", a fustigé Véronique Louwagie (Les Républicains). 

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"Ce gouvernement et le ministre des Finances ont fait preuve depuis 7 ans de la plus totale sincérité", leur a répondu Bruno Le Maire, enjoignant les députés à "regarder la vérité" de la situation des finances publiques "en face".