Egalité des chances : les députés se prononcent en faveur de la prolongation du dispositif "concours Talents"

Actualité
Image
Florence Herouin-Léautey dans l'hémicycle, le 18 février 2025
Florence Herouin-Léautey (Socialistes et apparentés) dans l'hémicycle, le 18 février 2025 - LCP
par Soizic BONVARLET, le Mardi 18 février 2025 à 20:25, mis à jour le Mardi 18 février 2025 à 20:30

Les députés ont adopté en première lecture, ce mardi 18 février, la proposition de loi visant à "proroger le dispositif d'expérimentation favorisant l'égalité des chances pour l'accès à certaines écoles de service public". Objectif : prolonger la période d'expérimentation de ce dispositif, également appelé "concours Talents", jusqu'en 2028.

Les députés ont adopté en première lecture, ce mardi 18 février, la proposition de loi portée par Florence Hérouin-Léautey (Socialistes), visant à "proroger le dispositif d'expérimentation favorisant l'égalité des chances pour l'accès à certaines écoles de service public". Lancé en 2021 pour une durée initiale de trois ans, ce dispositif – arrivé à échéance le 31 décembre 2024 –, réserve 10 à 15% des places "externes" aux concours de cinq grandes écoles préparant aux carrières de la fonction publique, à des étudiants sélectionnés sur critères sociaux.

C'est ainsi le cas pour l'Institut national du service public (INSP, ex-ENA), l’Institut national des études territoriales (INET), l’Ecole des hautes études de santé publique (EHESP), l’Ecole nationale supérieure de la police (ENSP), ou encore l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire (ENAP). 

"Un combat pour l'égalité des chances"

"La France est championne en termes de déterminisme social", a déploré la rapporteure, Florence Herouin-Léautey, inscrivant son texte dans la lutte "contre la reproduction sociale qui est à l’œuvre dans notre pays". Évoquant un "combat pour l’égalité des chances", la députée a regretté la sur-représentation, chiffres à l'appui, des enfants de cadres dans les écoles préparant aux métiers de la haute fonction publique, allant jusqu'à pointer une régression de la mixité sociale à l’œuvre depuis plusieurs années. "La part des cadres d’origine populaire dans la fonction publique d’état a baissé entre 2005 et 2020, passant de 27 à 24%", a-t-elle indiqué. Et de considérer que l'urgence de la situation nécessitait un vote conforme du texte afin de ne pas ralentir son application.

Les enfants de cadres représentent 70% des promotions, et ce chiffre ne baisse pas depuis 30 ans. Dans le même temps les enfants d’ouvriers ne constituent que 5% des effectifs dans les écoles de la haute fonction publique, alors qu’ils représentent près de 20% de la population. Florence Herouin-Léautey (Socialistes)

"Ce n’est pas un texte technique, ni la simple prolongation d’un dispositif", a estimé Laurent Marcangeli, le ministre de la Fonction publique, évoquant au travers de la proposition de loi un enjeu de "méritocratie républicaine". Le gouvernement avait déjà signifié son soutien à la prolongation du dispositif concerné, en inscrivant le texte sur l'ordre du jour qui lui était réservé et en procédure accélérée. Au cours des débats, Laurent Marcangeli a appelé de ses vœux "une haute fonction publique plus représentative de notre société".

Un dispositif critiqué, pour des raisons différentes, par le RN et LFI

Alors que Pauline Levasseur (Ensemble pour la République) a vanté dans la mesure "un véritable levier de transformation sociale", Emilie Bonnivard (Droite républicaine) a estimé qu'elle était de nature à favoriser "une plus grande représentativité de la réalité de la société française" et "une plus grande richesse et efficacité des missions conduites".

Bryan Masson (Rassemblement national) a, en revanche, dénoncé un dispositif "de nature à rompre l’égalité de l’accès aux emplois publics au détriment de tous les Français", opposant "discrimination positive" et "méritocratie". "Pendant qu’on met quelques places réservées aux concours Prépa Talents, on ne résout pas le problème des inégalités structurellesa, quant à lui, estimé Ugo Bernalicis (La France insoumise) de l'autre côté de l'hémicycle.

Dans une logique inverse de celle du Rassemblement national, La France insoumise a proposé un amendement visant à réserver une année sur deux 100% des places du concours externe aux candidats éligibles au concours Talents. Ayant pour objectif de dénoncer l'insuffisance du dispositif, l'amendement a été rejeté. La proposition de loi en revanche été largement adoptée, par 112 votes "pour", 48 "contre". Le texte va maintenant poursuivre son parcours législatif au Sénat.