Endométriose : la proposition de résolution de La France insoumise votée à l'unanimité

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Clémentine Autain
par Soizic BONVARLET, le Jeudi 13 janvier 2022 à 09:52, mis à jour le Jeudi 13 janvier 2022 à 16:01

Les députés ont voté à l'unanimité en faveur de la proposition de résolution portée par Clémentine Autain (La France insoumise), "visant à reconnaître l’endométriose comme une affection longue durée". Si le président de la République a lancé, mardi 11 janvier, une stratégie nationale de lutte contre cette maladie qui touche une femme sur dix, cette reconnaissance ne figurait pas parmi les annonces de l'Exécutif.

"Un continent caché tant par l’état de notre méconnaissance que par le nombre de femmes qui en sont victimes". C'est ainsi que Clémentine Autain a choisi d'évoquer une maladie encore vécue comme un tabou pour nombre de femmes, quand elle n'est pas tout simplement ignorée. Inaugurant la journée d'initiative parlementaire réservée à La France insoumise, la proposition de résolution "visant à reconnaître l’endométriose comme une affection longue durée", souhaite faire de la reconnaissance institutionnelle la pierre angulaire de la lutte contre cette maladie.

L'endométriose est une affection qui "correspond au développement de la muqueuse utérine qu’est l’endomètre, qui se dissémine en dehors de l’utérus pour venir toucher d’autres organes", a rappelé la députée de Seine-Saint-Denis, avant de préciser qu'elle s'avérait invalidante pour 80% de femmes, en plus d'être une cause de problèmes de fertilité pour 40% d'entre elles.

Liée aux menstruations et à l'intimité féminine, cette pathologie incurable a longtemps pâti d'un déni médical. "Il aura fallu attendre 2020 pour que la maladie soit intégrée aux programmes de médecine. Mes chers collègues, n’attendons plus davantage pour qu’elle le soit à la liste des affections de longue durée", a aussi imploré Clémentine Autain.

La concomitance jugée "opportuniste" du plan national lancé par le gouvernement

"Je ne souhaite pas polémiquer sur les annonces faites par le président de la République il y a deux jours", a par ailleurs déclaré la rapporteure du texte, faisant référence au lancement, mardi 11 septembre, de la première stratégie nationale de lutte contre l’endométriose, fondée sur le rapport pour lequel avait été mandatée la gynécologue et députée européenne Chrysoula Zacharopoulou.

Affirmant que cette maladie n'est pas "un problème de femmes", mais "un problème de société", Emmanuel Macron a posté une vidéo sur ses réseaux formulant l'ambition d'améliorer la qualité de vie de plus de deux millions de personnes. "Je veux aujourd'hui me porter garant de cet espoir", a-t-il ainsi déclaré. L'effort déployé portant essentiellement sur la recherche, le ministre de la Santé a annoncé dès le lendemain l'installation d'un premier comité de pilotage à la date du 14 février.

"Je note simplement que les annonces d’Emmanuel Macron en 2017 déjà n’avaient pas été suivies de mesures concrètes" a tout de même tenu à faire remarquer Clémentine Autain, soulignant au passage que le plan annoncé ne disposait pas de budget afférent. "Or, l’urgence nous oblige, et la parole, la communication, pour importante qu’elle soit, ne suffira pas".

Ainsi, concrètement, la proposition de résolution de La France insoumise, relayant une demande de plusieurs associations, propose de faire entrer l'endométriose dans l'"ALD 30", une liste de trente maladies, dont la reconnaissance en tant qu'affections de longue durée est automatique, à l'instar par exemple, de la maladie de Parkinson. L'endométriose est aujourd'hui dite "hors liste", la prise en charge des soins ou l'accès aux arrêts de travail répondant aux critères d'intensité, de durée, ou encore de lourdeur des traitements, qui peuvent alors faire l'objet d'une saisine du médecin. "En 2018 ce sont seulement 4500 femmes sur des millions qui ont pu faire reconnaître leur droit à l’ALD, selon des critères qui sont assez opaques et dans un contexte de grande disparité selon les territoires et la sensibilité du médecin traitant", a aussi indiqué Clémentine Autain.

"Il y a autant de formes d’endométriose que de malades qui en souffrent", a déclaré Olivier Véran à la tribune, arguant que la Haute autorité de santé s'était prononcée plutôt contre l'inscription dans l'ALD 30, en raison de la variabilité et de la gradation des symptômes de la maladie, proposant donc plutôt d'en rester au cas par cas. Le ministre de la Santé a cependant admis que la prise en charge des soins constituait une "question légitime", et que le texte soumis à l'approbation des députés avait "le mérite d'envoyer un signal au gouvernement".

"Depuis 2017 rien de concret n’a été fait en termes de politique de santé publique au sujet de l’endométriose", a déploré Stéphane Viry (Les Républicains). "Par opportunité peut-être, par hasard probablement, le président de la République a annoncé mardi sur les réseaux sociaux, deux jours avant l’examen de cette proposition de résolution par notre Assemblée, le lancement d’une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose", a-t-il aussi déclaré. 

Un soutien unanime de tous les bancs

"Cette proposition de résolution ne peut faire que consensus sur tous les bancs de cette assemblée, et le groupe Les Républicains votera évidemment pour ce texte", a aussi indiqué Stéphane Viry, avant des propos allant dans le même sens émanant de l'ensemble des groupes composant l'Hémicycle.

Représentant La République en marche, Bénédicte Pételle a d'abord salué la stratégie gouvernementale visant à "placer la France à la pointe sur cette maladie", avant d'annoncer à son tour le soutien de son groupe au texte de La France insoumise.

Sous les applaudissements de l'ensemble des députés, le texte a ainsi été adopté à l'unanimité, à hauteur de 111 votes pour, 0 contre. Et si une résolution n'a pas valeur de contrainte, cette délibération des députés constitue une contribution non négligeable de l'Assemblée à la stratégie nationale lancée par l'Exécutif, suite à laquelle il lui sera peu aisé de faire l'impasse sur la question de la reconnaissance institutionnelle de l'endométriose.

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