Le président de la République, Emmanuel Macron, a indiqué sur TF1, mardi 13 mai, que si la proposition de loi sur l'aide à mourir était "bloquée" au Parlement, "à ce moment là, le référendum [pouvait] être une voie pour débloquer et permettre aux Français de s'exprimer". Le chef de l'Etat a, en outre, dit souhaiter "plusieurs référendums en même temps dans les mois qui viennent".
"Je ne le ferai que si c'était bloqué". Lors de l'émission "Les défis de la France" sur TF1, mardi 13 mai au soir, Emmanuel Macron a indiqué que si la proposition de loi sur la fin de vie – qui sera examinée à l'Assemblée nationale dans les prochains jours, après celle consacrée aux soins palliatifs – était "bloquée" au Parlement, le référendum pouvait être "une voie pour débloquer et permettre aux Français de s'exprimer". Mais seulement en cas d'"enlisement", d'"impossibilité d'aller au bout" par la voie parlementaire.
"Je pense que d'abord il y a le travail du Parlement et j'espère qu'il y aura un cheminement respectueux et équilibré qui se fera dans les dans les jours, les semaines et les mois qui viennent", a expliqué le président de la République, qui s'est dit favorable à une loi "d'humanité, de fraternité" permettant une aide active à mourir "dans les cas qui ont été prévus, par un travail formidable fait par la Convention citoyenne pendant des mois, puis des ministres successifs", défendant le "texte d'équilibre" présenté à l'Assemblée.
Les députés examinent, depuis lundi 12 mai, la proposition de loi sur les soins palliatifs. Dans la foulée, ils étudieront celle qui est dédiée à l'instauration d'une aide à mourir, qui fera l'objet d'intenses débats à l'Assemblée nationale. A ce stade, deux votes solennels, un sur chaque texte, sont programmés le 27 mai. Les deux propositions de loi devront ensuite poursuivre leur parcours législatif au Sénat.
Emmanuel Macron a, en outre, déclaré vouloir organiser plusieurs référendums "en même temps" dans les prochains sur de "grandes réformes économiques, éducatives ou sociales", en excluant toutefois le thème de l'immigration. "Je souhaite qu'on puisse organiser une consultation multiple, c'est-à-dire (...) plusieurs référendums en même temps dans les mois qui viennent", a-t-il affirmé.
"Je ne veux pas ici donner trop précisément l'esprit parce que c'est au gouvernement de finir ce travail et après à moi de prendre la décision", a ajouté le chef de l'Etat, tout en précisant être ouvert à des "réformes" du Premier ministre, François Bayrou, sur le "plan économique et social". En revanche, alors que Le Rassemblement national et Les Républicains plaident pour un référendum sur l'immigration, Emmanuel Macron ne "voit pas" de consultation possible sur ce sujet "qui permettrait d'être efficace".
Olivier Falorni : "Emmanuel Macron a inventé l'arme de dissuasion référendaire"
Devant l'Association des journalistes parlementaires, Olivier Falorni (Les Démocrates), rapporteur de la proposition de loi relative à l'aide à mourir, est revenu mercredi 14 mai sur l'annonce faite par Emmanuel Macron au sujet d'éventuel référendum en cas d'"enlisement" du texte. "On savait que le Président disposait de l'arme de dissuasion nucléaire, là il a inventé l'arme de dissuasion référendaire", a déclaré le député de Charente-Maritime, qui voit toutefois "deux conditions nécessaires" à un tel processus. D'abord, "s'assurer de la constitutionnalité de la démarche" et ensuite, réfléchir à la question posée. "On ne peut pas faire un référendum sur une question ouverte 'êtes-vous pour ou contre l'aide à mourir ?'", a-t-il expliqué, mais "il peut y avoir une question 'êtes-vous pour ou contre la loi sur l'aide à mourir ?', avec à côté le texte de loi voté à l'Assemblée".
Olivier Falorni estime que les propos du président de la République sont avant tout adressés au Sénat. "Le risque d'enlisement ne vient pas de l'Assemblée nationale (…). Le Sénat, c'est le point d'interrogation", a estimé le rapporteur du texte sur l'aide à mourir. le député. Avant d'ajouter : "Le Président a voulu dire au Sénat, ne vous livrez pas au jeu de l'inertie, car cette réforme de société doit être votée avant la fin de ce quinquennat."