François Bayrou propose aux partis (hors RN et LFI) d'entrer au gouvernement et de reprendre - sans suspendre - la réforme des retraites

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par Raphaël MarchalSoizic BONVARLET, le Jeudi 19 décembre 2024 à 20:20

Au cours d'une réunion organisée à Matignon ce jeudi 19 septembre, le Premier ministre a proposé aux représentants des partis politiques - hors RN et LFI, qui n'avaient pas été invités - de participer au gouvernement qu'il s'efforce de composer. François Bayrou a également soumis aux participants l'idée de "reprendre" - sans suspendre - la réforme des retraites. 

Six jours après sa nomination à Matignon, François Bayrou y a réuni, ce jeudi 19 décembre, les représentants des "partis politiques qui ont gouverné ces trois dernières décennies". Le Premier ministre, qui compte former son gouvernement avant Noël, leur a proposé d'y entrer, en leur demandant de se positionner d'ici à demain.

"Il y a trois cercles qui organiseront nos débats. Ceux qui accepteront de participer au gouvernement (...) ; ceux qui diront 'non ne participerons pas, mais nous sommes prêts au dialogue' ; et ceux qui seront radicalement en dehors", a expliqué François Bayrou, selon Matignon. Il a, en outre, précisé que l'absence du Rassemblement national et de La France insoumise, qui n'ont pas été conviés à cette réunion, ne signifiait pas que ceux-ci seraient "écart[és] de lvie nationale".

Sur le fond, il a notamment émis l'idée de "reprendre, sans suspendre" la réforme des retraites de 2023. Objectif : trouver des "solutions nouvelles (...) d'ici septembre". Faute de quoi, la réforme de 2023 continuera à s'appliquer. 

A gauche, "la censure est toujours sur la table"

A la sortie de la réunion, qui a duré deux heures et demi, les représentants de la gauche ont fait part de leur déception et de leur désarroi. "On est très inquiets", a affirmé la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier. "La censure est toujours très clairement sur la table", a déclaré la présidente du groupe "Ecologiste et social" de l'Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, pas convaincue par la proposition faite par le locataire de Matignon sur la réforme des retraites. "Ça veut dire que pendant huit mois, on palabre, et que la mesure s'applique", a-t-elle relevé, disant aussi craindre le "chantage" qui pourrait être exercé sur les syndicats pendant cette période.

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"Le Premier ministre a évoqué la construction de sa majorité, mais dans des propos qui sont toujours aussi alambiqués et confus", a pour sa part considéré le député Stéphane Peu (Gauche démocrate et républicaine) à l'issue de la réunion, avant d'évoquer "les trois possibilités" retenues par François Bayrou, à savoir "rentrer au gouvernement, ne pas être au gouvernement mais le soutenir, ou être dans une opposition radicale". L'élu communiste a, par ailleurs, fait savoir que le Premier ministre avait refusé de renoncer au 49.3, et demandé aux formations politiques réunies ce jeudi répondent dès vendredi à la question de leur positionnement par rapport au futur gouvernement.

"Nous ne participerons pas à ce gouvernement", a d’ores et déjà réaffirmé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, avant d’indiquer qu’à ce stade, la censure n’était pas exclue par son groupe. "En l'état actuel des choses, je le dis avec une forme de désarroi, nous n'avons pas trouvé de raison de ne pas censurer" François Bayrou, a-t-il estimé. 

Olivier Faure a, en revanche, évoqué le soutien à Mayotte comme "point d’accord" et indiqué avoir proposé "une contribution exceptionnelle avec un prélèvement sur les grandes fortunes" destinée à financer l'aide à la population et la reconstruction. Une proposition à laquelle le Premier ministre n’aurait pas répondu, tout en s’engageant sur une "loi spéciale" afin de répondre rapidement à l’urgence provoquée par le cyclone Chido.

Le chef de file du PS a, en outre, évoqué la "toute petite ouverture sur les retraites, où le Premier ministre a accepté d'ouvrir une discussion qui durerait les huit prochains mois et se terminerait en septembre", gage qu’Olivier Faure a jugé "très insuffisant", les socialistes réclamant une suspension immédiate de la réforme, ce que le Premier ministre a exclu. "La suspendre, cela veut dire qu'on ne la reprendra jamais", a estimé François Bayrou lors de la réunion, dans un extrait vidéo posté sur son compte X (ex-Twitter). François Bayrou y propose de "revoir" la loi et de "mettre en place un travail approfondi (...) avec l'ensemble des forces économiques et sociales, et l'ensemble des forces qui sont représentées dans notre Parlement".

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Laurent Wauquiez veut 6 mois de "stabilité"

De son côté, le président du groupe "Droite républicaine" de l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, a demandé aux représentants des partis présents à la réunion "un engagement de stabilité de six mois" pour le futur gouvernement, selon l'AFP. "Qu'on participe ou pas, qu'on soit majorité ou opposition, il faut s'engager à ne pas le renverser" dans l'immédiat, a-t-il proposé. ,Une "nécessité de stabilité de la vie publique", également prônée par le président du groupe "Horizons", Laurent Marcangeli.

Dans un communiqué diffusé à l'issue de la réunion qui a eu lieu ce jeudi à Matignon, Les Républicains ont précisé que la participation de leur parti à la future équipe gouvernementale de François Bayrou supposait "une feuille de route claire et partagée", ainsi que la garantie d'avoir les "moyens de mettre en œuvre ses convictions cardinales". Et le communiqué de citer la "reconnaissance du travail plutôt que les dérives de l’assistanat, la réduction des dépenses publiques plutôt que les hausses d’impôts, l’ordre dans nos rues et à nos frontières plutôt que le laxisme et l’immigration incontrôlée".