Députés et sénateurs Renaissance sont réunis, mercredi 13 et jeudi 14 septembre, pour leurs journées parlementaires de rentrée. L'occasion pour les tenants de la ligne fixée par l'exécutif d'appeler à la cohésion et à l'unité après la tribune transpartisane sur l'immigration signée par plusieurs représentants de l'aile gauche de la majorité en compagnie d'élus de la Nupes.
Si l'ambiance apparaît plutôt bon enfant, il y a quelque chose de légèrement électrique dans le fond de l'air de Louan-Villegruis-Fontaine (Seine-et-Marne), où les parlementaires Renaissance ont choisi de se réunir pour la deuxième année consécutive.
Et pour cause, la tribune cosignée par des députés de l'aile gauche de la majorité avec des parlementaires de la Nupes pour appeler à une politique "humaniste" en matière d'immigration et notamment à la régularisation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en tension, est dans toutes les têtes. Et dans les discours, bien qu'à demi-mot, dès l'ouverture de l'événement.
On n’a pas besoin de faire pression sur le gouvernement, ce n’est pas notre rôle en tant que parlementaires. François Patriat
Invité à s'exprimer en sa qualité de président du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants au Sénat, François Patriat lance d'emblée : "On n’a pas besoin de faire pression sur le gouvernement, ce n’est pas notre rôle en tant que parlementaires". Un avertissement à peine voilé à l'endroit de l'un des initiateurs de la tribune en la personne du président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale, Sacha Houlié, et des autres députés Renaissance qui l'ont signée.
"Nous avons fait du dépassement notre action essentielle", poursuit ce proche de la première heure d'Emmanuel Macron, estimant qu'"il ne doit pas y avoir ici d'aile gauche et d'aile droite". Une autre flèche décochée aux cosignataires de la tribune. Sous les applaudissements nourris, le sénateur lance enfin : "On a fait bien plus de mesures de gauche dans les six années précédentes que la gauche elle-même en dix ans, on n'a pas de complexe à avoir".
Députée et questeure de l'Assemblée, Marie Guévenoux (Renaissance) est, quant à elle, plus que sceptique quant à l'efficacité de l'ouverture d'un front commun avec la gauche. "Fabien Roussel ne votera pas le projet de loi sur l'immigration. Boris Vallaud et Julien Bayou non plus. Au fond on a tout à perdre dans cette aventure". Estimant que sa position est largement majoritaire au sein du groupe, elle met en garde contre un "retour des frondeurs" et considère que l'initiative pourrait mettre en péril le projet de loi sur l'immigration, alors qu'un compromis serait possible avec la droite. Même tonalité du côté de la députée Laure Miller (Renaissance), selon laquelle cette initiative brouille ce qu'elle estime être le message clé du texte, à savoir l'exigence de fermeté. "Si on voulait torpiller le texte on ne s'y prendrait pas autrement", regrette-t-elle.
Après que dans son discours d'ouverture, le président des députés Renaissance, Sylvain Maillard, ait martelé l'impératif de rester "unis et soudés" et de ne pas se laisser dicter leurs thèmes par les oppositions, le président de la commission des affaires économiques, Guillaume Kasbarian (Renaissance), se charge de rappeler plus explicitement les troupes à l'ordre : "On aurait eu une tribune dans Le Figaro avec en titre 'Place aux expulsions', avec deux Renaissance, Marleix, Ciotti et Ménard se tenant la main, je pense qu'on aurait eu certaines réactions...".
Principale cible des critiques plus ou moins voilées qui s'expriment, le président de la commissions des lois, Sacha Houlié, assume cependant le "en même temps" théorisé dès l'origine par sa famille politique, ainsi que son intention de mener une bataille culturelle avec la gauche sur l'immigration. S'il souhaite que la droite ne soit pas seule à décider du tempo et des termes du débat, il ne s'oppose en revanche pas aux mesures de durcissement prévues par le projet de loi, notamment en cas de délits ou de crimes commis par des étrangers en situation irrégulière.
Le député Renaissance considère, par ailleurs, que si les voix de la gauche ne sont pas acquises par le simple fait d'une tribune transpartisane, elle les engage sur certaines mesures, là où la droite ne voterait, selon lui, pas le texte même en modulant l'article relatif aux régularisations dans les métiers en tension. "Un texte peut ne pas être entravé à la faveur d'abstentions", fait pour sa part valoir le député Benoît Bordat (apparenté Renaissance), également signataire de la tribune.
Les journées parlementaires du groupe se poursuivront jeudi 14 septembre, avec les discours de clôture du président des députés Renaissance, Sylvain Maillard, de la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et de la Première ministre, Elisabeth Borne, qui devraient renouveler les appels à l'unité à l'approche du début de la session parlementaire.