Législatives 2024 : le RN en tête, le NFP appelle au barrage, Gabriel Attal veut "empêcher" Jordan Bardella d'obtenir une majorité absolue

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Jordan Bardella, le 30 juin 2024.
Jordan Bardella, le 30 juin 2024.LCP
par Maxence KagniLCP.fr, le Lundi 1 juillet 2024 à 01:32, mis à jour le Lundi 1 juillet 2024 à 09:49

Le Rassemblement national et ses alliés sont arrivés en tête du premier tour des élections législatives, dimanche 30 juin 2024, avec 33,2% des suffrages exprimés. A gauche, Jean-Luc Mélenchon, François Hollande ou encore Raphaël Glucksmann appellent à des désistements pour battre les candidats "d'extrême droite". "Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national" a, quant à lui, déclaré Gabriel Attal.  

Le Rassemblement national largement en tête. Selon les estimations de notre partenaire Ipsos Talan*, le parti dirigé par Jordan Bardella obtient 33,2% des suffrages exprimés lors du premier tour des élections législatives, qui a eu lieu dimanche 30 juin. Le RN devance le Nouveau Front Populaire (28,1%) et Ensemble (21%).

La forte participation (65,8%) entraîne à ce stade un nombre record de triangulaires (des circonscriptions où trois candidats sont qualifiés pour le second tour, ndlr) : 285 à 315 circonscriptions pourraient se retrouver dans cette configuration. Mais ce chiffre pourrait baisser fortement puisque, ce dimanche soir, le Premier ministre Gabriel Attal ainsi que de nombreuses personnalités de gauche souhaitent faire barrage au Rassemblement national en appelant au désistement des candidats arrivés en troisième position. 

Le RN appelle à la mobilisation

"Les Français ont sans ambiguïté témoigné leur volonté de tourner la page après sept ans de pouvoir méprisant et corrosif", s'est réjouie Marine Le Pen dimanche soir, peu après 20 heures. Le Rassemblement national a obtenu 29,2% des suffrages, tandis que les candidats de l'alliance conclu par Eric Ciotti avec le RN ont recueilli 4% des voix au niveau national.

Avec le plus grand nombre de candidats qualifiés pour le second tour, le parti dirigé par Jordan Bardella et ses alliés pourraient obtenir, selon les estimations d'Ipsos Talan*, 230 à 280 sièges au soir du second tour (la majorité asolue à l'Assemblée nationale étant située à 289 sièges). Des projections qui ne prennent cependant pas en compte les désistements qui devraient avoir lieu en tout début de semaine. 

Marine Le Pen, réélue dès la premier tour dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, a  appelé ses électeurs à la mobilisation : "Rien n'est gagné et le second tour sera déterminant", a déclaré l'ancienne candidate à l'élection présidentielle, qui espère "éviter au pays de tomber dans les mains de la coalition de la Nupes 2".

Un peu plus tard dans la soirée, le président du RN Jordan Bardella a tenu le même discours. Selon lui, "deux chemins s'offrent à la France" : "D'un côté, l'alliance du pire, celle du Nouveau Front populaire rassemblé derrière Jean-Luc Mélenchon (...) de l'autre, l'union nationale". Le président des Républicains Eric Ciotti (dont la légitimité est contestée par plusieurs responsables du parti, ndlr) a également appelé à "une mobilisation totale pour éviter que le Nouveau Front Populaire" soit "en mesure de gouverner le pays ou d'imposer sa marque dans une coalition des contraires".

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LE NFP veut faire barrage au RN

La gauche, rassemblée au sein du Nouveau Front Populaire, arrive en deuxième position avec 28,1% des suffrages, loin devant la coalition présidentielle Ensemble (21%). Des résultats qui constituent une "indiscutable défaite" du président de la République et de la "prétendue majorité présidentielle", a expliqué dimanche soir Jean-Luc Mélenchon.

Le leader de La France insoumise a appelé à faire barrage au RN : "Nulle part nous ne permettrons au RN de l'emporter, et c'est pourquoi, dans l'hypothèse où il serait arrivé en tête tandis que nous ne serions qu'en troisième position, nous retirerons notre candidature", a déclaré Jean-Luc Mélenchon. Un mot d'ordre assez similaire à celui de la tête de liste PS-Place publique lors des dernières élections européennes : Raphaël Glucksmann a demandé "tous les candidats qui ont fini troisième dans une triangulaire face au RN [de] se désister immédiatement".

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Arrivé en tête dans la 1ère circonscription de Corrèze, François Hollande a lui aussi fixé l'objectif d'"empêcher que l'extrême droite puisse gagner". Mais l'ancien président de la République souhaite un "rassemblement le plus large possible", c'est-à-dire au-delà de la gauche, avec "tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de la République".

Gabriel Attal espère "empêcher le RN d'avoir une majorité absolue"

Le Premier ministre Gabriel Attal, qui s'est exprimé un peu avant 22 heures depuis Matignon, a dénoncé le "projet funeste" du RN et fixé un "objectif" : "Empêcher le Rassemblement national d'avoir une majorité absolue au second tour." Le chef du gouvernement espère que les députés de la coalition présidentielle "pèseront suffisamment pour bâtir entre forces républicaines des majorités de projets et d'idées" dans la prochaine Assemblée nationale. Dans cet état d'esprit, il a expliqué que des candidats d'Ensemble se désisteront en vue du second tour. La condition posée étant de favoriser l'élection d'un autre candidat "qui défend (...) les valeurs de la République"

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L'ancien Premier ministre Edouard Philippe a, pour sa part, appelé à faire barrage aux "extrêmes", ciblant non seulement les candidats du Rassemblement national, mais aussi ceux de La France insoumise. Le président d'Horizons, membre de la coalition présidentielle Ensemble, appelle à voter, quand cela est nécessaire, pour les candidats allant "de la gauche sociale-démocrate, écologiste et communiste à la droite libérale et conservatrice".

A une semaine du second tour, qui aura lieu le dimanche 7 juillet, la dynamique est du côté du Rassemblement national, mais l'issue des élections législatives reste incertaine. Les appels aux désistements pourraient en effet freiner cette dynamique, si les consignes sont respectées par les candidats et que les appels à faire barrage au RN sont entendus par les électeurs. 

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*Estimation Ipsos Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24/RFI et LCP-Assemblée nationale.