Loi climat : Pompili s'opposera aux amendements "qui baissent l'ambition du texte"

Actualité
Image
Barbara Pompili - AFP
par Jason Wiels, le Lundi 1 mars 2021 à 09:29, mis à jour le Lundi 1 mars 2021 à 14:30

La ministre de la Transition écologique a défendu lundi 1er mars devant les députés le projet de loi " portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets", dont le contenu a été très critiqué, la veille, par la Convention citoyenne pour le climat.

La future loi climat et résilience n'en finit plus de subir le feu des critiques. En première ligne, Barbara Pompili a ouvert le bal des auditions devant la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi. Selon elle, le texte constitue "le dernier kilomètre de tout ce qui a été fait auparavant dans ce quinquennat".

Un dernier kilomètre que certains jugent pourtant loin d'être suffisant. Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, 110 organisations du monde associatif, environnemental ou syndical déploraient début février un texte manquant de souffle. Au sein des instances officielles, la semaine dernière le Haut conseil pour le climat a estimé que l'ambition du projet de loi devait être revue à la hausse pour que la France tienne ses objectifs. Enfin dimanche, les 150 représentants de la Convention citoyenne pour le climat, qui tenaient leur dernière réunion, ont jugé sévèrement la prise en compte de leurs propositions dans le cadre de ce texte. 

Appelés à voter pour évaluer si les "décisions du gouvernement relatives aux propositions de la CCC" permettraient de "s'approcher de l'objectif de diminuer d'au moins 40% (par rapport à 1990) les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 dans un esprit de justice sociale", les membres de la Convention ont sorti le stylo rouge et attribué une note de 2,5 sur 10 seulement au projet de loi.

Aucun amendement de "recul" accepté

"On peut tenir les objectifs de baisse de 40% si toutes les mesures qui ont été prises durant ce quinquennat sont mises en œuvre", a cependant assuré la ministre, en se basant sur une étude privée commandée par le gouvernement au Boston Consulting Group.

Elle a également rappelé que si le projet de loi était "une brique essentielle", il n'en constituait pas moins "qu'une pièce du puzzle", invitant chacun à se souvenir des décisions emblématiques prises prises par l'exécutif depuis 2017 :

Notre-Dames-des-Landes, EuropaCity, le terminal T4 [de Paris-Charles de Gaulle], la Montagne d'or, tout ça ne se fera pas ! Barbara Pompili, le 1er mars 2021

La ministre s'est même posée en gardienne du projet de loi, assurant qu'elle s'opposerait à tous les amendements "qui baissent l'ambition du texte" :

Et de prendre les critiques à revers, en mettant en garde les députés : "J'espère qu'on avancera ensemble pour qu'il n'y ait pas d'abaissement de l'ambition de ce texte, encore une fois je pense que c'est un risque qui est sous-estimé par certains d'entre vous."

Publicité, rénovation... Des points d'ouverture

Le débat parlementaire, qui s'annonce long et dense sur un projet de loi qui comporte 69 articles et sur lequel œuvrent pas moins de neuf rapporteurs, pourrait faire bouger les lignes sur certains points.

Sur la question de la publicité des produits polluants, la ministre se dit ouverte pour aller plus loin si les engagements promis par le secteur de la communication ne sont pas suffisants. Elle attend aussi les conclusions d'une mission sur la rénovation des bâtiments, thème sur lequel elle juge elle-même le projet gouvernemental "imparfait".

Enfin, Barbara Pompili a indiqué qu'elle sera sensible à toutes les propositions allant dans le sens d'une évaluation sectorielle des dispositions votées. "On peut prévoir des clauses dans le texte, tels que des rapports ou des auditions régulières", a-t-elle proposé aux députés.

À revoir. L'audition de Barbara Pompili