Mayotte : Manuel Valls défend un projet de loi d'urgence destiné à "poser les premières pierres de la refondation" de l'île

Actualité
par Raphaël Marchal, le Lundi 13 janvier 2025 à 20:04

Les députés de la commission des affaires économiques ont entamé, ce lundi 13 janvier, l'examen du projet de loi d'urgence pour Mayotte. Le texte prévoit des mesures pour la reconstruction de l'archipel, dévasté par le cyclone Chido. Pour le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, il s'agit d'une première étape en vue de la "refondation" de Mayotte.

La commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale a débuté l'examen du projet de loi d'urgence pour Mayotte, ce lundi 13 janvier après-midi. Le premier texte du gouvernement Bayrou à l'ordre du jour du Palais-Bourbon doit permettre d'accélérer la reconstruction de l'archipel, dévasté par le cyclone Chido à la mi-décembre, en dérogeant à de nombreuses règles administratives et d'urbanisme pour une durée de deux ans, tout en facilitant les expropriations en cas de nécessité.

Ce projet de loi doit être une première étape dans la "refondation" de Mayotte, a précisé celui qui faisait également son retour au premier plan dans l'arène parlementaire, Manuel Valls. Auditionné avant que les élus ne rentrent dans le détail du texte, le ministre des Outre-mer a insisté sur la nécessité de procéder rapidement à la reconstruction. Avant de mettre en œuvre des mesures plus "structurelles", qui seront contenues au sein d'un autre projet de loi qui doit être dévoilé "dans les deux mois à venir". Sans surprise, un volet qualifié de "primordial" sur la lutte contre l'immigration illégale figurera dans ce deuxième texte. 

Tweet URL

Abstente du projet de loi d'urgence examiné ce lundi, la question migratoire a néanmoins été largement évoquée au cours de l'audition de Manuel Valls. "L'immigration illégale pèse sur tous les aspects de la vie quotidienne de nos compatriotes mahorais", a-t-il déclaré, soulignant ne pas vouloir "éluder" le sujet du droit du sol sur l'archipel. "Si nous ne résolvons pas ce problème, nous n'arriverons pas à reconstruire", a-t-il répondu à la députée mahoraise Anchy Bamana (Rassemblement national), qui critiquait un texte qui "passe à côté du sujet".

Tweet URL

"C'est en mettant en place des voies d'immigration légales vers l'Hexagone, une vraie politique d'aide au développement pour les Comores que nous pouvons aborder la question migratoire", a rétorqué Aurélien Taché (La France insoumise). Une prise de position qui a provoqué l'ire de l'autre élue mahoraise de l'Assemblée, Estelle Youssoufa (Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires) : "On n'a pas d'eau, pas d'électricité, rien à bouffer, et vous trouvez le moyen de justifier l'immigration clandestine qui continue. Et vous avez même l'outrecuidance de parler de nous, aider le pays qui nous revendique et qui instrumentalise sa population. (...) C'est d'une obscénité qui dépasse les bornes."

L'accès à l'eau en question

Parmi les autres sujets évoqués au cours de l'audition, celui de l'accès à l'eau. "Nous reviendrons au mieux à la situation très insatisfaisante qui était celle d'avant le cyclone", a reconnu Manuel Valls, rappelant que le plan "Mayotte debout", présenté par François Bayrou fin décembre, prévoit la construction d'une deuxième usine de dessalement. En parallèle, "80 % des clients sont réalimentés en électricité", a fait savoir le ministre des Outre-mer.

La question sensible de la rentrée des classes a également été mise sur la table. Manuel Valls a confirmé que la rentrée des enseignants n'aurait pas lieu avant la semaine prochaine, avant d'évoquer une rentrée des élèves à compter du 27 janvier. "70 % des salles de classe du premier et second degré devraient être disponibles."

Tweet URL

Le ministre des Outre-mer a par ailleurs été interpellé par plusieurs élus, dont Dominique Voynet (Ecologiste et social) et Estelle Youssouffa (LIOT), sur l'estimation du nombre de victimes, alors qu'un bilan officiel fait état de 39 morts, très en deçà de certaines évaluations. "Sur le bilan humain, je suis prudent", a dit Manuel Valls, tout en indiquant qu'on est "très très loin de ce qui avait été constaté, notamment quand les bidonvilles ont été rasés". Le Premier ministre, François Bayrou, avait lui aussi mis en garde contre des "chiffres alarmistes".

Les députés de la commission ont pour objectif d'achever l'examen du projet de loi d'urgence pour Mayotte dans la soirée. Au-delà des critiques formulées sur le contenu du texte, l'objectif largement partagé est de parvenir à son adoption et à son application le plus rapidement possible, afin de répondre à l'urgence de la situation. Après son examen en commission, le projet de loi sera à l'ordre du jour de l'hémicycle de l'Assemblée nationale la semaine prochaine