"Notre-Dame de Paris est toujours en état de péril"

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par Maxence Kagni, le Mercredi 13 novembre 2019 à 15:46, mis à jour le Lundi 9 mars 2020 à 14:25

Sept mois après l'incendie de la cathédrale, l'édifice n'est toujours pas sécurisé selon le Général Jean-Louis Georgelin, le représentant spécial du président de la République pour sa restauration.

Notre-Dame de Paris n'est pas (encore) sauvée. Selon Jean-Louis Georgelin, représentant spécial du président de la République pour sa restauration, l'édifice est "toujours en état de péril".

Le Général, auditionné mercredi par la commission des affaires culturelles, a été nommé "préfigurateur de l’établissement public chargé de la conservation et la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris" : il est chargé de coordonner ce chantier qui devra, comme le souhaite Emmanuel Macron, être accompli en cinq ans.

Selon lui, sept mois après l'incendie, "la phase de sécurisation de l'édifice n'est pas terminée" : elle ne sera achevée que "lorsque l'ancien échafaudage de la flèche aura pu être démonté", a expliqué Jean-Louis Georgelin.

Le Général se dit "très inquiet" quant aux "incidents" qui pourraient survenir lors de ce "moment critique" : l'échafaudage a un "rôle considérable dans l'équilibre général" de la cathédrale et "nous ne sommes pas à l'abri d'un fort coup de vent qui pourrait le déstabiliser". Le démontage sera "achevé probablement au début de l'été", a-t-il toutefois précisé.

"Qu'il ferme sa gueule"

Jean-Louis Georgelin a également évoqué la polémique de la reconstruction, à l'identique ou non, de la flèche de la cathédrale. Alors qu'Emmanuel Macron avait envisagé la réalisation d'un "geste architectural contemporain", le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé le 17 avril l'organisation d'un concours international d'architecture.

Devant les députés, le représentant spécial du chef de l'Etat a précisé qu'une "consultation" serait lancée en 2020 dans le "contexte" plus global "de l'aménagement de l'environnement immédiat" de la cathédrale. Souhaitant davantage de "sagesse" sur la question de la flèche, Jean-Louis Georgelin a affirmé que la décision définitive devrait être prise d'ici à la mi-2021.

Le Général a également dénoncé la prise de position de l'architecte en chef des monuments historiques Philippe Villeneuve, qui a prôné dans Le Figaro une reconstruction à l'identique : "Je lui ai déjà expliqué plusieurs fois (...), qu'il ferme sa gueule et que nous avançons en sagesse pour que nous puissions sereinement faire le meilleur choix pour Notre-Dame, pour Paris, pour le monde."

Encore 834 millions d'euros promis

S'agissant du délai de cinq ans imposé par Emmanuel Macron pour la restauration de la cathédrale, Jean-Louis Georgelin a assuré que ce timing n'était "pas farfelu". Le Général a également nié tout lien entre celui-ci et l'organisation en 2024 des Jeux olympiques dans la capitale.

S'il n'y a pas de démonstration rigoureuse que l'on puisse y arriver en cinq ans, rien ne permet de dire non plus que nous ne puissions y arriver.Jean-Louis Georgelin

Le Général a par ailleurs assuré qu'il n'avait "aucune inquiétude sur la réalisation des promesses de dons". Le représentant spécial du président de la République a expliqué que près de 109 millions d'euros avait déjà été encaissés et qu'il restait 834 millions d'euros de promesses de dons.

"Un peu de rationalité" sur le plomb

Jean-Louis Georgelin a enfin affirmé "prendre au sérieux la menace" liée à la pollution au plomb : en juillet, le chantier avait été suspendu pendant trois semaines en raison de risques de contamination et du non-respect de la législation du travail.

Une enquête de Mediapart avait alors dénoncé "des taux de concentration au plomb 400 à 700 fois supérieurs au seuil autorisé" relevés "sur les sols à l'intérieur et aux alentours de la cathédrale".

Vantant les mesures de précaution prises depuis cet épisode, le Général a assuré qu'il fallait "introduire un peu de rationalité sur le sujet". "A ce jour, la cathédrale ne semble plus émettrice de plomb vers l'extérieur du chantier", a déclaré Jean-Louis Georgelin, qui s'en remet à "l'expérience reconnue de l'agence régionale de santé".

A la mi-octobre, l'ARS d’Île-de-France a rendu publiques les conclusions de ses mesures de plomb dans les arrondissements du centre de Paris : elle n'a pas relevé de "surcontamination" par rapport à la moyenne observée pour les enfants d’Île-de-France.