Nouveau Front populaire : après l'accord électoral global, des tensions au niveau national et des divisions au niveau local

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Site de La France insoumise qui dévoile sa liste de candidats pour les élections législatives - 14 juin 2024
Site de La France insoumise qui dévoile sa liste de candidats pour les élections législatives - 14 juin 2024
par Léonard DERMARKARIAN, le Lundi 17 juin 2024 à 20:20, mis à jour le Lundi 17 juin 2024 à 22:39

A peine conclue en fin de semaine dernière, la nouvelle alliance de gauche a été secouée par plusieurs polémiques liées aux investitures décidée par La France insoumise. Résultat, des candidatures de gauche concurrentes dans quelques circonscriptions, révélatrices de tensions au sein du parti de Jean-Luc Mélenchon et entre LFI et ses partenaires au sein du Nouveau Front populaire. 

Après une semaine de négociations qui s'est conclue par un accord  électoral et programmatique, les investitures publiées par La France insoumise vendredi 14 juin au soir ont fait ressurgir des tensions au sein du parti de Jean-Luc Mélenchon et entre LFI et ses partenaires de gauche

Un accord électoral global...

L'accord électoral validé la semaine dernière prévoyait l'investiture d'un candidat unique du Nouveau Front populaire dans chaque circonscription, avec un principe de reconduction des sortants. La répartition des circonscriptions entre le Parti socialiste, La France insoumise, Les Ecologistes et le Parti communiste, tenant compte des résultats des élections européennes, actait une évolution du rapport de force au sein de la gauche par rapport aux législatives de 2022 : 

  • 229 circonscriptions à La France insoumise (contre 360 en 2022) ;
     
  • 175 au Parti socialiste (contre 70 en 2022) ;
     
  • 92 aux Écologistes (contre 100 en 2022) ;
     
  • 50 au Parti communiste (comme en 2022).

...Et quelques cas révélateurs de tensions persistantes

Vendredi soir, c'est l'investiture d'Adrien Quatennens, malgré une condamnation pour violences conjugales fin 2022, et l'éviction de cinq autres députés sortants de La France insoumise, qui s'étaient montrés critiques envers la stratégie et la ligne de Jean-Luc Mélenchon, qui a secoué le Nouveau Front populaire. Une investiture et des évictions vivement critiquées, par Clémentine Autain et François Ruffin, eux-mêmes investis par LFI, ainsi que par la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, et par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure

Les circonsciptions qui avaient été réservées à La France insoumise qui posent problème : 

  • 1ère circonscription du Nord : Adrien Quatennens a finalement renoncé à sa candidature et LFI a investi le coordinateur des Jeunes Insoumis, Aurélien Lecoq. Mais la militante féministe Amy Bah, qui s'était entre temps portée candidate contre Adrien Quatennens a maintenu sa candidature. Elle est notamment soutenue par la maire socialiste de Lille, Martine Aubry.
     
  • 5ème et 7ème circonscriptions de Seine-Saint-Denis : dans ces deux circonscriptions, La France insoumise a investi Aly Diouara et Sabrina Ali Benali. mais les députés sortants Raquel Garrido et Alexis Corbière, figures du parti, ont décidé d'être candidats hors du cadre de LFI. 
     
  • 15ème circonscription de Paris et 5ème circonscription des Bouches-du-Rhône : là encore, les sortants qui n'ont pas été réinvestis, Danielle Simonnet et Hendrik Davi ont décidé de continuer à faire campagne face aux candidats officiels de leur parti, Céline Verzeletti et Allan Popelard

A ce stade, deux autres circonscriptions sont révélatrices de tensions à gauche : 

  • 4ème circonscription de Seine-Saint-Denis : dans cette circonscription réservée au Parti communiste, dont la candidate est la députée sortante Soumya Bourouaha, La France insoumise a décidé d'investir Mohamed Awad. Une investiture présentée comme réponse au soutien que le PC a apporté à Raquel Garrido dans la circonscription voisine.
     
  • 6ème circonscription de l'Essonne : le député socialiste sortant Jérôme Guedj, investi par le Nouveau Front populaire, a choisi de ne pas se présenter sous les couleurs de l'alliance de gauche en raison de "divergences profondes" avec la direction de LFI. Bien que cette circonscription soit réservée au PS, qui le soutient toujours, il voit se présenter contre lui son ex-suppléante Hella Kribi-Romdhane (Génération.s) avec Philippe Juraver (La France insousmie) comme suppléant.  
     
  • 8ème circonscription du Finistère : dans cette circonscription, dont le député sortant est Erwan Balanant (MoDem) qui se représente, alors que le candidat La France insoumise Thomas Le Bon bénéficie de l'investiture du Nouveau Front populaire, il aura comme concurrent le socialiste Sébastien Miossec.

"Les investitures à vie n'existent pas"

"Les investitures à vie n'existent pas", a répondu Jean-Luc Mélenchon le week-end dernier, dans une interview accordée à 20 minutes, à ceux qui ont critiqué les choix de La France insoumise, ajoutant : "La cohérence politique et la loyauté dans le premier groupe parlementaire de gauche sont aussi une exigence pour gouverner".

Et le triple candidat à l'élection présidentielle de défendre des choix motivés par la nécessité de faire place à "des militants syndicaux et associatifs", comme Céline Verzeletti, venue de la CGT, et Allan Popelard, enseignant et membre de l'Institut La Boétie, un laboratoire d'idées proche de La France insoumise.