Nouveau gouvernement : après la nomination de Michel Barnier à Matignon, réactions à l'Assemblée

Près de deux mois après le résultat des élections législatives et 52 jours après la démission du gouvernement, Emmanuel Macron a finalement nommé à Matignon une personnalité issue de la droite : Michel Barnier, 73 ans, membre des Républicains, ancien commissaire européen et ministre à plusieurs reprises.

A l'Assemblée nationale, les réactions n'ont pas manqué, alors que le Premier ministre sera attendu pour son baptême du feu dans les prochaines semaines, à l'occasion de la déclaration de politique générale, puis de l'examen des textes pour élaborer le budget 2025.

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a adressé ses "félicitations" au nouveau Premier ministre et appelé à "réunir pour réussir". Remerciant le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal, Yaël Braun-Pivet a également demandé au président de la République de "convoquer une session extraordinaire dans les meilleurs délais", afin que le Premier ministre puisse "s'exprimer rapidement devant la Représentation nationale". 

Censure du NFP

A gauche, les quatre groupes composant le Nouveau Front populaire (NFP) se sont engagés à voter la censure du prochain gouvernement. Président de la commission des finances, le député Eric Coquerel a jugé que la nomination à Matignon de Michel Barnier était un "coup de force".

Dénonçant une "situation d'une extrême gravité", le groupe Socialistes a indiqué dans un communiqué que "Michel Barnier ne dispose ni de la légitimité politique, ni de la légitimité républicaine", et "censurera le gouvernement de Michel Barnier". Une position similaire adoptée par le groupe Écologiste et Social dans un communiqué : critiquant un "choix qui tourne le dos aux millions de citoyens qui ont fait un barrage républicain en France", le groupe "votera la censure du [nouveau] gouvernement".

Emmanuel Maurel, député du groupe "Gauche démocrate et républicaine", a quant à lui estimé que Michel Barnier est "issu d'un parti minoritaire, nommé par un Président battu, pour faire la même politique", et accusé le président de la République "d'enterre[r] le Front républicain".

"Grand européen"

Au sein du bloc présidentiel cohabitent une nuance de réactions. Le président de la commission des lois Florent Boudié a appelé, à l'instar de Yaël Braun-Pivet, à ce que "Michel Barnier puisse présenter rapidement devant le Parlement sa méthode et sa politique", tandis que le président de la commission des affaires économiques Antoine Armand adresse "[ses] félicitations républicaines et chaleureuses" au nouveau Premier ministre, un "homme d’État [...] connaisseur du monde agicole et profondément pro-européen, conscient de l'urgence écologique."

Le patron du groupe Horizons Laurent Marcangeli a salué une "bonne nouvelle pour la France et nos concitoyens" et appelé au "sens de l’État", tandis que le député Démocrate Erwan Balanant a fait part de sa "colère" sur X, préférant "se taire". Dans un communiqué, son groupe "Les Démocrates" a indiqué "[prendre] acte" de cette nomination.

Une nomination qui "déçoit" également Stella Dupont, députée "Ensemble pour la République, interrogeant la capacité de Michel Barnier à "rassembler". Son collègue Mathieu Lefèvre a quant à lui salué la nomination d'un "grand européen", reflétant les différences au sein du principal groupe du bloc présidentiel.

"Pas de motion de censure de principe" du RN

Scruté de près durant les consultations pour sa volonté ou non de censurer le futur gouvernement, le Rassemblement national a salué, par la voix de Marine Le Pen, la satisfaction de leurs critères, particulièrement la nomination de quelqu'un "qui soit respectueux des différentes forces politiques et capable de pouvoir s'adresser au Rassemblement national".

Le député Laurent Jacobelli a réagi dans la salle des Quatre-Colonnes de l'Assemblée a indiqué qu'il n'y aura "pas de motion de censure de principe" et attendre, comme Marine Le Pen, la "feuille de route de M. Barnier".

Président du groupe "A droite !", Eric Ciotti a réagi sur X, souhaitant une "réussite républicaine" à Michel Barnier, un "homme respectable", tout en voyant dans cette nomination le "symbole de la dilution d'une certaine droite dans le macronisme."

"Félicitations" de Wauquiez à Barnier

A droite, le patron du groupe "Droite républicaine" Laurent Wauquiez a adressé ses "félicitations" à Michel Barnier, "un homme d'une grande qualité" ayant "tous les atouts pour réussir" - une inflexion stratégique, alors que Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau plaidaient depuis la mi-juillet pour un "Pacte législatif" avec le gouvernement, sans coalition ni cohabitation avec Emmanuel Macron.

Enfin, Estelle Youssoupha (LIOT) a également adressé ses "félicitations" à Michel Barnier, se disant "impatiente" de travailler avec le nouveau Premier ministre.

Selon Le Parisien, Michel Barnier a passé son tout premier appel à la présidente de l'Assemblée nationale cet après-midi, et se rendra à l'Assemblée samedi pour une rencontre.