Après une année 2020 où les armées ont été fortement mobilisées en France et dans le monde, Florence Parly a fait le point sur les principales opérations dans lesquelles les soldats français sont déployés. Lutte contre le terrorisme au Levant, déploiement du Charles de Gaulle, bilan de l'opération Barkhane, mais aussi les relations avec la Turquie, les États-Unis et le Royaume-Uni... LCP revient sur les points clés de l'audition de la ministre des Armées.
Alors que pour la première fois, un sondage montre que la moitié des Français désapprouve l’opération Barkhane, quel bilan et quel avenir pour cette opération militaire française au Mali ? Ce sont les deux questions auxquelles la ministre des Armées Florence Parly a notamment répondu mardi 12 janvier devant les députés de la commission de la défense et des forces armées de l'Assemblée nationale. Au cours d'une longue audition, Florence Parly a salué l'action de ses hommes au centre et au nord du Mali, région où le terrorisme fait des ravages depuis des années et où la France s'est impliquée en 2014.
En 2020, "nous avons continué à soumettre à très forte pression les groupes terroristes dans la région des trois frontières", où se rencontrent sans délimitation physique les territoires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, a expliqué Florence Parly. "Nous avons neutralisé certains chefs, dont l'émir d'Al Qaïda au Maghreb islamique et son adjoint au mois de juin. Plus récemment en novembre, nous avons neutralisé un des plus hauts responsables et d'autres lieutenants", a rappelé la ministre des armées. "Si on regarde comment la neutralisation des chefs est capable de désorganiser en profondeur ces groupes armés, je crois pouvoir dire que l'année 2020 a été une année efficace", estime-t-elle.
Florence Parly se réjouit également de la montée en puissance des forces sahéliennes. Un résultat direct selon elle de l'importante collaboration des armées françaises et maliennes. "Ce qui a été construit en 2020, c'est un partenariat de combat d'un niveau inégalé. Et c'est heureux, car c'était l'un des objectifs prioritaires qui avait été fixé dans le cadre du sommet de Pau", a ainsi indiqué la ministre, qui toutefois prévient :
La solution n'est pas seulement militaire, on ne combat pas le terrorisme seulement avec des armes
Indiquant que le "bilan des efforts réalisés depuis le sommet de Pau" sera dressé à la mi-février lors du sommet de N'Djamena, Florence Parly a souligné que l'implication des Américains dans la coalition ne devrait pas diminuer. Dans ce dossier, les États-Unis aident la France, notamment en matière de renseignements, et "ce soutien a été récemment confirmé", s'est réjoui la ministre des Armées.
Opération Barkhane : devant les députés, la ministre des Armées @Florence_Parly estime que "l'année 2020 a été une année efficace."
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Comme cela a été fait par Richard Ferrand et l'ensemble des députés peu avant les Questions au gouvernement un peu plus tôt dans l'après-midi, la ministre des Armées a rendu hommage aux cinq militaires français morts lors de l'opération Barkhane fin décembre. "Ils sont tombés pour nous protéger et resteront à jamais dans nos mémoires", a notamment déclaré Florence Parly, qui a rappelé que "chaque jour, des milliers de jeunes français veillent sur nous en tout temps et en tout lieu."
La ministre est également revenue sur un événement qui a agité les réseaux sociaux ces derniers jours. Le 3 janvier, une frappe aérienne française a été réalisée à proximité du village de Bounti, au centre du Mali. Plusieurs rumeurs ont évoqué le fait que les participants à un mariage en auraient été des victimes collatérales. Selon des habitants, une vingtaine de civils auraient été tués, dont des femmes et des enfants. Leurs corps, très vite enterrés, "ne sont pas identifiables, ce sont des restes de corps, des morceaux de corps humains éparpillés", a affirmé l’un d’eux, rapporte le quotidien La Croix.
Devant les députés, la ministre des Armées a assuré qu'il "n'y a pas eu de dommages collatéraux observés." "La France n'a jamais engagé un hélicoptère dans le cadre de cette frappe, et il n'y a pas eu de rassemblements festifs à l'endroit où la frappe est intervenue", a assuré Florence Parly, qui a par ailleurs indiqué que 30 terroristes avaient été neutralisés lors de l'attaque.
.@Florence_Parly revient sur la frappe aérienne réalisée par l'armée française dimanche 3 janvier dans le centre du Mali, et assure devant les députés qu'il "n'y a pas eu de dommages collatéraux observés." #DirectAN pic.twitter.com/S9Q8ZgAhB8
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Expliquant que la France n'agissait qu'après avoir recoupé plusieurs fois les renseignements nécessaires à une telle opération, Florence Parly a estimé qu'il existait "une sorte de guerre informationnelle." Selon elle, il n'est pas "innocent" que ces rumeurs se soient répandues "à un moment où les groupes terroristes ont communiqué pour que la France quitte le Sahel"
"Je récuse absolument l'idée que le 3 janvier les forces françaises aient pu occasionner ce dont nous avons été accusés", a solennellement conclu la ministre des Armées, alors qu'une enquête a été ouverte par la Mission de l'ONU au Mali.
"La prochaine mission du porte-avions Charles de Gaulle sera de renforcer notre dispositif, dans le cadre de l'opération Chammal", volet français de l'opération internationale contre le groupe État islamique (EI) emmenée par les États-Unis, a également annoncé Florence Parly devant la commission Défense de l'Assemblée nationale.
"La prochaine mission du porte-avions Charles de Gaulle sera de renforcer notre dispositif dans le cadre de l'opération Chammal. Le groupe aéronaval va se déployer au premier semestre 2021 en Méditerranée et dans l'océan Indien", annonce @florence_parly.#DirectAN pic.twitter.com/zvL0OloAtG
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"Le groupe aéronaval se déploiera ainsi au premier semestre 2021 en Méditerranée et dans l'Océan indien. Cet engagement démontre, s'il en était besoin, notre volonté à lutter en permanence et sans condition contre le terrorisme". Il s'agira de la première mission du porte-avions français depuis celle, début 2020, qui avait vu près des deux-tiers de son équipage testés positifs au Covid-19, rappelle l'Agence France Presse.
"Au Levant, près de 900 militaires au sein de l'opération Chammal continuent de lutter contre Daech au sein de la coalition internationale", a rappelé la ministre, qui s'est également inquiétée de la "résurgence" du groupe jihadiste en Irak et en Syrie.
"Au Levant, la France considère que Daesh est toujours présent. On peut même parler, je crois, d'une forme de résurgence de Daesh en Syrie et en Irak", explique la ministre des Armées @florence_parly.#DirectAN pic.twitter.com/oTwiSUAm5t
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Cette mission du Charles de Gaulle en Méditerranée orientale intervient aussi sur fond de tensions avec la Turquie, en raison notamment de désaccords sur la Syrie, la Libye, le conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie au Nagorny Karabakh mais aussi, précisément, la Méditerranée, autour de zones maritimes disputées. Toutefois, Ankara a récemment semblé vouloir désamorcer la crise . "Nous avons noté les intentions de la Turquie de vouloir renouer le dialogue avec les Européens", a indiqué devant les députés. "Si c'est le cas, très bien. Mais nous jugerons sur les actes", a-t-elle prévenu.
"Nous avons noté les intentions de la Turquie de vouloir renouer le dialogue avec les Européens", indique la ministre des Armées @Florence_Parly.
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Enfin, la ministre des Armées a dressé la liste des priorités de son ministère en 2021. Outre la relance économique (à laquelle l'armée participe, étant la première recruteuse de l'État), la lutte contre le terrorisme et la poursuite de la construction européenne, Florence Parly entend "donner un nouveau souffle à nos alliances".
À ce titre, "l'installation prochaine de la nouvelle administration américaine est porteuse d'espoir, car elle remet au centre le principe même du dialogue et de la coopération" a notamment indiqué la ministre des Armées. Le 20 janvier, le démocrate Joe Biden, qui est proche de la ligne française sur de nombreux points, remplacera Donald Trump à la tête des États-Unis.
Autre changement majeur en ce début d'année 2021 : avec le Brexit, la Grande-Bretagne a quitté l'Union européenne. "Il nous faut trouver un mode d'association du Royaume-Uni à la sécurité du continent européen", a indiqué Florence Parly, expliquant que l'accord relatif au Brexit et signé par Bruxelles n'abordait pas les questions de défense et de sécurité.