Outre-mer : Philippe Vigier défend "un effort budgétaire global"

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par Soizic BONVARLET, le Mardi 31 octobre 2023 à 12:23, mis à jour le Mardi 31 octobre 2023 à 12:27

Auditionné par la commission des lois de l'Assemblée nationale, le ministre délégué chargé des Outre-mer, Philippe Vigier, a fait valoir des crédits en hausse alloués aux missions de son ministère, notamment en matière d'accès au logement et à l'eau. Les députés des territoires ultramarins d'opposition ont regretté un manque d'ambition du projet de loi de finances et appelé le gouvernement à "changer de paradigme".

"Un effort budgétaire global" dans la continuité de la politique menée depuis 2017 en direction des Outre-mer, c'est ce qu'a défendu Philippe Vigier lundi 30 octobre, en fin de journée, devant les députés de la commission des lois. Auditionné à l'Assemblée nationale dans le cadre de l'examen de la partie "dépenses" du projet de loi de finances pour 2024, le ministre délégué chargé des Outre-mer a défendu un budget en hausse de 4,4 % en autorisations d’engagements (7% hors l'inflation) et de 2% en crédits de paiement.

Combler le "retard" sur le logement et améliorer l'accès à l'eau

Le ministre a notamment souligné "un effort significatif sur le logement", avec 70 millions d'euros dédiés dans la mission "Outre-mer" du projet de loi de finances. "Il y a un retard considérable sur le logement", a cependant admis le ministre. Cette ligne budgétaire sera consacrée au développement des logements locatifs sociaux, à la réhabilitation du parc de logements privés et locatifs sociaux, ainsi qu'à la lutte contre l'habitat indigne. Le crédit d'impôt dédié à la réhabilitation du parc social en Outre-mer sera aussi étendu hors quartiers prioritaires de la politique de la ville, a-t-il précisé.

Philippe Vigier a également souligné l'attention particulière portée à la problématique de l'accès à l’eau. Le traitement d'urgence pour Mayotte sera ainsi pérennisé, quand l'Office français de la biodiversité (OFB) se verra doté de 120 millions supplémentaires pour l'eau et l'assainissement. Le ministre a également indiqué que les moyens seront renforcés à hauteur de 1,4 million d'euros dans le cadre de la lutte contre les sargasses, ces algues brunes qui colonisent le littoral et l'arc antillais, rejetant de l’ammoniac et du sulfure d’hydrogène lorsqu'elles se décomposent.

Pour ce qui est de l'aide à la mobilité en lien avec le développement économique des territoires ultramarins, il a fait valoir une rallonge de 23 millions d'euros des moyens de la continuité territoriale, destinés à augmenter la part des personnes éligibles à cette aide. Un soutien à l'installation en Outre-mer pour les porteurs d'un projet professionnel sera également instauré, quand le dispositif "cadres d'avenir", qui accompagne la formation et le retour sur leurs territoires de cadres ultramarins, a été étendu en Guadeloupe et à Saint-Martin en 2023, et le sera en Martinique en 2024.

Les députés ultra-marins appellent à "changer de paradigme"

Du côté des oppositions, si le rapporteur pour avis sur le budget des Outre-mer, Yoann Gillet (Rassemblement national), a pointé le manque de moyens destinés à lutter contre "l'insécurité galopante" dans les Outre-mer, les députés des territoires ultramarins ont, pour leur part, regretté un manque d'ambition du côté des problématiques sociales.

Jean-Philippe Nilor (La France insoumise), tout en admettant que la ligne budgétaire unique (LBU), qui regroupe les aides de l'Etat au logement en Outre-mer, apparaissait en hausse, l'a estimée très insuffisante au regard de la pénurie de logements sociaux, d'un taux de 13% de logements insalubres et des 600 000 personnes mal-logées. "Ce que nous voulons, c'est une vision véritablement à long terme qui nous permette d'ancrer profondément les conditions de développement économique et social dans nos territoires", a aussi fait valoir le député de Martinique.

Davy Rimane (Gauche démocrate et républicaine) a également appelé le gouvernement à "changer de paradigme quant à l'approche, économique, sociale, sanitaire de nos territoires, et ce avec urgence", le député de la Guyane estimant que les efforts budgétaires affichés pour 2024 n'allaient "rien changer dans l'absolu".