Passe sanitaire étendu, obligation vaccinale pour les soignants, retraites... les réactions dans la majorité et dans l'opposition

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par Jason WielsThomas Despre, Stéphanie Depierre, le Lundi 12 juillet 2021 à 21:58, mis à jour le Mercredi 21 juillet 2021 à 00:17

Après les annonces d'Emmanuel Macron, les élus de la majorité ont fait bloc derrière le président de la République, alors qu'un projet de loi sur les nouvelles mesures sanitaires va être rapidement examiné au Parlement. Des critiques se sont fait entendre venant notamment du Rassemblement national et de La France insoumise.

"Je vous ai donné le cap, (...) j'ai besoin de vous." Devant les élus de sa majorité, Emmanuel Macron a battu le rappel, lundi, à l'Élysée. Car, au-delà de l'annonce de nouvelles mesures sanitaires, le président de la République a braqué les feux sur l'élection présidentielle de 2022, en évoquant notamment "la France de 2030" et le retour de la réforme des retraites.

Très applaudi par les nombreux parlementaires venus l'écouter à l'Élysée après son allocution télévisée, le chef de l'État a justifié un nouveau tour de vis sanitaire à cause des "très mauvaises projections de l'Institut Pasteur", témoigne un élu présent.

Dès leur sortie de l'Élysée, députés et sénateurs de la majorité ont soutenu les décisions prises par le Président, à commencer par le choix d'imposer la vaccination au personnel soignant sous peine de sanctions : "Si vous décidez de ne pas vous vacciner, vous assumez quelque part de sortir du jeu collectif", a fait valoir le chef de file des députés marcheurs, Christophe Castaner (voir vidéo en une).

"Une brutalité indécente"

La semaine dernière, lors de la consultation lancée par le Premier ministre, Jean Castex, un assez large consensus est apparu à propos de la vaccination obligatoire pour les soignants. Sans faire cependant l'unanimité. Après l'allocution d'Emmanuel Macron, cette annonce a ainsi été vivement critiquée par Marine Le Pen (Rassemblement national) :

Au-delà de de l'obligation vaccinale pour les soignants, l'extension du passe sanitaire à de nombreux lieux recevant plus de 50 personnes (café, théâtre, restaurant et même hôpital) devrait faire davantage débat à l'Assemblée. Par exemple, François Ruffin (La France insoumise) a jugé dans un tweet que les décisions annoncées par le chef de l'Etat étaient "le symbole d'un gouvernement impuissant à convaincre, et à qui ne reste que la force de coercition".

Au contraire, Guillaume Larrivé (Les Républicains) a salué les annonces d'Emmanuel Macron, se disant prêt à les voter dès la semaine prochaine, dans le futur projet de loi.

C’est pour libérer nos vies de ce satané virus que nous devons, sans tarder, étendre l’obligation vaccinale et le passe sanitaire. Je prendrai ma part de responsabilité en votant pour ce projet de loi nécessaire. Guillaume Larrivé, le 12 juillet 2021

Un avant-goût de 2022 ?

En défendant la nécessité de la réforme des retraites, mais pas avant que l'épidémie soit sous contrôle, tout en maintenant la réforme de l'assurance chômage, le Président a aussi montré qu'il ne voulait pas renoncer aux réformes économiques et sociales.

Un programme qui n'a pas manqué de réveiller l'hostilité de l'opposition de gauche, Sébastien Jumel (PCF) en tête :

De même, la députée et ex-marcheuse Émilie Cariou a dénoncé un "programme pré-présidentiel ultra libéral (...) à droite toute".

En revanche, pour Patrick Vignal (LaREM), le choix de parler de la réforme des retraites en pleine résurgence de la crise épidémique est une manière de montrer "qu'il a une ligne de conduite". "La réforme des retraites va se faire, mais mon petit doigt me dit qu'elle ne se fera pas dans les trois mois qui arrivent", estime le député en s'appuyant sur les déclarations du chef de l'Etat lors de son allocution télévisée. 

"La fin des régimes spéciaux, c'est quelque chose d'assez consensuel, donc ça peut se faire avant la fin du mandat", prédit un autre macroniste présent à l'Élysée. Pour ce faire, il reste à l'exécutif quelques mois de session parlementaire, jusqu'en février, avant l'interruption des travaux de l'Assemblée nationale et du Sénat pour cause de campagne présidentielle. Et un virus à mettre sous cloche.