Polluants éternels, agriculture, 49.3, médias, énergie et climat... : les priorités du groupe Écologiste à l'ordre du jour

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L'usine Solvay à Chalampé dans le Haut-Rhin. © Sébastien BOZON / AFP
L'usine Solvay à Chalampé dans le Haut-Rhin. © Sébastien BOZON / AFP
par Léonard DERMARKARIANAdèle Daumas, le Lundi 25 mars 2024 à 19:40

Lutte contre les PFAS (dits "polluants éternels"), revenu digne pour les agriculteurs et transition agricole, suppression du 49.3, liberté éditoriale des médias, énergie et climat, arrêt de travail menstruel... Pour sa journée d'initiative parlementaire du 4 avril, le groupe Ecologiste de l'Assemblée nationale a mis huit propositions de loi à l'ordre du jour. Avant d'être débattus dans l'hémicycle, ces textes seront examinés en commission ce mardi 26 et mercredi 27 mars. Passage en revue. 

De 9 heures à minuit, jeudi 4 avril, les députés du groupe Ecologiste auront une journée pour défendre leurs priorités dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Comme souvent lors des journées d'initiative parlementaires, le temps imparti ne sera peut-être pas suffisant pour débattre de l'ensemble des propositions de loi inscrites à l'ordre du jour. Mais toutes seront examinées par les commissions de l'Assemblée ce mardi 26 et mercredi 27 mars. La moitié des huit textes présentés par le groupe présidé par Cyrielle Chatelain est consacrée à des sujets liés à l’environnement et au climat.

Lutte contre les polluants éternels

En tête de l'ordre du jour du jeudi 4 avril, les députés écologistes ont placé la proposition de loi visant à "protéger la population des risques liés aux substances per- et polyfluoroalkylées", portée par Nicolas Thierry. Les PFAS, aussi appelés "polluants éternels", sont des molécules chimiques qui entrent dans la composition de nombreux objets et produits du quotidien et qui se caractérisent par leur grande persistance dans l'environnement et leur dangerosité pour la santé. 

Le texte (auquel LCP a déjà consacré un article à lire ici), prévoit l'interdiction échelonnée de "la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché des produits contenant des PFAS" entre juillet 2025 et 2027, à l’exception" de "dérogations" décidées par le Conseil d'Etat. En outre, il vise à appliquer à ces substances le principe "pollueur-payeur", afin que les industriels qui rejettent des PFAS dans la nature financent la dépollution via une "redevance" versée aux agences de l'eau. 

"Prix minimal d'achat des produits agricoles"

Alors que la crise agricole s'est invitée dans l'actualité ces derniers mois, le groupe Ecologiste apporte sa contribution au sujet à travers une proposition de loi visant à "garantir un revenu digne aux agriculteurs et à accompagner la transition agricole", rapportée par Marie Pochon et figurant en deuxième position à l’ordre du jour. Le texte propose notamment d'établir un prix minimal d’achat des produits agricoles” - une proposition analogue avait été portée par La France insoumise, en novembre 2023, et n’avait pas été adoptée malgré un vote serré.

Le texte propose également de créer, sous l'autorité des ministres de l'Agriculture et de l'Environnement, un "fonds dédié à la transition agroécologique des exploitations agricoles".

Suppression de l'article 49.3 de la Constitution

Outre les sujets environnementaux, certaines questions institutionnelles font depuis longtemps partie des thèmes de prédilection des écologistes. Après avoir lancé une pétition l'année dernière pour demander la suppression de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, utilisé 23 fois par l'ex-Première ministre Elisabeth Borne, Jérémie Iordanoff portera une proposition de loi constitutionnelle pour abroger cette disposition. 

Le texte, inscrit en troisième position à l'ordre du jour de la niche parlementaire, vise également à modifier la rédaction du 1er alinéa de l'article 49, afin de rendre obligatoire l'engagement de la responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale sur la déclaration de politique générale du Premier ministre. 

Ce texte ayant comme objectifs affichés, selon son titre et son exposé des motifs, de rendre l'article 49 de la Constitution "respectueux de la représentation nationale" et de "rééquilibrer les pouvoirs"

"Protéger la liberté éditoriale des médias sollicitant des aides de l'Etat"

En pleine commission d'enquête sur l'attribution et le contrôle des fréquences de la TNT, le groupe présidé par Cyrielle Chatelain défendra aussi une proposition de loi visant à "protéger la liberté éditoriale des médias sollicitant des aides de l’Etat", dont la rapporteure est Sophie Taillé-Polian. 

Alors que l'année dernière, la nomination de Geoffroy Lejeune - voulue par Vincent Bolloré - à la direction de la rédaction du Journal du Dimanche l'année a provoqué une crise inédite au sein de l'hebdomadaire, le texte veut en substance "prévenir" les situations où l'indépendance des rédactions pourrait être menacée. L'exposé des motifs du texte propose notamment un conditionnement des "aides publiques, directes et indirectes" dont bénéficient les entreprises éditrices de presse d’information politique et générale "à un droit d’agrément sur la nomination du directeur ou de la directrice de la rédaction", ce droit prenant la forme d'un vote des "journalistes employés par la rédaction".

Et aussi : programmation énergétique, santé menstruelle, énergies fossiles, accès à la nature

Les engagements de la France ne sont pas suffisants pour faire face à l'urgence climatique et parvenir à la neutralité carbone en 2050, relève la députée Julie Laernoes, rapporteure de la proposition de loi visant à "instaurer de nouveaux objectifs de programmation énergétique". Son texte propose donc de "rehausser" les objectifs français de réduction de gaz à effet de serre, d'arrêter la production d'électricité à partir de charbon en 2027 et de supprimer les exceptions accordées pour la recherche et l’exploitation des hydrocarbures sur le sol français.

Alors que le sujet à longtemps été tabou, Sébastien Peytavie défendra une proposition de loi pour "reconnaître et protéger la santé menstruelle et gynécologique dans le monde du travail". Rappelant que les douleurs liées au menstruations sont "susceptibles de concerner près de la moitié d’une population" et "semblent pourtant invisibles", l'exposé des motifs du texte souligne qu'en France "l’endométriose touche près de 10 % des femmes et personnes en âge de procréer". Partant de ce constat, la proposition de loi prévoit notamment d'ouvrir le "droit pour les personnes salariées ou agentes publiques atteintes de menstruations incapacitantes à bénéficier d’un arrêt de travail, intégralement pris en charge par l’assurance maladie, exempt de jours de carence, allant jusqu’à 13 jours ouvrés, posés consécutivement ou séparément, sur une durée d’un an et sans limite mensuelle". 

S'appuyant sur la COP 28, qui a acté "la nécessité d’une « transition en‑dehors des énergies fossiles » afin de préserver un climat viable pour l’humanité", la proposition de loi portée par Cyrielle Chatelain constate que "l’exploitation du pétrole, du charbon et du gaz n’a jamais été aussi rentable pour les multinationales fossiles et leurs investisseurs". Le texte - dont le titre indique vouloir "protéger les Français des risques climatiques et financiers associés aux investissements dans les énergies fossiles" - propose donc d'interdire aux banques et autres fonds d’investissement "d’investir dans de nouveaux projets fossiles" et de leur fixer "un objectif de réduction de 50 % de la part d’actifs fossiles détenus dans leur portefeuille d’investissement d’ici au 1er janvier 2030 et de 90 % d’ici au 1er janvier 2040". Sous peine de sanctions financières en cas de non‑respect de ces obligations.

Enfin, le dernier texte au programme de journée d'initiative parlementaire du groupe écologiste vise à abroger l'article 226-4-3 du code pénal. La proposition de loi portant "dépénalisation de l'accès à la nature", présentée par Lisa Belluco prévoit la suppression de cet article du code pénal introduit par la loi du 2 février 2023, qui a créé une contravention pour qui "pénètre sans autorisation dans la propriété privée rurale ou forestière d'autrui". Le texte propose donc de supprimer cette nouvelle infraction qui restreint l'accès du public à la nature dans un pays où, souligne l'exposé des motifs de la proposition de loi, "75% des forêts sont privées". Et cela alors qu'un conflit d'usage a récemment fait polémique après qu'un propriétaire a interdit aux randonneurs l'accès à sa parcelle de montagne dans le massif de la Chartreuse.