La proposition de loi visant à "rendre accessible à tous les étudiants le repas à 1 euro", présentée par le groupe Socialistes, a été adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale, ce jeudi 23 janvier. Ce dispositif est actuellement réservé aux étudiants boursiers et à ceux qui sont identifiés comme précaires. Le texte va être transmis au Sénat.
La deuxième fois aura été la bonne. Il y a deux ans, une proposition de loi similaire, déjà portée par Fatiha Keloua-Hachi (Socialistes), avait été rejetée dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à une voix près. Dans une configuration fort différente depuis les législatives anticipées de l'été dernier, le texte visant à "rendre accessible à tous les étudiants le repas à 1 euro" a été largement approuvé (par 149 voix, contre 5 et 19 abstentions), ce jeudi 23 janvier. Le groupe présidé par Boris Vallaud ayant décidé de l'inscritr à nouveau à l'ordre du jour, dans le cadre de sa "niche parlementaire".
Le gouvernement avait généralisé les repas à 1 euro à tous les étudiants pendant la crise du Covid, avant de réserver le dispositif aux étudiants boursiers et identifiés comme étant en situation de précarité. Pour tous les autres, le tarif est fixé à 3,30 euros. Evoquant les longues files d'étudiants patientant devant les centres distribuant de la nourriture, Fatiha Keloua-Hachi a martelé la nécessité de généraliser les repas à 1 euro. "Les étudiants ont été privés d'un dispositif dont ils avaient besoin", a déclaré l'élue socialiste, qui a longuement détaillé les "lacunes" du statut de boursier. Tout en assurant que cette généralisation effacerait "les différences de traitement injustifiées entre les étudiants" qui, en tant que jeunes adultes, vivent parfois dans des conditions qui ne dépendent plus du tout des revenus de leurs parents.
Cet argumentaire n'a pas convaincu le gouvernement, décidé à davantage répondre aux défis qui se présentent déjà aux "Crous" : densité du réseau, saturation des établissements existants et montée en qualité de l'offre proposée. Critiquant le dispositif prévue par le texte ministre chargé de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, a déploré une mesure "injuste socialement". Et de juger qu'elle "conduirait à faire payer moins les étudiants les plus aisés, tout en contribuant à rendre plus difficile l'accès à l'offre de restauration existante pour les étudiants qui en ont le plus besoin".
"Vous voulez appliquer un tarif préférentiel unique à des étudiants aux moyens très différents, ce qui est inutilement coûteux", a abondé Vincent Jeanbrun (Droite républicaine), opposé à la mesure dont le coût est estimé à 90 millions d'euros. A l'image de Laurent Croizier (Les Démocrates), plusieurs élus de la coalition présidentielle, également opposés à la proposition de loi, ont tenté de plaider la différence entre cette mesure d'égalité et l'équité qui répondrait à la détresse des plus précaires. Tout en soulignant que le tarif social des repas, fixé à 3,30 euros, reste mesuré par rapport à son coût réel.
"Pour un étudiant, payer 1 euro plutôt que 3,30 euros, c'est loin d'être anecdotique", leur a répondu Salvatore Castiglione (LIOT). Soutenu par l'ensemble des groupes de gauche, le texte a aussu été approuvé par le Rassemblement national. "Nous ne sommes pas sectaires", a indiqué Bruno Clavet (RN). Qui a tenté, sans succès, de limiter le dispositif aux étudiants français, européens ou issus de pays qui ont un accord d'enseignement supérieur avec la France.
La proposition de loi a donc été largement adoptée. Mais le repas à 1 euro pour tous les étudiants n'est pas pour demain. Après cette première lecture à l'Assemblée nationale, le texte devra maintenant poursuivre son parcours législatif au Sénat, où la droite et le centre sont majoritaires. "Tout le monde sait ici qu'en l'état ce texte ne passera pas au Sénat", a prévenu Laurent Croizier (Les Démocrates).