Report de la présentation de la réforme des retraites : le gouvernement interrogé à l'Assemblée

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par Soizic BONVARLET, le Mardi 13 décembre 2022 à 17:31, mis à jour le Lundi 9 janvier 2023 à 16:33

Au lendemain de l'annonce, par Emmanuel Macron, du report de la présentation de la réforme des retraites au 10 janvier, alors qu'elle était initialement prévue cette semaine, le gouvernement a été interrogé à plusieurs reprises sur le sujet lors de la séance de questions d'actualité, à l'Assemblée nationale, mardi 13 décembre. Élisabeth Borne affirme que le gouvernement reste "ouvert aux propositions" des organisations politiques et syndicales.  

"Vive la retraite à 65 ans !" C'est par cette anaphore aussi ironique que provocatrice, que Mathilde Panot a inauguré la séance des questions au gouvernement, mardi 13 décembre. Estimant que cette réforme était particulièrement malvenue, entre crise sociale et pénuries dans différents secteurs, la présidente du groupe La France insoumise a accusé le gouvernement de fabriquer "une machine à chômage et à souffrances".

"Vive la retraite à 65 ans, et tant pis si 7 millions de personnes sont déjà mortes à cet âge", a poursuivi Mathilde Panot, avant d'évoquer une "extrême fébrilité" de l'exécutif, ce qui expliquerait selon elle la décision de repousser d'un mois la présentation de la réforme. A l’occasion d’un point d’étape relatif aux travaux du Conseil national de la refondation (CNR), Emmanuel Macron a annoncé, lundi 12 décembre, que la présentation des lignes directrices de la réforme, prévue à la mi-décembre, était finalement reportée au 10 janvier. Raison invoquée : la volonté de laisser encore du temps à la concertation avec les partenaires sociaux, alors que les élections professionnelles viennent de s’achever, ainsi qu'avec les partis politiques, alors que de nouveaux chefs de file viennent d'être élus à la tête des Républicains et d'Europe Écologie-Les Verts.

De la pouponnière jusqu'au cimetière, vous exécutez votre politique de maltraitance sociale. Mathilde Panot

Un réquisitoire conclu par une question quant à la méthode envisagée par le gouvernement, afin de faire adopter le texte : "Madame la Première ministre, vous engagez-vous, oui ou non, à ne pas avoir recours au 49.3 pour imposer votre odieuse réforme ?"

Élisabeth Borne a répondu à la diatribe de La France insoumise en la renvoyant dos-à-dos avec le Rassemblement national, les deux formations ayant un temps défendu la retraite à 60 ans, avant que Marine Le Pen ne revoie sa copie  : "La réforme Panot-Le Pen, c'est plus d'impôts, moins de pouvoir d'achat pour les retraités, et une menace pour la retraite des plus jeunes, car notre modèle social ne serait plus financé", a aussi affirmé la Première ministre. "Face au chemin de la démagogie, nous proposons le chemin de la responsabilité", a-t-elle poursuivi, avant d'assumer que le projet de réforme puisse conduire les Français à "travailler progressivement un peu plus longtemps". Sur le calendrier, la Première ministre a, par ailleurs, indiqué que le report des annonces ne changeait rien aux échéances prévues pour l'examen du futur projet de loi et son entrée en application une fois adopté, avec "un vote définitif au printemps et une entrée en vigueur de la réforme en été". Sur le fond, Élisabeth Borne a indiqué que le gouvernement restait "ouvert aux propositions" des organisations politiques et syndicales jusqu'à la présentation de la réforme.  

La Nupes a fait entendre sa voix par deux fois sur le sujet des retraites, puisque Yannick Monnet (Gauche démocrate et républicaine), a également interrogé le gouvernement sur le sujet, en indiquant que l'alliance de gauche tenterait de faire adopter "une motion référendaire pour que les Français décident du projet de société qu'ils veulent". "Ce débat, vous n'y échapperez pas", a affirmé le député, accusant le gouvernement de vouloir "réduire le déficit public au prix de l'état de santé des travailleurs".

Quelques minutes plus tôt, c'est un député de la majorité en la personne de Benoit Mournet (Renaissance), qui avait par ailleurs interrogé le gouvernement sur les cycle de concertations menées jusqu'à présent, et appelant de ses vœux une réforme "juste". Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, lui a répondu, évoquant la nécessité de "regarder la réalité en face", et un système actuel "inéquitable". Il a aussi souhaité rassurer la représentation nationale quant à des concertations "utiles" et "fructueuses", qui continuent à ce jour d'être menées, et dit l'ambition du gouvernement "d'améliorer encore le texte", "sans changer de cap".