Dix-neuf députés du Nouveau Front populaire annoncent qu'ils quitteront le réseau social X (ex-Twitter) lundi 20 janvier. Ils veulent protester contre les "dérives" de la plateforme d'Elon Musk, qui est devenue, écrivent-ils, "un vecteur de désinformation massive et de haine en ligne".
"On se lève, on se casse !" C'est par ces mots que la députée écologiste Sandrine Rousseau appelait, il y a quelques jours, ses collègues du Nouveau Front populaire à quitter X (ex-Twitter). La plateforme, dont le milliardaire américain Elon Musk est propriétaire depuis 2022. étant devenue, à ses yeux, "une véritable machine de désinformation, une arme de destruction massive de la réalité factuelle, et la caisse de résonance des courants d'extrême droite". Une semaine plus tard, ils sont dix-neuf députés du NFP à annoncer leur départ collectif du réseau social, le lundi 20 janvier, jour de l'investiture de Donald Trump.
Outre l'élue parisienne, on retrouve, la présidente du groupe Ecologiste et social, Cyrielle Chatelain, et onze autres de ses membres : Pouria Amirshahi, Lisa Belluco, Benoît Biteau, Hendrik Davi, Jérémie Iordanoff (qui en est en fait déjà parti), Julie Laernoes, Julie Ozenne, Marie Pochon, Eva Sas, Nicolas Thierry et Dominique Voynet.
Egalement partants, le président du groupe Gauche démocrate et républicaine André Chassaigne et sa collègue communiste Karine Lebon, ainsi que les députés socialistes Chantal Jourdan, Océane Godard, Pierrick Courbon, et l'insoumis Loïc Prud'homme.
Plus nous serons nombreux, plus [ce mouvement] aura d'impact.
Dans un communiqué publié ce vendredi (lire ci-dessous), ces élus expliquent ne pas vouloir participer à la "manipulation du discours politique", à la "propagation de fausses informations", à la "mise en avant de discours haineux et discriminatoires" ou à la "diffusion d'idéologies d’extrême droite". "Plus nous serons nombreux, plus [ce mouvement] aura d'impact", ajoutent-ils, appelant d'autres députés à les rejoindre et affirmant leur "engagement" pour "une information fiable et des débats constructifs, loin des logiques de manipulation et de haine".
D'autres personnalités politiques, qui ne sont pas députées, ont également annoncé ces derniers jours leur départ de la plateforme X, à l'image de la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, du sénateur Yannick Jadot, de la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian, de l'ancienne ministre Cécile Duflot ou encore du président de la région Bretagne Loïg Chesnais-Girard.
Certains ont déjà franchi ces dernières années, comme la maire de Paris Anne Hidalgo, celui de Nancy Mathieu Klein, ou encore le ministre des Outre-mer Manuel Valls et l'ancien ministre Benoît Hamon.
Invité mercredi de LCP, dans l'émission Ça vous regarde, le député Pouria Amirshahi (Ecologiste et social) a expliqué sa décision de quitter le réseau d'Elon Musk, "un propagandiste très puissant du nouveau fascisme moderne", qu'il faut "désarmer autant qu'on peut". "X ne soigne pas le débat, au contraire, il l'attise", complétait-il encore, évoquant un "acte politique".
Face à lui sur le plateau, l'Insoumis Antoine Léaument (La France insoumise) a, quant à lui, indiqué avoir choisi une autre stratégie : y rester pour ne pas laisser les utilisateurs de Twitter "sans un contre-point, sans des personnes qui vont continuer à défendre une politique différente, une logique opposée". Affirmant "comprendre les raisons" de ceux qui quittent X et "d'une certaine manière les partager", il parle d'une "manière différente de mener le combat".
Sur la même ligne qu'Antoine Léaument, le député et coordinateur national de LFI Manuel Bompard a déclaré sur RTL, le 14 janvier, que le sujet de quitter ou non le réseau social nécessitait une "réponse collective et politique, pas individuelle". Même stratégie du côté de l'ex-députée européenne écologiste Karima Delli.
Le député Eric Bothorel (Ensemble pour la République), lui aussi, restera sur X, pour le moment, même s'il dit là aussi "comprendre ceux qui se barrent".
Si des gens de bonne foi continuent à croire que c’est là que ça se passe, ils n’ont plus de parole alternative. Olivier Faure
Interrogé le week-end dernier sur BFMTV à propos d'un éventuel départ de la plateforme, le premier secrétaire du Parti socialiste et député Olivier Faure confiait "se poser la question", mais émettait des réserves : "Ce qui me gêne, c’est que si on quitte le réseau social et qu’on l’abandonne uniquement à l’extrême droite et que des gens de bonne foi continuent à croire que c’est là que ça se passe, ils n’ont plus de parole alternative."