L'accord conclu entre la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen et le président américain Donald Trump a été vivement critiqué ce lundi par le Premier ministre, François Bayrou et l'ensemble de la classe politique française.
Il s'agit, selon le Premier ministre François Bayrou, d'un "jour sombre" lors duquel "une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission". L'accord trouvé ce dimanche entre la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président américain Donald Trump, suscite un rejet unanime de la classe politique française.
Cet accord prévoit 15% de taxes sur les produits européens importés aux Etats-Unis. Par ailleurs, l'Union européenne s'est engagée à investir massivement sur le sol américain à hauteur de 515 milliards d'euros et à acheter pour 638 milliards d'euros d'énergie en trois ans.
"Cet accord ne va pas et c'est une forme de défaite de la commission européenne", a déclaré lundi matin sur FranceInfo le président de la commission des affaires européennes, Pieyre-Alexandre Anglade. "Les Européens auraient pu se défendre et mettre en place des mesures de rétorsion", a affirmé l'élu, qui juge l'accord "inéquitable". Pieyre-Alexandre Anglade a toutefois affirmé que "cet accord permet[ait] d'avoir un peu de stabilité et de visibilité".
C'est une forme de déroute de la commission européenne. Pieyre-Alexandre Anglade
Dans un long message publié sur le réseau social X, le président des députés Les Démocrates Marc Fesneau a lui aussi fait part de son mécontentement : "Nous n'avons pas construit l'Europe et nous ne sommes pas d'ardents défenseurs de l'Europe pour voir ainsi bradés nos intérêts." L'élu du Loir-et-Cher juge un "rééquilibrage" de l'accord "impératif". Le président du groupe Droite républicaine, Laurent Wauquiez, estime que la France ne peut "tolérer" un accord qui s'apparente à du "racket".
L'opposition, elle aussi, est très critique. François Ruffin (Les Ecologistes) a interpellé François Bayrou sur le réseau social X : "Vous êtes chef du gouvernement français, ne twittez pas : intervenez !" Le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, a lui aussi mis en cause la réaction du Premier ministre : "La France doit refuser cette capitulation plutôt que de se comporter comme une bande de commentateurs sans influence." "Gouverner, ce n'est pas commenter", a également réagi le président des députés socialistes, Boris Vallaud.
Le président des députés communistes, Stéphane Peu, demande pour sa part une saisine du Parlement français : "La France ne doit pas ratifier cette accord de soumission de l’UE aux USA."
Marine Le Pen a de son côté dénoncé un "fiasco politique, économique et moral" : "Les souverainetés, en matière commerciale, ne s'additionnent pas : elles se diluent, voire en l'espèce, s'annulent, sous le poids de la bureaucratie bruxelloise", écrit la présidente des députés Rassemblement national.
"15%, ce n'est pas négligeable, mais c'est le mieux qu'on pouvait obtenir", a plaidé Ursula von der Leyen pour défendre son accord. La présidente de la commission européenne a par ailleurs expliqué que les détails de l'accord seraient réglés "dans les prochaines semaines". Une fois l'accord conclu, celui-ci devra encore être validé par les 27 États membres de l'Union.
(M.K. avec AFP)