La proposition de loi du Rassemblement national visant à rendre obligatoire le port d'une "tenue uniforme aux couleurs de l'établissement" dans les écoles et collèges publics a été rejetée par l'Assemblée nationale. La déclaration de Brigitte Macron qui a, par ailleurs, indiqué dans un entretien au Parisien être "pour le port de l'uniforme à l'école" a été largement commentée dans l'hémicycle.
Il n'y aura donc pas d'uniforme obligatoire dans les écoles et collèges publics français. Sans surprise, les députés ont rejeté, jeudi 12 janvier, la proposition de loi de Roger Chudeau, qui était examinée dans le cadre de la journée d'initiative parlementaire" du Rassemblement national.
L'école est une citadelle assiégée que menacent les chevaux de Troie de la déconstruction et de la décomposition sociale de notre pays. Roger Chudeau, député Rassemblement national
Le texte "visant à instituer dans les écoles et collèges publics le port d’une tenue uniforme aux couleurs de l’établissement scolaire" aura donc connu le même sort qu'en commission. Au grand dam de son auteur, prompt à fustiger la "détestation de l'ancien monde" qui lie selon lui la Nupes et la majorité présidentielle. Roger Chudeau a pourtant vanté les mérites qu'aurait eu la mise en place d'une "tenue uniforme", dont chaque établissement aurait pu fixer la coupe et la couleur.
À savoir, d'après le député du Loir-et-Cher, lisser les inégalités sociales entre les élèves en mettant fin à la "course aux marques", lutter contre le harcèlement scolaire et, surtout, contre le "communautarisme islamique" qui, selon les élus RN, gangrène de nombreux établissements. "C'est peut-être ce qui fait hurler les islamo-gauchistes", a commenté Julien Odoul (RN), qui a vilipendé les positions du ministre de l'Éducation, Pap Ndiaye, désigné comme le chantre du "wokisme", de "l'indigénisme" et du "racialisme".
Dans l'hémicycle, le groupe de Marine Le Pen n'a trouvé que peu d'écho. Seuls les députés Les Républicains, ainsi qu'Emmanuel Ménard (non-inscrite), ont publiquement soutenu l'initiative. L'uniforme aurait le mérite de "remettre les élèves sur un même pied" et de renforcer le "sentiment d'appartenance à une communauté", a estimé Maxime Minot (LR).
Les élus de la majorité présidentielle ont pour leur part douté de la véritable efficacité de la proposition du RN. "Il serait séduisant d'imaginer que nous allons régler avec un uniforme comme avec une baguette magique tous les maux réels ou supposés de l'école", a souligné Christophe Marion (Renaissance). Suppléant Pap Ndiaye, absent, le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester n'a pas écarté tous les bienfaits de l'uniforme à l'école. Mais il a lui aussi mis en garde contre les "solutions magiques", jugeant plus urgent de travailler à la réussite scolaire des élèves.
C'est de la gauche qu'est venue l'opposition la plus forte. Stigmatisation des musulmans et des femmes, coût supplémentaire pour les plus défavorisés, illustration du vide programmatique du RN en matière d'éducation, nostalgie d'une école révolue fleurant bon la IIIème République... Autant de critiques formulées par les élus de la Nupes. "Ce texte n'a aucune finalité sociale", a fustigé Paul Vannier (La France insoumise). L'article unique de la proposition de loi a finalement été supprimé par 105 voix contre 91.
Plutôt rare dans les médias, Brigitte Macron a indiqué dans une interview publiée par Le Parisien le 11 janvier, à la veille de l'examen de cette proposition de loi, qu'elle était "pour le port de l'uniforme à l'école". "J’ai porté l’uniforme comme élève : quinze ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l’ai bien vécu. Cela gomme les différences, on gagne du temps (...) le matin", a souligné la Première dame dans cet entretien.
Une sortie qui n'a pas manqué de faire réagir l'hémicycle. "Pour une fois, la lumière vient de l'Élysée", a ironisé Julien Odoul (RN). "Elle est libre de voter Le Pen, [...] mais elle n'a aucune légitimité démocratique pour s'immiscer dans le débat parlementaire", a grincé Paul Vannier (LFI), intronisant Brigitte Macron "nouvelle ministre de l'Éducation nationale". "Peut-être qu'elle a passé trop de temps avec Gérald Darmanin", a pour sa part lancé Louis Boyard (LFI).
Le véritable occupant de la rue de Grenelle avait quoi qu'il en soit fermé la porte à l'ouverture d'un tel débat dès la semaine dernière. "Je ne veux pas de loi à ce sujet. Imposer l’uniforme à tous les élèves, c’est non", avait déclaré Pap Ndiaye sur BFMTV.