Vice-présidence de l'Assemblée nationale : une élection à suspense pour remplacer Annie Genevard devenue ministre de l'Agriculture

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L'hémicycle de l'Assemblée nationale. LCP
L'hémicycle de l'Assemblée nationale. LCP
par Ludovic FAUElsa Mondin-Gava, le Mardi 22 octobre 2024 à 09:30, mis à jour le Mardi 22 octobre 2024 à 14:15

Un mois après la formation du gouvernement Barnier et la nomination de vingt députés au sein de son équipe, la valse des fonctions s'achèvera, ce mardi 22 octobre, à l'Assemblée nationale avec l'élection à la vice-présidence laissée vacante par Annie Genevard (Droite républicaine), devenue ministre de l'Agriculture. En proie à des tensions, le socle gouvernemental, s'il se divise, pourrait offrir la victoire à la gauche. L'élection aura lieu après la séance de Questions au gouvernement. 

C'est une fonction, stratégique et honorifique, qui compte à l'Assemblée nationale. L'une des six vice-présidences de l'institution, laissée vacante par Annie Genevard (Droite Républicaine) depuis sa nomination au gouvernement en tant que ministre de l'Agriculture le mois dernier, sera remise en jeu ce mardi 22 octobre, après la séance de Questions au gouvernement. 

En juillet dernier, la députée du Doubs avait été élue à cette fonction, en compagnie de cinq autres vice-présidents : Clémence Guetté (La France insoumise), Naïma Moutchou (Horizons), Nadège Abomangoli (La France insoumise), Xavier Breton (Droite républicaine) et Roland Lescure (Ensemble pour la République). Notamment appelés à suppléer Yaël Braun-Pivet à la présidence des séances, les titulaires d'une vice-présidence font, en outre, partie des vingt-deux membres du Bureau, la plus haute autorité collégiale du Palais-Bourbon. 

Logiquement, plusieurs candidats sont donc sur la ligne de départ. Et entre stratégies et grandes manœuvres, les groupes politiques multiplient les comptes et les décomptes. Car sans véritable majorité à l'Assemblée et alors que certains blocs font preuve de plus de cohésion que d'autres, l'élection pourrait se jouer à quelques voix près

Le socle gouvernemental divisé ?

Pour la Droite républicaine, c'est la députée de Haute-Savoie, Virginie Duby-Muller, qui tentera de succéder à Annie Genevard. En juillet dernier, celle-ci avait bénéficié de l'accord passé entre l'ex-majorité présidentielle et la droite dans le cadre des élections aux fonctions clés du Palais-Bourbon. Mais depuis, le climat s'est dégradé entre le groupe Ensemble pour la République, présidé par Gabriel Attal, et celui de la Droite républicaine, présidé par Laurent Wauquiez.

Malgré les divisions qui ont récemment abouti à l'élection d'Aurélie Trouvé (La France insoumise) à la présidence de la commission des affaires économiques, Gabriel Attal a, selon les informations de LCP, demandé à ses troupes de respecter l'accord politique conclu en juillet. Ce qui ne garantit pas, à ce stade, à Virginie Duby-Muller de faire le plein des voix du socle gouvernemental. D'autant que le vote a lieu à bulletin secret... Et que Les Démocrates, qui font partie de ce socle mais qui ne sont pas actuellement représentés au sein du Bureau, ont décidé, toujours selon nos informations, de présenter un candidat. Il s'agit du député du Calvados Christophe Blanchet.

De source parlementaire, le Nouveau Front populaire a, quant à lui, décidé d'aller uni à cette élection en présentant le député de l'Isère Jérémie Iordanoff (Ecologiste et social), qui pourrait bénéficier d'un manque de cohésion des groupes qui soutiennent le gouvernement. De son côté, le Rassemblement national aura comme candidat le député du Gard Yoann Gillet, tandis que le groupe Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires, présentera le député de Guadeloupe Olivier Serva

Une élection à un, deux, ou trois tours...

Au-delà de l'addition des voix potentielles que peut obtenir chaque candidat en se basant sur le nombre de députés du groupe ou du bloc censés le soutenir, l'élection à la vice-présidence dépendra aussi de la stratégie des groupes dans le cadre du mode de scrutin fixé par le règlement de l'Assemblée, avec la possibilité pour les candidats de se maintenir, ou de se retirer, au fil des scrutins. Car cette élection peut se jouer en un, deux ou trois tours

Pour être élu au premier ou au deuxième tour, un candidat doit obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés, tandis qu'au troisième tour la majorité relative suffit. A ce stade, c'est donc tout simplement le candidat arrivé en tête qui est élu. Et en cas d'égalité, c'est le plus âgé qui l'emporte. Une nouvelle fois dans une Assemblée nationale sans véritable majorité, l'élection à la vice-présidence qui aura lieu ce mardi après-midi pourrait aller au bout du suspense

(Avec Stéphanie Depierre)