Bruno Fuchs (Les Démocrates) à la tête de la commission des affaires étrangères, Frédéric Valletoux (Horizons) aux affaires sociales... Si les équilibres établis en juillet dernier pour les présidences de commissions à l'Assemblée nationale ont été préservés dans ces deux cas, il en est allé autrement aux affaires économiques. Bénéficiant de divisions entre La Droite républicaine et Ensemble pour la République, c'est Aurélie Trouvé (LFI), qui a été élue à la tête des affaires économiques.
Après d'intenses discussions ces derniers jours et trois tours de scrutin ce mercredi 9 octobre, les présidences des commissions laissées vacantes depuis le 21 septembre sont désormais pourvues. Les présidents de trois commissions permanentes, élus le 20 juillet dernier ayant quitté les bancs de l'Assemblée nationale pour rejoindre les rangs du gouvernement, de nouvelles élections ont eu lieu au sein des instances concernées, donnant lieu à une âpre bataille pour ces fonctions stratégiques.
Il s'agissait de remplacer le président de la commission des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (MoDem), nommé ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, le président de la commission des affaires économiques, Antoine Armand (Ensemble pour la République), nommé ministre de l’Economie, des Finances et de l'Industrie, ainsi que le président de la commission des affaires sociales, Paul Christophe (Horizons), nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l’Egalité entre les femmes et les hommes.
De nouvelles élections ont donc eu lieu, ce mercredi, pour les trois commissions concernées. La règle veut que le candidat élu émerge de deux tours à la majorité absolue, ou en cas d'échec, d'un tour supplémentaire lors duquel une majorité relative suffit pour être élu.
LCP en avait fait état ici, la commission des affaires économiques était depuis quelques jours l'objet de tractations, et même de tensions, entre le président d'Ensemble pour la République, Gabriel Attal, et celui de la Droite républicaine, Laurent Wauquiez. Le second estimait que la situation politique avait changé depuis l'accession de Michel Barnier à Matignon, et que son groupe, se revendiquant désormais de la majorité, était fondé à obtenir une présidence de commission, tandis que le premier considérait que les équilibres établis en juillet devaient être préservés, et que la présidence de la commission devait donc être conservée par son groupe.
Mais c'est finalement... Aurélie Trouvé (La France insoumise) qui a devancé, au troisième tour et à deux voix près, le candidat d'Ensemble pour la République, Stéphane Travert. Ayant respectivement recueilli 27 et 25 voix, ils avaient pour autres concurrents Frédéric Falcon, représentant le Rassemblement national (14 voix) et Julien Dive (apparenté Droite républicaine) qui, contrairement aux trois autres candidats, s'est retiré au troisième tour de scrutin.
Au final, la candidate du Nouveau Front populaire a notamment bénéficié du maintien du Rassemblement national et, selon nos informations, du vote blanc de la Droite républicaine à l'occasion de cet ultime tour de scrutin. "On a suivi les consignes, c'était la stratégie du chef", indique Julien Dive auprès de LCP. Et d'ajouter : "Personne d'Ensemble pour la République n'est venu nous voir, ils ne nous ont pas demandés de voter pour eux".
Michel Barnier a fait de part de "sa préoccupation concernant la solidarité des différentes entités du socle qui n'a pas été au rendez-vous", indique son entourage.
Dans un message aux députés de son groupe, Gabriel Attal a dénoncé l'attitude de la Droite républicaine. "Laurent Wauquiez a exigé que nous abandonnions la présidence de la commission des affaires économiques au profit de son groupe, menaçant de faire perdre nos candidats aux présidences de la délégation aux droits des femmes et de la commission des affaires européennes si nous n’obtempérions pas", a-t-il écrit. "Nous avons refusé de rentrer dans les pressions et combines d’appareil", poursuit le président du groupe EPR, établissant un lien de causalité entre ce refus et le fait qu'"aujourd’hui, le groupe de Laurent Wauquiez a fait le choix de favoriser l’élection de l’insoumise Aurélie Trouvé au détriment de Stéphane Travert".
Et le résultat de cette élection a fait réagir jusqu'à Matignon. Michel Barnier a indiqué "sa préoccupation concernant la solidarité des différentes entités du socle qui n'a finalement pas été au rendez-vous", a fait savoir son entourage. Ajoutant que le Premier ministre "continuera de travailler avec le gouvernement à la cohésion du socle commun à l'Assemblée nationale et au Sénat pour faire face aux enjeux du pays".
Pas de surprise en revanche à la présidence de la commission des affaires sociales, Frédéric Valletoux succédant à Paul Christophe, l'instance restant donc dans le giron du groupe Horizons. Etaient par ailleurs candidats Thomas Ménagé (Rassemblement national), qui s'est retiré aux troisième tour, ainsi que Jérôme Guedj (Socialistes et apparentés). Arthur Delaporte (Socialistes et apparentés), qui n'était pourtant pas candidat après l'avoir envisagé, a également recueilli des voix. Il est en effet possible de voter pour un député qui ne s'est pas déclaré lors des deux premiers tours de scrutin. Signe de dissensions au sein du Nouveau Front populaire. "Les Insoumis (et des écologistes) préfèrent voter blanc que pour moi au face à l’ancien ministre de la Santé (Horizons). Ma candidature portée par les socialistes était une “ligne rouge” pour eux", a déploré Jérôme Guedj sur X (ex-Twitter) à l'issue du troisième tour .
Bruno Fuchs (Les Démocrates) a, quant à lui, été élu à la présidence de la commission des affaires étrangères, succédant ainsi à Jean-Noël Barrot, également issu des rangs du MoDem. Devancé par Sabrina Sebaihi (Ecologiste et social) au deuxième tour, Bruno Fuchs a bénéficié du retrait du candidat de la Droite républicaine, Michel Herbillon, au troisième tour, tandis qu'Alexandra Masson était la candidate du Rassemblement national.