Présidences de commissions : la Droite Républicaine à l'assaut des affaires économiques

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Laurent Wauquiez à l'Assemblée nationale, le 10 juillet 2024
Laurent Wauquiez, nouveau président de "La droite républicaine" à l'Assemblée nationale, le 10 juillet 2024 - LCP
par Soizic BONVARLET, le Lundi 7 octobre 2024 à 18:37

Alors que les présidences des commissions permanentes laissées vacantes par l'entrée de députés au gouvernement seront remises en jeu ce mercredi 9 octobre, un bras de fer se joue en coulisse entre Gabriel Attal et Laurent Wauquiez. Ce dernier remet en cause les équilibres fixés en juillet, arguant de la place que son groupe a prise à l'Assemblée nationale depuis la nomination de Michel Barnier à Matignon.

Laurent Wauquiez est-il en mesure de remettre en cause les équilibres établis en juillet dernier pour la répartition des fonctions stratégiques à l'Assemblée nationale ? Le président des députés de la Droite républicaine (ex-LR), qui s'était initialement inscrit comme groupe d'opposition au Palais-Bourbon, semble en tout cas estimer que la nomination à Matignon de Michel Barnier, issu des Républicains, doit permettre à son groupe de peser davantage dans les instances du Palais-Bourbon. Et cela alors que trois des huit commissions permanentes de l'Assemblée éliront chacune leur nouveau président, ce mercredi 9 octobre, les députés qui occupaient ces postes étant entrés au gouvernement.

La Droite républicaine fait valoir une évolution de la donne politique

Les présidents de trois de ces commissions permanentes élus le 20 juillet dernier ont en effet quitté les bancs de la représentation nationale pour rejoindre l'équipe du Premier ministre. Le président de la commission des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (MoDem), a été nommé ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. Le président de la commission des affaires économiques, Antoine Armand (Ensemble pour la République), a été nommé ministre de l’Economie, des Finances et de l'Industrie, quand le président de la commission des affaires sociales, Paul Christophe (Horizons), est désormais ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l’Egalité entre les femmes et les hommes.

Des postes stratégiques pour lesquels de nouvelles élections sont donc prévues mercredi. Et c'est la présidence de la commission des affaires économiques, particulièrement convoitée, qui pourrait donner lieu à une âpre bataille entre le groupe de Laurent Wauquiez et le groupe Ensemble pour la République, présidé par Gabriel Attal.

Selon nos informations, le bras de fer a commencé mardi dernier, lors d'une réunion entre les forces du "socle commun", c'est-à-dire les présidents des groupe politiques qui affichent leur soutien plus ou moins inconditionnel à Michel Barnier, parmi lesquels Laurent Wauquiez et Gabriel Attal, ainsi que Laurent Marcangeli pour Horizons et Marc Fesneau pour Les Démocrates.

Laurent Wauquiez aurait alors fait part officiellement de son exigence, arguant que la situation politique, encore très incertaine lors de la répartition des postes-clés en juillet dernier, s'était clarifiée depuis, faisant de la Droite républicaine un acteur prépondérant du jeu législatif. Et de considérer qu'il doit en être tenu compte, alors que certaines présidences de commissions permanentes vont faire l'objet d'une nouvelle élection. Une requête à laquelle Gabriel Attal - dont le candidat pour les affaires économiques est Stéphane Travert (apparenté EPR) -, aurait opposé un non ferme.

"On espère réussir à leur faire entendre raison. Le risque, c’est que le NFP rafle tout, et ce sera leur responsabilité. Ils ont déjà Matignon et Beauvau, les deux plus gros postes [au gouvernement], et ils ne sont que 47 ! ", s’agace un cadre macroniste. Une crispation d'autant plus forte que, de sources concordantes, lors de la réunion en amont de la nomination du gouvernement entre le Premier ministre et les présidents de groupe, le 19 septembre, il aurait été convenu que les équilibres relatifs aux postes-clés à l'Assemblée ne seraient pas remis en cause.

Il semblerait cependant que la fin de non recevoir formulée par Gabriel Attal n'ait pas suffi à décourager Laurent Wauquiez, d'autant plus déterminé que son groupe n'est pas assuré à ce stade de pouvoir conserver la vice-présidence de l'Assemblée laissée vacante par l'entrée au gouvernement d'Annie Genevard, et qu'il ne dispose à ce jour d'aucune présidence de commission.

Les Démocrates et Horizons attentistes

Du côté des autres groupes de la coalition présidentielle - Les Démocrates de François Bayrou et Horizons d'Edouard Philippe - une forme d'attentisme semble de mise, comme pour ne pas se mêler outre mesure de la bataille en cours. D'autant que cette dernière ne devrait pas se concentrer sur la commission des affaires étrangères, acquise au MoDem depuis 2017 et désormais briguée par Bruno Fuchs (Les Démocrates), ni sur les affaires sociales, pour laquelle Fréderic Valletoux (Horizons) se porte candidat.

Le rapporteur général de la commission des affaires sociales Yannick Neuder, lui même membre du groupe conduit par Laurent Wauquiez, nous confiait il y a quelques jours son intention de ne pas remettre en cause l'épure dessinée précédemment, permettant à Horizons de conserver la présidence. Faute d'obtenir gain de cause sur la commission des affaires économiques, la Droite républicaine pourrait cependant présenter des candidats pour les deux autres commissions concernées par un renouvellement de présidence.

(Avec Stéphanie Depierre)